Soyons clairs ! Tous les voyants sont dans le rouge pour envisager une reprise du rugby amateur : une saison stoppée depuis la fin octobre, une interdiction de s’entraîner avec contact, un couvre feu abaissé à 18h, une situation sanitaire qui ne cesse de se dégrader, à l’image du moral de tous les présidents, entraîneurs et joueurs, et le spectre d’un nouveau confinement à cause de nouveaux variants venus du monde entier. La menace d’une saison blanche n’est plus fantôme. Patrick Buisson, vice-président en charge du rugby amateur à la FFR nous déclarait le 5 janvier dernier que tout serait fait pour l’éviter, mais « il arrivera en effet un moment où l’on ne pourra plus rentrer le nombre de matchs prévus dans le calendrier, en comptant des journées de repos. » Ce moment, comme un prétendu courrier envoyé aux clubs par la Fédération Français de Rugby, n’est pas encore arrivé. Et ce, même si chaque jour qui passe rapproche évidemment de la date fatidique : celle de l’annonce officielle, tant redoutée…
Nous avons recontacté le monsieur rugby amateur de la FFR pour faire un point deux semaines après notre dernier entretien, et surtout au lendemain de révélations realtives à une date butoir fixée à mi-février, par courrier, à l’ensemble des clubs français : « La situation sanitaire ne s’est pas améliorée malheureusement, c’est un fait. Nous ne sommes pas là pour raconter des histoires aux clubs, mais je peux vous affirmer qu’aucun courrier ne leur a été envoyé de la part de la FFR, pour évoquer une quelconque date butoir, comme cela a pu être relayé hier ! Une nouvelle saison blanche est possible oui, mais ce n’est pas ce sur quoi nous planchons. Nous étudions tous les cas possibles, en espérant jusqu’au bout, et tout en restant à l’écoute des recommandations de l’Etat. »
Alors si tout le monde a bien compris que la saison 2020-21 était bien mal embarquée, il est tout de même regrettable que la peur de la page blanche empiète sur celle de la saison blanche, et génère de fausses informations véhiculées par des médias et pages spécialistes du rugby, censés respecter certaines valeurs… à la lettre. D’autant que les réseaux sociaux s’en délectent plus que jamais pour les propager à grands renforts de partages. L’ambiance générale étant suffisamment anxiogène, il n’est sans doute pas utile d’évoquer un courrier fictif pour justifier et anticiper une finalité quasi certaine. Des « maux » pour le dire, qui ne laissent pas forcément une bonne… impression !
Bernard Laporte lui-même, que nous interrogions la semaine dernière, véhiculait un message positif en écartant la perspective d’une saison blanche. Ceci dit, son « Oui, mais » se passait de commentaires :« Nous devons nous plier aux décisions de l’Etat, avec des annonces probables autour du 20 janvier, qui nous donneront une idée plus précise de ce qui sera envisageable ou pas. On réfléchit encore à des solutions qui nous permettront de jouer, peut être avec un autre modèle. Mais je le répète, nous devrons nous plier aux recommandations et aux décisions de l’Etat, ce qui est tout à fait normal. » (voir l’interview complète : « On réfléchit à un autre modèle pour éviter une saison blanche »)
« Nous avons tous la même volonté et le même espoir »
Pour conforter les propos du président de la FFR, des Ligues ont déjà sorti des calendriers de reprise, avec des formules adaptées (voir celle de la Ligue Occitanie et de la Nouvelle Aquitaine notamment). Patrick Buisson ne cache pas non plus ce travail de l’ombre au sein de la FFR : « Nous avons organisé une visio conférence en début de semaine avec les clubs de fédérale, afin d’échanger avec eux. Tout le monde a la même volonté, le même espoir, de reprendre, mais il faut préparer ce retour à la compétition en tenant compte de tous les paramètres actuels et à venir, sportifs et sanitaires. Nous ne pouvons pas en dire plus pour le moment. »
Une prudence légitime tant l’évolution actuelle de la pandémie nous renvoie à ses débuts un an pratiquement jour pour jour. Pour rappel, la fin de la saison dernière avait été prononcée le 27 mars 2020, alors que les championnats, à l’inverse de cette année, n’avaient pas été interrompu. Chacun saura donc lire entre les lignes, de déclarations, de petites phrases et de courriers, même imaginaires, pour en tirer ses propres conclusions…