Vaste région qu’est l’Occitanie qui génère de lointains déplacements, comme celui de Souillac à Vabre, ce dimanche. Les nord lotois, qui jouaient contre Sidobre-Montagne XV (fusion entre Vabre et Brassac depuis 2019) ont ainsi parcouru les 220km aller en 3h40, et évidemment, autant au retour. Mais à un détail près : avec un passager en plus. On vous raconte…
C’est sur l’atypique terrain de Vabre, que le match de Régionale 2, rugueux, âpre, s’est déroulé. Les locaux s’y sont imposé difficilement 22-18, avant de trinquer à la victoire au bord du terrain. Un pot finalement partagé avec leurs adversaires du jour, tant l’ambiance était cordiale. A tel point que les Tarnais ont invité les Lotois dans leur vestiaire pour prolonger ce moment de convivialité. L’ambiance est montée d’un cran avec quelques chants ovales bien sentis, et repris en chœur par tous les acteurs du jour.
Ces instants de partage ont permis à tous de vivre un vrai bon moment de rugby amateur tel qu’on les aime, et de prouver que l’esprit rugby et ses valeurs sont toujours d’actualité. Et ce n’est pas Arthur qui nous contredira. L’ailier tarnais, s’est en effet lancé un pari que tout le monde s’est empressé de suivre avec un intérêt tout particulier, puisqu’il a joué à pile ou face, le fait de rentrer en bus avec les Souillagais, suivant de quel côté tombée la pièce. Pile, il montait dans le bus, face, il restait à la maison. Et que croyez-vous qu’il arriva ?
Et oui, la chance a tourné, et la pièce aussi, du côté pile. Arthur, en homme de parole qu’il est, a assumé. Il est monté dans le bus des Lotois, il était 18h30, à l’heure d’hiver, la nuit tombait. Le chauffeur, qui a dû rameuter les troupes à plusieurs reprises, en a été quitte pour 3h40 de route, toujours dans une très bonne ambiance. Le roi Arthur n’aura pas eu le temps d’apprécier la totalité du trajet car selon nos sources, il aurait connu une extinction des feux prématurée a mi-parcours.
Arrivée à Souillac, puis direction… Brive !
Arthur : tout d’abord, je tiens à dire que vivre ces moments de rugby, c’est génial. Car le match a été intense, rugueux, disputé. Et sitôt la fin sifflée, et une haie d’honneur partagée, on a vite senti qu’on était sur la même longueur d’ondes : celle de la convivialité. On a chanté ensemble dans le vestiaire, c’était vraiment top.
« On voulait prolonger, mais le chauffeur avait des impératifs, on ne l’a pas trop aidé (rires). Et puis, je suis parti avec eux oui, et c’était tout aussi sympa. On a débriefé le match, notamment avec leur arrière, qui m’a mis que des par-dessus, et m’a enrhumé toute l’après midi. Je crois même qu’il s’est essuyé les crampons sur moi, mais au final, on a bien discuté, découvert des points communs, et échangé nos polos dans le bus ! »
Arrivé vers minuit à Souillac, et donc à 220km de son domicile, Arthur a été hébergé par un joueur, qui habitait à…. Brive. Après une bonne pizza, il était temps de mettre « la viande dans le torchon », car le train qui partait de Corrèze, entrait en gare à 7h du matin !
Le match retour un samedi soir pour rester sur place ?
Après les aurevoir d’usage, voilà King Arthur en direction de Figeac, puis correspondance vers Saint-Sulpice-la-Pointe, avant de prendre un train pour Castres, où l’attendait un ami. Il nous explique :
« J’avais un impératif à respecter pour le lundi soir, sinon, je serais bien resté sur place pour filer un coup de main dans une exploitation, et pourquoi pas, faire l’entraînement du mercredi avec Souillac ! ». Il faut dire que le Tarnais de 25 ans a fait des études agricoles, et qu’il se sentait à son aise au milieu d’une équipe composée de plusieurs agriculteurs. Sans le savoir, les Lotois ont bien failli recruter un ailier de choc.
Et pour conclure, le moment pour nous de poser la question inévitable, celle du match retour, que l’on imagine aussi engagé pendant 80 minutes que festif et amical juste après. La réponse du héros du jour le confirme : « On a retrouvé l’esprit rugby dans ce qu’il a de plus sympa, donc on va tout faire pour le perpétuer au match retour. Comment ? Rien n’est certain bien sûr, mais peut-être en avançant le match au samedi. Qui sait, peut-être que l’on pourra faire la fête entre tous les joueurs, et cette fois, dormir sur place. »
Arthur gardera un excellent souvenir de ce périple de 1 500km aller-retour en bus, puis en train. Une sacrée performance qui l’inscrit de fait dans le panthéon des grands acteurs de cette saison de rugby amateur 2024-2025. Mais qui ne pouvait l’effrayer, lui qui a fait le chemin de Compostelle, soit 750km à pied, depuis le Puy-en-Velay jusqu’en Espagne. C’était l’an dernier entre septembre et novembre, avant de reprendre le rugby trois jours après. Et le Forrest Gump du Sidobre de conclure : « Fier d’être Montagnol ! » Vivement le match retour on vous le dit…
L’occasion pour nous de saluer Dorian, qui avait déjà réaliser cet « exploit » en 2022
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