Comme il le dit lui-même avec son accent provençal chantant, Jean-François Davide, actuel président du RCVRGP (Rugby Club La Valette – Le Revest – La Garde – Le Pradet), a plus de 50 ans d’histoire dans ce club qu’il a vu évoluer, comme joueur, entraîneur et donc, depuis 17 ans, comme président. La bagarre générale entre son équipe féminine et celle de Clermont-La Plaine, samedi soir dernier, n’a pas laissé insensible celui qui a toujours été au coeur de la mêlée sur et en dehors du rectangle vert. Nous l’avons sollicité pour qu’il s’exprime à ce sujet, et sur le fait que son club ne jouit pas de la meilleure des réputations dans l’hexagone. Les réponses sont transparentes et comme à son accoutumée, sans filtre…
Président, première question, simple : quel est votre sentiment sur cette bagarre de fin de match samedi dernier ?
Déjà, je ne porterai aucune accusation, pour la bonne et simple raison que je n’étais là au moment des faits. Je ne vais pas non plus m’étendre sur ce que l’on m’a rapporté, car j’imagine bien que chaque camp vous racontera une version radicalement différente. En revanche, je sais qu’il y avait un officier de police présent dans les tribunes, qui a tout vu et entendu. Il va témoigner et sa parole aura valeur. Ce que je peux vous dire aussi, c’est que trois de nos joueuses ont déposé une plainte à la gendarmerie. Une a le nez cassé, une autre a une entorse cervicale, et enfin, nous avons une joueuse qui a été frappée au sol. Ce que la vidéo montre bien.
La vidéo montre aussi et surtout deux équipes qui se battent…
Oui, et je vous remercie de me donner la parole car je veux souligner que les joueuses qui viennent se battre, en vert, ne sont pas des filles de la Valette, comme certains ont semblé le croire : ce sont bien nos couleurs, mais ce sont les joueuses de Clermont la Plaine que l’on voit. Ensuite, ce que je trouve minable, et je dis bien minable, c’est que cette vidéo provienne a priori d’une personne licenciée dans un club voisin, dont la rivalité instaurée entre les filles n’est un secret pour personne. Ce n’est fait que pour envenimer une situation déjà tendue, et pour défendre son tout petit pré carré.
Pour se battre, on a coutume de dire qu’il faut être deux. Nous ne sommes pas là pour incriminer l’une ou l’autre équipe, mais pour montrer des images qu’on ne voudrait pas voir, et vous non plus…
Vous avez raison, ces images me font beaucoup de peine. Mais je peux vous donner ma parole d’honneur que si j’apprends qu’une ou plusieurs de mes joueuses ont eu un comportement indigne et haineux, elles n’auront plus leur place dans notre club : elles seront virées ! Et ce serait la même sanction si des faits identiques se produisaient avec nos équipes masculines. De toute façon, tous les comportements haineux sont à bannir en général, ils n’ont pas leur place dans notre sport.
De nombreux commentaires rappellent qu’historiquement, des incidents à La Valette ne sont pas rares. Qu’avez-vous à répondre sur ce point ?
Nous sommes montrés du doigt oui, avec une certaine médisance à notre encontre. Je ne crois pas inutile de rappeler que notre club compte 600 licenciés, dont 100 féminines, sans oublier 30 gamins qui fréquentent l’école d’arbitrage. Notre club a sorti de grands noms du rugby français, comme Christophe Dominici, Eric Champ ou plus récemment Xaxier Chiocci. Notre section féminine existe depuis 21 ans, avec plusieurs titres de championnes de France à la clé. Notre club est résolument tourné vers l’avenir, la formation, avec des encadrants diplômés et un staff médical compétent dans toutes nos catégories. Il y a beaucoup de donneurs de leçons dans le rugby, ils devraient d’abord balayer devant leur porte d’abord.
La réputation de la Valette, comme un club « chaud », serait donc infondée selon vous ?
Disons que ça me fait rire d’entendre ou lire certains commentaires, idiots pour la plupart, sur La Seyne, Hyères, la Valette, ou même le Rugby Club Toulonnais. Notre région est une enclave du rugby dans le Sud Est, ça ne plait pas beaucoup sans doute. En 50 ans de rugby, j’ai connu des clubs chez qui il était impossible d’aller gagner, ailleurs que dans le Var. C’était ainsi, et ça le reste encore aujourd’hui. Chez nous, on a le verbe haut oui, il fait chaud oui, il y a un certain folklore aussi, mais là, on est plus dans le mythe. Des équipes ont gagné chez nous, sans qu’il n’y ait le moindre problème. Mais vous savez, à l’inverse, je pourrais dire qu’il y a des régions de France où on se complait dans la pleurnicherie, où l’on préfère regarder et critiquer les autres plutôt que de se concentrer sur soi. En fait, certains clubs manquent de panache.
« Le rugby féminin doit faire le ménage dans ses rangs »
En s’appuyant sur les « incidents » les plus récents, il y a eu Millau l’an dernier en séniors (voir article), il y a eu également une bagarre avec des coups assez graves en juniors en 2016 (voir article), cette fois, c’est une bagarre avec l’équipe féminine. Ajoutés à certains autres accroches dans le passé, vous pouvez comprendre que les gens puissent faire des raccourcis…
J’ai 52 ans de rugby dans mon club, 17 ans que je suis président, je crois que je suis légitime pour en parler. Le rugby est un sport de contact, de défi. Nous savons tous que parfois, il y a des mots, des gestes, qui font déraper un match. C’est arrivé, ça arrive et ça arrivera encore. On le voit au plus haut niveau, comme en bas. En revanche, il y a des limites à ne pas franchir. Quand on est dans le feu d’une action, on ne se contrôle pas toujours, et ça, ce n’est pas tolérable. Mais ce n’est pas propre à la Valette, je le redis avec force.
Nous avons choisi de montrer la vidéo de cette bagarre entre vos joueuses et celles de Clermont, avant tout pour interpeler, faire réagir, car l’image du rugby féminin n’en sort évidemment pas grandie. Vous pensez qu’il n’aurait pas fallu montrer cette vidéo ?
Vous n’êtes pas là pour juger, et moi non plus. Mais je pense que ce n’est pas inutile de l’avoir diffusée. Je suis le premier désolé quand je vois ces images, alors j’imagine à quel point cela peut choquer, affecter. Ce n’est pas beau pour l’image du rugby féminin oui, et du rugby en général. Ce n’est pas beau pour l’image de la femme aussi, pour toutes celles qui ont des valeurs et qui les défendent noblement. Oui, ces images ne sont pas belles, elles ont été vues par la France entière maintenant, et je les condamne fermement. Car au moment où je vous parle, j’ai quand même quelques certitudes sur l’origine de cette bagarre. Les gens qui sont en périphérie d’un match doivent alors être exemplaires. C’est pour cette raison que je félicite nos dirigeants qui sont venus s’interposer samedi lors de cette bagarre. Les dirigeants ont ce devoir d’apaiser, de séparer en cas d’extrême tension, ce que l’on voit bien sur la vidéo. Si j’avais été là, j’en aurais fait de même bien sûr. Mais ce n’est pas normal d’assister à ce genre de scènes. En fait, je pense que de montrer cette vidéo va aider, car je vais aller plus loin dans la confidence : le rugby féminin doit faire le ménage dans ses rangs !
C’est-à-dire ?
Il y a des comportements de filles qui sont déplorables. Je vois et j’entends des choses inacceptables, la Fédération doit se pencher sur ces problèmes. Le rugby féminin est jeune, il se développe bien, mais on veut qu’il se développe trop vite. Idem pour l’arbitrage féminin. C’est très bien, je l’encourage, car il y a des arbitres femmes plus que compétentes. Mais il y a certains matchs qui réclament plus d’expérience aussi, plus que deux ou trois ans d’ancienneté seulement, pour arbitrer des rencontres dont on sait que ce sera compliqué. J’ose espérer qu’on ne me traitera pas de macho, car je ne le suis pas du tout, même si je sais bien que ce n’est pas très tendance de critiquer ce qui touche au féminin. Je dis juste qu’il ne faut pas brûler certaines étapes, de formation, d’encadrement, de structure. C’est vital si l’on veut que le rugby féminin grandisse et soit pérenne.
Depuis samedi soir, avez-vous pris contact avec les dirigeants de Clermont-La Plaine ?
Non, aucun contact, car comme je vous l’ai dit, je n’étais pas là. On me raconterait une version contre une autre, ce n’est donc pas prioritaire. Mais nous le ferons très certainement oui.
On vous laisse la conclusion ou un message à faire passer…
J’ai pu m’exprimer et je vous en remercie déjà. Je rajouterai juste que dans le Var et à la Valette, on sort des médecins, des chanteurs, des écrivains, des peintres, comme partout en France. Il n’y a pas plus de cons ici qu’ailleurs. Je crois en l’homme, et en la femme. A nous dans le rugby d’écarter les cons, et de garder les gens bien. Une nuance tout de même vis à vis des minots, qui sont parfois livrés à eux-mêmes. Je donne la chance aux gamins, plusieurs fois même, car les clubs de rugby sont souvent le dernier rempart à la délinquance. Il faut leur tendre la main. C’est ce que nous faisons chez nous, et je sais que c’est le cas ailleurs aussi. Alors essayons d’appliquer les fameuses valeurs dont le rugby se glorifie depuis toujours. Retenons la leçon, toutes les leçons, y compris celle de samedi soir, et avançons, tous ensemble.
Nous précisions que nous avons échangé avec le club de Clermont la Plaine, mais n’a pas souhaité s’exprimer officiellement sur cette bagarre
Ce clubs est a bannir. Connaissance de cause j’ai failli y laisser la peau sur leur terrain et je ne suis pas le seul.Ils ont aucune morale sportive. Et cela dure depuis des décennies mais on ferme les yeux
Commencer par balayer devant la votre ,dans ce club c’est la culture de la méchanceté des actes de voyous. Vous citez Champ (ce n’est pas un modéle a mes yeux ) mais vous oubliez de parler des freres Fargette !!!!Ils sont morts en allant au confessionnal???