Huit équipes pour quatre places. Les huit qualifiés encore lice dans ces phases finales de Fédérale 1 version 2024, peuvent donc prétendre à une montée en Nationale 2. A la condition de le vouloir bien sûr. Car à l’image des deux dernières saisons et la création de cette nouvelle division, il y a ceux qui ambitionnent vraiment cette montée à l’étage supérieur, et ceux qui sont dans le questionnement, notamment pour des raisons budgétaires, et finissent par refuser (comme Mazamet ou Castelsarrasin) L’exemple de Langon, promu et champion l’an passé, tout comme cette saison, ressemble à l’exception qui confirme la règle. Quoique Genève pourrait bien vouloir imiter les Girondins. Tour d’horizon des forces en présence…
Mauléon – L’Isle Jourdain
Mauléon a fait plier Gruissan au retour (19-3) après s’être incliné (20-16) dans l’Aude. Même scénario pour l’Isle-Jourdain face à Tricastin. Au détail près que les Gersois sont passés encore plus de justesse, avec deux points d’écart seulement : défaite 23-20 à l’aller, victoire 18-13 au retour. Mais les voici désormais à 160 minutes d’une nouvelle montée.
Le Stade Marius Rodrigo, qui accueillera cette première manche, sera encore en folie pour pousser derrière des Souletins efficaces en défense, et réalistes grâce à leur buteur Florian Aguer. Des qualités fondamentales lors des phases finales. L’Isle-Jourdain est prévenu, mais peut compter aussi sur ses qualités qui ont fait des hommes de Paul Aygobère et Olivier Argentin, promus l’an passé, des premiers de poule (3) respectés. Le Stade Fernand Lapalu sera lui aussi en fusion pour le match retour.
L’Isle Jourdain, premier de poule avec 81 pts, (16 victoires pour 6 défaites), part avec un léger vent dans le dos, et surtout l’avantage non négligeable et vérifié, de recevoir au retour. Mauléon, 2ème de sa poule 4 derrière Nantes avec 75 pts, (14 victoires pour 8 défaites) a des arguments solides à faire valoir. Il faudra voler dans les plumes des poulets gersois dès ce dimanche pour espérer un retour favorable.
Mais l’USL n’est pas du genre à faire « le SAM » en journée, et ne laissera sous aucun prétexte le volant pour les mener dans le dernier carré. D’autant que les espoirs des deux équipes se sont rencontrés il y a 10 jours, et les Gersois avaient largement battu les Basques (38-9). Toutes les sources de motivation seront bonnes d’un côté comme de l’autre, mais ce qui est certain, c’est qu’à l’issue de ce combat de gros bras, se posera déjà la question d’accepter la montée ou pas. Mais chaque chose en son temps. Place au jeu…
Chartres – Orléans
Bien que battu 26-23 sur l’étang de Berre, Orléans n’a pas tremblé au retour en dominant le COB 45-9 au retour. Le leader de la poule 1 (94 pts, 18 victoires, 2 nuls, 2 défaites) a assumé son statut et ses envies d’ailleurs. Pour envisager la montée, il faudra en découdre avec un adversaire déjà croisé cette saison. Chartres (3ème avec 84 pts, 15 victoires, 2 nuls et 5 défaites), a écarté en effet Châteaurenard en 8ème, au forceps (victoire 21-13 à l’aller, et défaite 16-13 à « Chato »).
Autant dire que le club d’Eure-et-Loir est prévenu : il faudra faire une différence avant de se rendre à Orléans pour la deuxième manche décisive. Rappelons que leur dernière confrontation s’était soldée par un match nul.
Ce duel du Centre-Val de Loire assure malgré tout la présence d’une équipe de la région en Nationale 2. Les deux clubs semblent avoir les reins solides pour y parvenir. En cas de succès, Orléans sait depuis cette semaine que ses deux entraîneurs, David Penalva et Fernando Reche, en partance pour Hyères-Carqueiranne, ne seront plus sur le banc la saison prochaine.
Une annonce au timing étonnant, qui pourrait bien perturber les joueurs. Dont des rumeurs persistantes en enverraient quelques uns, suivre leurs entraîneurs dans le sud est. Les Chartrains, qui espéraient monter administrativement l’an passé suite à un désistement de dernière minute, sont au courant, et prévenus. Il faudra mettre le feu à Orléans, et éviter les plaquages… cathédrale !
Saint-Sulpice sur Lèze – Nantes
Au simple énoncé de cette confrontation, l’on pourrait parler du pot de fer contre le pot de terre. Mais l’histoire récente de ces deux clubs atténue cette vision précipitée. D’abord parce que le Stade Nantais, est en reconstruction après sa relégation administrative en 2020, pour raisons financières. Après avoir rêvé de Pro D2, le club endetté, entraîné à ce moment-là par Vincent Etcheto, avait chuté en Fédérale 3. La remontée en fédérale 2, s’était effectuée en partie « grâce » à la crise sanitaire.
Cette saison en revanche, les Eléphants ont montré sur le pré qu’ils avaient les moyens de leurs ambitions. Premiers de la poule 4, ils ont retrouvé Tyrosse (4ème) sur la route vers les quarts. Défaits dans les Landes 22-17, les coéquipiers du capitaine Georges Souvent ont fini par prendre le dessus sur des Tyrossais toujours coriaces (34-10). Avec l’appui de la municipalité qui a signé un long bail pour que le stade Pascal Laporte reste « propriété » du club de rugby, l’on comprend la projection et les ambitions à court et moyen terme des Nantais. Mais peut-on leur attribuer pour autant le statut de favoris ?
Car derrière son nom qui fleure bon la campagne du sud toulousain, Saint-Sulpice-sur-Lèze est aussi, et avant tout, un club historique, un bastion souvent imprenable, aux exploits multiples dans son antre incandescente de Gaston Sauret. Les rencontres épiques face à des cadors comme Albi, Blagnac ou Narbonne, restent dans toutes les mémoires. L’USSS ne se présente pas souvent comme un favori à un titre ou une montée, mais reste ambitieux. Pour preuve, cette montée dès l’année de la création de la Nationale 2, acquise de haute lutte sur le terrain, mais finalement refusée par peur de ne pas être au niveau… financier.
Le départ de Victor Labat à la tête des Vert et Rouge aurait pu laisser croire que le club rentrerait dans le rang de la Fédérale 1. Pensez-donc, au terme d’une saison encore une fois monstrueuse, « Saint-Sul » avec 16 victoires pour 6 défaites, a terminé 2ème de la poule 2, à une unité seulement du premier, l’Isle Jourdain, avec 80 pts. Soit le même nombre de points que… Nantes.
Saint-Sulpice qui retrouvait Mazamet sur sa route vers le grand 8 fédéral, après un choc au sommet en mars dernier, avait ramené le nul du Tarn (25-25) avant de s’imposer 34-18 au retour. « Franchement on ne va pas faire la fine bouche, on bat le demi-finaliste de l’an dernier, il ne faut pas l’oublier. On sort une performance certes pas la meilleure de la saison mais il faut savoir gagner ces matchs là, et on a su le faire. » nous confiait Stéphane Doussain.
Cette fois, il faudra recevoir en premier avant le long périple vers la préfecture de Loire-Atlantique. Mais la dernière de certains anciens de la Lèze devant leurs supporters suffit à imaginer l’étendue de la motivation locale. Franck Tébaldini, capitaine de l’USSS le confirmait au sortir de la qualif contre Mazamet : « Nantes est peut-être le plus gros morceau de la Fédérale 1, gros match en perspective ! On va jouer dimanche pour des joueurs emblématiques qui vont arrêter et tout particulièrement pour mon beau frère Ludo Caujolle qui ne pourra pas jouer dimanche son dernier match à Gaston Sauret car il sera suspendu à cause d’un carton reçu contre Mazamet. La motivation sera toute trouvée ! »
Pour le reste, si les budgets et les structures ne sont pas comparables, et permettent d’ores-et-déjà d’envisager qui est le plus armé pour monter, les forces en présence sur le terrain, promettent un joli bras de fer. Et Nantes n’a sûrement pas oublié sa déconvenue lors de sa demi-finale de Fédérale 2, contre… l’Isle-Jourdain en 2022.
Genève – Issoire
Issoire – Genève, c’est l’autre grand écart de ces quarts. Les Auvergnats, avec leurs valeurs et leurs couleurs violettes et noires, font figure de petit poucet, mais à y regarder de plus près, l’on se dit que « l’Issoire » est bien belle. Champion de France de Fédérale 2 en 2019, et promu en fédérale 1, nombreux étaient ceux qui ne donnaient pas longtemps à courir sur les pelouses de l’élite amateur de l’époque. Et pourtant, non content de s’y installer, le club, dont les espoirs sont devenus champions de France en 2023, sort d’un très solide exercice 2023-2024, assorti d’une première place de la poule 2 (77 pts, 13 victoires, 1 nul, 3 défaites).
Gaillac, son adversaire en 8ème, promu cette année, avait des ambitions et des arguments à faire valoir aussi. Vainqueurs à la maison (25-22), les Gaillacois ont fini par craquer 27-17 au retour. Notamment à cause d’une indiscipline chronique fatale (deux cartons rouges). Qu’importe, ce nouveau succès des Violets ne souffre d’aucune contestation malgré tout face au promu tarnais.
Les « petits » auvergnats rêvent-ils pour autant de Nationale 2 ? Pas sûr. A l’inverse des grands suisses qui vont se dresser devant eux dès ce weekend. Oui le Servette de Genève, 92 pts au compteur cette année en poule 1 (17 victoires, 5 défaites) est réglé comme des montres de son pays pour grimper d’un étage de plus. Le projet ovale remonte à 2014, avec un premier titre de champion de France de… 3ème série l’année suivante. Les montées s’enchaînent au rythme d’une par an pour atterrir en Fédérale 1 en 2022. Mais le premier accroc de l’histoire genevoise intervient il y a un an, avec une défaite contre le futur champion de France, Langon.
Ambitieux, mais pas prétentieux, comme le clamait Marc Bouchet, président du club à ce moment-là, le projet vers les hauts sommets rugbystiques hexagonaux ne sont que reportés. Cette année le prouve bien, même si la double confrontation contre Castelsarrasin (17-38 à l’aller, 39-31 au retour), n’a pas été un long fleuve tranquille. Autant d’éléments qui peuvent donner des idées à Issoire. Premiers éléments de réponse ce weekend en Suisse, avant un retour en Auvergne, en grenat et violet, et assurément haut en couleurs…