S’il nous arrive parfois de parler de leurs exploits sur le terrain, et ce, depuis des années (si, si, voici les preuves : Montans, maître des derbys tarnais, ou bien Montans-Brens, l’autre derby, et encore Montans, les rois des nuls), avouons que les joueurs de Montans sont plus souvent remarqués et présents dans nos rubriques décalées. Nous leur avions ainsi rendu un hommage appuyé en 2017 (Et pendant ce temps-là, Montans), tout comme l’an dernier où l’équipe s’était mobilisée, à sa façon, pour fêter le passage du Tour de France. Ce groupe de copains vit bien, vous l’avez compris, ils sont comme des frères (certains le sont vraiment d’ailleurs), et vivent le rugby d’en bas avec un plaisir rare et très communicatif. Aujourd’hui, c’est un certain PNF qui, anonymement, mais en exclusivité mondiale, nous a envoyé une petite annonce… aussi longue que décalée. Nous la diffusons dans son intégralité pour que, vous toutes et tous, fidèles lectrices et lecteurs, puissiez profiter de ces pépites que nous recevons parfois sur notre boîte mail. Mais ne vous y trompez pas, cette annonce est très sérieuse (sur le fonds), les Orange du Tarn vous ouvrent réellement leurs quartiers. Et si vous êtes intéressés, écrivez à RugbyAmateur, on fera suivre à l’ESMPC (l’Entente Sportive Montans Peyrole Cadalen). Le nom de ce club tarnais est déjà tout un programme, l’annonce ci-dessous, une véritable bande-annonce. Bon film !
« L’ESMPC recrute.
Tu viens de passer deux mois enfermé chez toi pendant lesquels ton couple a volé en éclat, la boite qui t’embauchait a coulé et ta grand mère est morte dans l’oubli le plus total au fin fond de son EHPAD, et tu penses que ta vie est pourrie…. Tu as raison ! Mais rassures toi, il y a pire, tu pourrais, en plus de ça, rouler en Dacia, collectionner les timbres et pratiquer le cyclisme en pensant que c’est un vrai sport.
Tu veux retrouver goût à la vie et lui donner un bon coup de boost ? Pousse la porte de L’Entente Sportive Montans Cadalen Peyrole, nous sommes là pour t’aider. La cotisation annuelle que tu nous verseras te permettra d’obtenir ta licence de Rugby 2021…2021 (et oui, ce n’est pas sûr que tu puisses jouer en 2020), tu pourras, ainsi, relancer ta carrière professionnelle. Non, pas rugbystique, celle là, tu peux l’oublier, comme beaucoup de jeunes d’ailleurs, qui pourront se réconforter en disant qu’ils auraient pu être pro mais qu’à cause du confinement dû au COVID, ils n’ont pas pu faire les sélections. Je parle de ta carrière professionnelle dans un vrai emploi, de cariste, de maquilleur d’indiens ou encore, d’employé municipal (il parait que c’est un métier). En plus de pouvoir faire le déballage de toutes tes expériences, tu pourras ajouter, en bas de ton CV, dans la fameuse ligne « divers, hobby, passe temps et loisirs » : Pratique le Rugby en clup (oui, parce qu’ici, on dit « cluPPP ») et si tu veux, tu pourras même dire que tu es le capitaine de l’équipe, ce qui t’offrira, d’office, un poste de manager.
En plus d’obtenir un travail, tu retrouveras une vie affective. En effet, bon nombre de joueurs sont en couple, et si ils ne sont pas forcément prêteurs, tu pourras toujours essayer de te servir à leur insu. Bien sur, ton choix sera également possible parmi les personnes du public, venues en nombre avec grands parents et animaux de compagnie, pour satisfaire tes désirs les plus fous.
En ce qui concerne les entraînements et les matchs, il te faut savoir que durant toute l’année, tu seras le petit nouveau et donc, un bizut à qui il arrivera les pires crasses. Tu n’auras plus qu’à espérer deux choses : Ne pas être le seul nouveau (charge à toi de faire venir tes copains, tes frères ou tes cousins) et que l’an prochain, il en arrive d’autres sinon, ça sera re-belote pour toi. Mais comme je suis sympa et pour que tu ne puisses pas dire que tu ne le savais pas, voici une petite sélection de certaines choses qui t’arriveront probablement un jour où l’autre :
Après un premier entraînement durant lequel, tu ne verras pas un ballon et alors que le soleil de fin de journée estivale cogne encore, viendra l’heure d’une douche bien méritée. Satisfait de ta prestation de footing où tu es arrivé avant dernier, juste avant un pilar de 145 kg, tu fileras vers les vestiaires, t’assoiras sur le banc pour ôter ton short de foot et ton t-shirt gagné chez point S pour l’achat de deux pneus avant de te diriger vers la douche commune dont l’épaisse brume t’empêchera de voir le mur du fond. Tu n’auras pas le temps de te demander pourquoi, alors qu’il fait 45° dehors (oui, comme le Ricard, mais on y viendra plus tard), les douches sont si chaudes, qu’apparaîtront 4 ou 5 mecs (des anciens comme on dit dans le milieu), qui te lorgneront de la tête aux pieds. Quand tu pensais que ta vie était merdique, je n’avais pas émis l’hypothèse de la prison, et bien, c’est chose faite, donc, tu vois, ça pourrait être vraiment pire. Mais ne te réjouis pas trop vite, car même si il ne t’arrivera rien, sauf si tu le souhaites fortement, tu seras scruté et il vaudrait mieux pour toi que tu sois généreusement doté afin d’avoir une place de choix dans la hiérarchie de l’équipe. Et sans chercher à te faire peur ou te décourager, la fourchette est large car elle s’étend du bouchon de liège à la trompe bien épaisse…
Après la douche, tu retrouveras le groupe autour d’un bon apéritif composé exclusivement de Ricard. Je dis « exclusivement » car même l’eau y est interdite, sauf sous forme de glaçons, mais c’est très mal vu d’en prendre et leur seule présence n’est en réalité qu’un test psychologique mis en place par le Maître spirituel… heu pardon, le président. Ce moment convivial passé, vers 1h00 du matin environ, nous passerons à table et tu apprécieras l’assiette de frites dont le goût n’a pas changé depuis 1989 (l’huile de la friteuse non plus d’ailleurs, c’est peut-être pour ça). Elles seront accompagnées de grillades préparées dans l’obscurité la plus totale, sûrement par soucis de préservation de cette recette unique qui leur confère cette cuisson si aléatoire. Malgré ça, tu auras passé une bonne soirée et il te tardera de revenir et de commencer la saison.
Mais ne vas pas si vite, tu sais très bien que même si il manque 6 joueurs sur la feuille, tant que tu n’as pas fait tes preuves, tu ne joueras pas. Et tes preuves, tu les feras un dimanche après-midi enneigé, en plein mois de février, chez les premiers de la poule, au fin fond de l’Ariège, lors d’un match retour annoncé âpre depuis la fin de la rencontre Aller, alors que tes coéquipiers, bizarrement absents pour le déplacement, avaient trouvé judicieux de déclencher générale sur générale pendant 80 minutes et de voler la partie sur un cadrage débordement passé par la touche, mais que l’arbitre « maison » avait oublié de signaler.
Alors, à 14h45, pendant que l’équipe adverse, qui s’est échauffée à huis clos sur un terrain annexe, pousse, dans le vestiaire voisin, des cris de guerres dignes des plus grandes tribus aborigènes, tu t’assoiras sur le banc, à la recherche d’un peu de chaleur que délivre le poêle à gaz. Le regard dans le vague, tu verras certains de tes coéquipiers du jour sniffer du Synthol, d’autres se taper la tête contre celle de son voisin pour se donner du courage et toi, tu penseras à un bon chocolat chaud pris sur ton canapé aux côtés de ta copine, devant « coup de foudre à Notting Hill » puis, tu reviendras à la raison et te souviendras qu’elle s’est barrée avec la télé et le canapé et que pour l’heure, tu es à 150 km de chez toi, qu’il fait -13°C dehors et que dans moins de 10 minutes, tu ne reconnaîtras plus ton nez. Tu te demanderas alors ce que tu fais là, (à force tu le sauras), et comme, il y a forcément pire ailleurs, tu te diras que tu pourrais aussi être dans un goulag en Sibérie. Mais rassure toi, ça va bien se passer…
Quelques semaines plus tard, les beaux jours reviendront, tout comme la moitié de l’équipe qui s’est trouvée multiples activités pour échapper à ce genre de match. A partir de là, tu ne joueras plus et si tu comptais faire les phases finales, tu pourras t’asseoir dessus, non pas pour les raisons que je viens de citer mais simplement parce que nous ne nous qualifierons pas… mais je ne t’en dirai pas plus, je ne voudrais pas te spoiler la fin de l’histoire. Il ne te reste plus qu’à nous rejoindre pour faire partie de cette formidable aventure et quoi qu’il arrive, sois sûr d’une chose: t’es le meilleur !