La première saison du RC Concarnois en Fédérale 3 s’est achevée par un maintien acquis in extremis lors de la dernière journée. Les Finistériens sont en effet sortis vainqueurs d’un ultime duel à distance avec le RC Grand-Champ. Devant leur public, les Concarnois ont renversé Bruz pour s’imposer 31 à 9, quand, dans le même temps, leur adversaire direct s’inclinait 27 à 15 face à l’AS Rouen Université Club. Un scénario cruel pour Grand-Champ, coiffé au poteau et donc relégué, mais riche en émotion pour le RC Concarnois, qui sort de la zone rouge au meilleur des moments. Le président du club, Loïc Tanneau, est revenu pour RugbyAmateur sur cette première saison de l’histoire du club en Fédérale 3, et surtout sur ce dénouement sensationnel… (Par Loulou, crédit photo Leila Stephan)
À la fin du match, les scènes de liesse du groupe concarnois, partagées avec les quelque 700 spectateurs venus assister à la rencontre, témoignaient de l’engouement grandissant du rugby breton. Quand la passion resserre les Hommes, déplace les foules et fait battre les cœurs à l’unisson, c’est qu’il est l’heure de l’affirmer : la Bretagne vit ballon ovale. Dans l’ombre du football, les poteaux de rugby ont doucement pris place dans le paysage local. Une évolution que Loïc Tanneau, le président du RC Concarnois depuis septembre 2000, a pu constater aux premières loges.
Depuis 24 ans, il est à la tête d’un club qu’il décrit comme familial et convivial. Si pour lui l’aspect sportif n’est pas une priorité, il était tout de même fier de la prouesse réalisée par son équipe. Pour la première saison de l’histoire du club en Fédérale, jamais il n’aurait pu imaginer un tel épilogue. Mal embarqués cet hiver, ses troupes ont su se galvaniser pour aller chercher un maintien sur le fil, lors de la dernière journée. D’autant que les Rouges et Noirs étaient menés 9 à 0 à la pause par Bruz. Retour sur cette saison et ce dernier dimanche, totalement foll (fou en Breton).
« La réussite du club dépend de la formation »
Comment s’est passée cette première saison en fédérale 3 ?
LT : “La saison s’est bien passée dans l’ensemble. Même si au début, j’avais vendu aux joueurs qu’on serait sûrement dans une poule avec les clubs des Pays de la Loire. Et finalement on s’est retrouvé avec les équipes Normandes, ce qui signifie des déplacements beaucoup plus longs. Je pense qu’avec Plabennec, on doit être les deux formations qui ont fait le plus de route cette saison en Fédérale 3. Lors de la rencontre à Rouen, les gars ont dû partir le samedi à 17h et dormir à l’hôtel pour pouvoir jouer le match le lendemain. Soit 7h de route aller.”
Le passage de la Régionale 1 à la Fédérale 3 est une grande marche, y a-t-il eu des changements durant l’intersaison pour se préparer à cette nouvelle division ?
“Malgré la montée, il n’y a pas eu de changement durant l’intersaison. On a gardé le même groupe et le même staff. On est un club familial, on essaye de former un maximum de jeunes pour qu’ils restent chez nous. Sur la grosse soixantaine de joueurs en senior, je dirais que 55 sont du crus et formés au club. Je suis sûr que l’on obtient le maintien grâce à cet aspect, le groupe joue ensemble depuis des années et ils se battent tous pour le maillot.”
Pourtant, à la mi-saison, la mission maintien était mal embarquée, le temps d’adaptation fut délicat ?
“On a été un peu timide durant la phase aller et on a pris un peu de retard au classement. On a perdu certains matchs par manque de réalisme. Mais on arrive à obtenir le maintien lors de la dernière journée et c’est finalement Grand-Champ qui descend. Ils avaient pourtant fait une belle première partie de saison, mais ils n’ont plus gagné un match depuis décembre (Grand-Champ). Les dynamiques se sont inversées et sur le dernier match, on arrive à passer devant.”
Lors de cette ultime journée, non seulement il fallait coûte que coûte s’imposer face à Bruz, mais il fallait également espérer une défaite de Grand-Champ…
“Pendant le match contre Bruz, plein de monde suivaient en direct le résultat de Grand-Champ, donc on savait qu’une défaite se profilait de leur côté. Rouen a joué le jeu donc tant mieux pour nous. En gagnant le match, on savait qu’on se maintenait. »
« Au RC Concarnois, c’est le côté convivial qui prime »
À la mi-temps, vos joueurs sont menés 9 à 0 par Bruz, le retournement de situation a rendu le scénario encore plus haletant.
“Ils ont joué avec le vent dans le dos en première mi-temps. Et leur buteur passait tout, même de loin (54 mètres selon un ailier devenu flanker à Bruz). Mais en deuxième mi-temps, ils n’ont plus vu le ballon et les gars sont allés chercher ce succès. Le public était au rendez-vous, il y avait entre 600 et 700 spectateurs pour pousser derrière eux. On a les installations pour recevoir du monde ici. Il y a toujours eu un bel engouement, au minimum, il y a 200 ou 300 personnes qui viennent au stade les jours de matchs.”
Un dénouement positif et des émotions fortes pour vous.
On a fait une belle fête, certains ont dû finir très tard. On était obligé de fermer le club et de leur dire d’aller en ville pour faire marcher les commerces concarnois (rire). Mais dans le club, il n’y a pas que le sportif qui compte, c’est surtout le côté convivial qui prime et de pouvoir se retrouver tous ensemble. Si on avait perdu ce match et qu’il aurait fallu redescendre en R1, ce n’était pas un problème pour nous.
Je sais que tout le groupe serait resté au club. Après, on s’était tout de même donné un maximum de chances pour obtenir ce maintien. La semaine précédente, le staff avait mis pas mal de joueurs cadres au repos à Auray, une grosse écurie de la poule (défaite 81-0).
Et la suite, quels sont les axes de développement au RC Concarnois ?
“La réussite du club dépend de la formation. On ne peut pas recruter ici alors on doit former. Il y a environ 160 enfants en école de rugby. On essaye aussi de développer le rugby féminin. En senior, on est obligé de faire une entente avec Quimper et Quimperlé pour avoir une équipe complète. Mais au sein de l’école de rugby, il y a 32 filles. En l’espace de 4 ans, trois jeunes formées au club ont eu une cape avec l’Équipe de France U18. Elles sont désormais au Stade Rennais, mais on est fière d’avoir pu former ces joueuses.”