Reportage : François-Xavier Branthomme, l'art de remettre l'église, et le rugby, au centre du village, à Montestruc-sur-Gers

Avec 5 succès en 6 rencontres, la jeune équipe du Montestruc Gers Rugby (Régionale 3 Occitanie, Poule 6), semble avoir retrouvé un supplément d’âme en ce début de saison. Ressuscitée l’an passé après 3 saisons au Purgatoire (mises en sommeil en 2019 , renaissance en 2020, puis nouvelle mise en sommeil en 2021) ainsi qu’un laborieux chemin de croix l’année précédente avec seulement 2 victoires au compteur, les Rouge et Noir peuvent compter cette saison sur un ange gardien particulier, en la personne de François-Xavier Branthomme, pus connu sous le nom de l’abbé « FX ». Une recrue tombée du ciel… (Par Valentin et David Campèse)

Chemin de foi d’un pasteur gascon

Originaire de Castelnau-d’Auzan au coeur de l’Armagnac, François-Xavier Branthomme grandit au sein d’une famille d’agriculteurs catholiques, et se place avant-dernier au sein d’une fratrie de… 9 enfants. Après avoir obtenu un BAC « S » au lycée Saint-Jean de Lectoure, « Zouille » comme il aime être surnommé, décroche un BTS Productions animales, très vite suivi d’une Licence technico-commerciale en agro-fournitures, avant d’exercer pendant 2 ans le métier de commercial. Objectif ? Reprendre à termes, l’exploitation ovine familiale. Toutes les conditions semblaient donc réunies pour que François-Xavier devienne un bon Berger, mais pas forcément celui que sa famille attendait.

Bien qu’épanoui dans son métier, c’est en 2016 que le jeune commercial va véritablement trouver son Chemin de Damas en renonçant à devenir « le seigneur des agneaux » pour embrasser le ministère presbytéral. Les réactions sont alors mitigées au sein du cercle familial : la joie des uns contraste avec la déception des autres, surtout du papa qui espérait voir son fils revenir s’installer sur l’exploitation afin de perpétuer l’héritage familial.

Mais rassurez-vous, l’entreprise se porte comme un charme depuis que le benjamin et le beau-frère l’ont reprise …. enfin presque. Le 6 octobre dernier, le cheptel s’est échappé de l’enclos pour venir paître sur le terrain de… rugby de Castelnau d’Auzan. Par chance aucune incidence sur la tenue de la rencontre dominicale, car l’équipe locale se déplaçait ce jour là à… Montestruc, la nouvelle équipe de l’abbé Branthomme. Un signe ?

En parlant de signe, c’est à l’âge de 12 ans, lors d’un camp scout, que FX reçoit l’appel du Seigneur à devenir prêtre. Cependant, cette vocation sera rejetée pendant presque 10 ans. Entré au séminaire à Toulouse en 2017, le jeune armagnacais poursuit ses études de théologie tout en accompagnant les prêtres des paroisses où il est inséré (Mirande, Nogaro puis Condom). A l’issue de sa formation qui dura pas moins de 7 ans, François-Xavier est ordonné prêtre à la cathédrale Sainte-Marie d’Auch le 9 juin 2024.

Agé de 31 ans, l’abbé Branthomme est le 2^e plus jeune prêtre du diocèse auscitain, juste devant l’abbé Bonaldo, vicaire de la paroisse de Fleurance à laquelle est rattachée le village de Montestruc. Et accessoirement, fervent amateur du rugby de clocher, qui ne manque pas une occasion de venir encourager les Rouge et Noir du MGR.

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Un esprit saint dans un corps sain

Nommé vicaire de la paroisse du Grand Auch, qui compte pas moins de 50 clochers, c’est une mission assez sportive qui attend notre jeune prêtre pour son baptême. Cependant « FX », sait allier sa foi avec sa passion du rugby. Car oui, malgré les préjugés, les deux peuvent tout à fait vivre en communion. Pratiquant le rugby depuis tout petit, « Zouille » n’abandonne pas sa passion après son entrée au séminaire. Lors de son insertion dans la paroisse de Condom, il franchit le pas et en 2021 signe pour 3 saisons à l’US Montréal. Joueur polyvalent, chaque dimanche il évolue aussi bien aux postes de 2^e et 3^e ligne que d’ouvreur ou centre.

De retour à Toulouse en semaine, il s’évertue à prêcher la bonne parole auprès de ses frères séminaristes, afin de les convertir à la pratique du ballon ovale, jusqu’à mettre sur pied une équipe de rugby au sein du séminaire, particulièrement acquis à la cause du ballon rond. Grâce à ses prédications sportives, certains intégrèrent même un club de rugby sur leur paroisse.

Remettre l’église, et le rugby, au centre du village

Une fois ordonné prêtre, la flamme rugbystique ne s’éteint pas malgré le poids de la charge pastorale. Nommé à Auch, son choix se porte sur un petit club familial et convivial de Régionale 3, alors en pleine reconstruction : le Montestruc Gers Rugby. Assidu aux entraînements, quitte à venir faire du physique en mocassins, comme en 3^e mi-temps, l’homme d’Eglise n’a pas mis longtemps à se faire accepter du groupe et des spectateurs quelque peu médusés par la vocation insolite de leur nouvelle recrue.

Signer dans un club de rugby était une volonté forte de l’abbé, qui y voit en cela une mission d’évangélisation pour aller librement à la rencontre d’un public différent de la messe dominicale. Dans un milieu où les piliers (d’église) ne sont pas légions. Quand il n’est pas sur le terrain, retenu par son sacerdoce, l’abbé s’assure de faire brûler un cierge et d’accompagner par ses prières, son équipe vers la victoire.

Pour conclure, les enseignements bibliques peuvent se révéler aussi utiles dans le ministère quotidien que sur les prés d’herbes fraîches où il est rare de se reposer le dimanche à 15 h. En effet, l’abbé Branthomme a bien retenu la leçon qu’il y avait plus de bonheur à donner qu’à recevoir. Surtout quand on cherche à atteindre la Terre Promise.