Nous avons évoqué dans nos colonnes plusieurs forfaits de début de saison. Comment les expliquez-vous ?
Pour prendre l’exemple de la région Midi-Pyrénées, à part les agglomérations de Toulouse, Albi et Montauban, il y a une baisse démographique. Le Gers c’est 180 000 habitants, le Lot aussi, je ne parle même pas de l’Ariège et les exemples sont nombreux. On vit sur une culture rugby dépassée, qui date de 50 ans. Peut-on avoir dans les Hautes-Pyrénées, plus de 30 clubs pour 220 000 habitants ? Dans notre programme, on souhaite autoriser des ententes ponctuelles, pour des clubs, proches géographiquement, qui sont en manque d’effectif. Car si un club s’arrête, il pourra repartir, mais ce sera très compliqué. Autant unir les forces, et être perfusé, aidé par un club voisin.
Certains clubs retirés, ne peuvent pas créer une entente…
C’est vrai, et cela n’a pas de sens d’en faire une entre deux villages distants de 80km. Donc il faut modifier les sanctions liées à un forfait général. Prenons le cas d’une épidémie de grippe, du brouillard sur la route, le bus ne peut pas partir à cause d’une panne, il manque un pilier sur un match, autant de raisons qui peuvent pousser à un forfait, puis deux, ou un troisième, et donc à un forfait général. Un club payera 25 licences, et laisser sur le carreau des gosses en plein milieu d’une saison ? Et c’est tout un club qui le paye, jusqu’en séniors en plus. Donc ce que je préconise, c’est qu’une équipe qui déclare forfait même cinq fois, elle ne jouera pas les premiers rôles, elle ne sera pas championne régionale et encore moins de France. Mais qu’elle continue à jouer quand même. On leur enlèvera des points certes, mais personne ne sera pénalisé. A l’inverse, une équipe sans forfait aura un bonus de 3 points par exemple. Valorisons plutôt que de sanctionner.
Le nouveau découpage administratif des régions va forcément modifier le paysage sportif et son organisation des compétitions. Que prévoyez-vous à ce sujet ?
C’est une question très intéressante qui mérite la plus grande clarté, et une réponse immédiate : nous sommes en retard ! Les instances ont décidé d’attendre fin 2017 pour trancher. Il y a en effet des emplois en jeu, des biens immobiliers, des choses qu’on ne peut pas faire disparaître d’un claquement de doigt. Il faut maintenir ces Comités, on en a besoin. Mais il faudra bien admettre qu’ils auront une existence fédérale. La reconnaissance du Comité Midi-Pyrénées n’existera plus demain avec la nouvelle région Occitanie, ce sera la loi. Il va falloir faire un redécoupage sportif cohérent, en respectant le découpage administratif. Tout en redonnant de la souplesse aux clubs pour qu’ils s’expriment aussi. Un club frontalier entre deux régions, doit pouvoir demander à jouer dans le championnat de sa préférence. Facilitons leur la vie. Montréjeau est rattaché administrativement à la Haute-Garonne, mais s’ils veulent jouer dans le championnat d’Armagnac-Bigorre parce qu’ils feront moins de kilomètres, on ne s’y opposera pas. On est plus dans un regroupement d’intérêts qu’autre chose, et ça ne peut pas passer. Aujourd’hui, il faut en venir à créer une Ligue, c’est incontournable, en conservant les comités départementaux pour des fonctions à définir ensemble.
Votre avis sur le rugby féminin et son essor ?
C’est une très bonne chose, et il ne faut pas l’empêcher. Une équipe de fédérale féminine, soyons clair, c’est un niveau troisième série chez les hommes. Alors dire, si vous n’avez pas de cadettes, vous ne pouvez pas jouer, c’est abérrant. Déjà qu’une équipe existe, avec 25 licences, je trouve ça beau, donc n’allons pas mettre des bâtons dans les roues de celles et ceux qui veulent développer le rugby féminin.
Et le Top 8 ?
On me dit que le Top 8 et les clubs qui le composent aspirent à devenir professionnels. Ok, mais il faut générer des entrées d’argent, des bénéfices dans ce cas. Et malgré tout le respect que j’ai pour cette compétition, et les équipes de ce niveau, elles ne remplissent pas assez les stades dans lesquels elles jouent. Alors aidons-les. Je suis un architecte du rugby, avant de vouloir construire des étages, il faut des bases solides. C’est ce qu’il faut pour le rugby féminin. La médiatisation se fait hésitante, mais c’est un début.
Justement, la médiatisation du rugby amateur est compliquée, par manque de moyens notamment. RugbyAmateur.fr est pourtant suivi par plus de 100 000 lecteurs uniques chaque moi. Votre avis sur la question nous intéresse forcément…
Pour être tout à fait franc, il y a certains médias que je ne lis plus parce que le rugby amateur y a disparu. Je peux comprendre que l’on préfère parler de l’équipe de France et du Top 14, c’est forcément plus vendeur. Mais j’entends des plaintes récurrentes disant que le rugby pro étouffe pour ne pas dire plus, le rugby amateur. Donc je me réjouis qu’un média comme le vôtre s’y consacre à 100% pour évoquer le quotidien de tous les clubs non professionnels. Qu’un média donne la parole à tous ces clubs, c’est fantastique. Alors il est clair que si RugbyAmateur.fr, que je lis par ailleurs, venait à se développer partout en France, j’en serais le premier ravi, le premier lecteur et un fervent supporter. J’espère avoir l’occasion d’en reparler concrètement en décembre avec vous.
Sur les 1900 clubs en France, les présidents des clubs amateurs sont évidemment majoritaires, ce sont des électeurs importants donc, pourquoi devraient-ils voter pour vous ?
Le rugby français est à un carrefour. Il y a une route qui mène à Pierre Camou et son projet de grand stade affolant. Il y en a une autre qui mène à Bernard Laporte, avec ce qu’il représente, dans le rugby professionnel, et une approche qui n’est pas forcément portée sur le rugby amateur. Le projet de Pierre Salviac, je ne le connais pas vraiment. Il ne m’appartient pas de juger qui que ce soit, et je me refuse de faire des commentaires sur les uns ou les autres. Donc, mon équipe et moi-même, je dirais qu’on se positionne dans un axe médian. On dit non au grand stade, mais oui à nos valeurs. Je dis aux présidents des clubs, que le 2 décembre, ils se prennent par la main, qu’ils aient le courage de vouloir le changement, grâce à leurs voix. Qu’ils viennent donc à Paris pour voter eux-même. Que ce soit pour Camou, Laporte, Salviac ou Doucet, peu importe, mais qu’ils viennent, qu’ils ne donnent pas à d’autres le pouvoir de voter pour eux, car le système actuel est aussi opaque que vicieux. On va mettre en place, à l’image des taxis de la Marne, des moyens de locomotion pour que chacun puisse venir à Paris, je crois que Bernard Laporte a pensé à mettre des bus en place, c’est bien aussi. Donc, si je vois 2000 personnes voter le 3 décembre à Marcoussis, j’en serai le premier satisfait, même si je suis battu. Car au moins, j’aurais une bonne idée des gens qui défendent notre sport dans leur club. Je le dis et je le répète : l’avenir du rugby nous appartient !
bonjour a tous,
on sent que ce Monsieur connait son sujet, et il me semble qu’il est bien plus concret que les
CAMOU et LAPORTE qui ne pensent que TV, Paris, et clubs Pro.
La base du rugby, c’est le rugby amateur, et il souffre.
je vois dans mon club, au bureau directeur, on souffre des contraintes reglementaires chaque année plus lourdes, des subventions qui baissent, des championnats faussés (joueurs M16/18 du championnat A qui jouent en championnat B, une honte), de la championnite en EDR, qui prend le pas sur le plaisir et la formation.
bref, les BENEVOLES sont usés, car on reste des bénévoles.
La fédé, les comités l’oublient trop souvent.
j’espere que Mr DOUCET sera élu, pour que les choses changent dans le sens du rugby amateur.