Il a connu le rugby sur le tard, mais il a rattrapé le temps perdu. Il faut dire que Stéphane avait un nom prédestiné pour jouer au rugby. De la 4ème série à la fédérale 3, le pilier (ou seconde ligne) de 25 ans s’est même offert le luxe de jouer pour son pays d’origine : la Côte d’Ivoire. A quelques heures de la rencontre de préparation qui aura lieu ce samedi à 16h, au Stade Ernest-Dufer (terrain du FCTT), face au Sénégal, Stéphane évoque avec nous son parcours, sa passion pour le rugby et la sélection. (par Jonah Lomu)
Stéphane, comment as-tu découvert le rugby ?
Assez tard en fait, puisque j’avais 17 ans. J’étais interne à Luchon, et je l’ai découvert comme ça, en parallèle des études. Ce sport m’a plu tout de suite, j’ai vraiment accroché.
Et tu as commencé en club rapidement ?
Je suis parti à Saint-Affrique pour ma formation et j’ai dû mettre le rugby de côté. Quand je suis revenu sur Toulouse, mon beau frère jouait à Aussonne, il m’a convaincu de le rejoindre. Le club se relançait, j’ai dit oui pourquoi pas. J’ai donc connu la 4ème série, deux montées successives et deux quarts de finale. De bons moments, mais j’ai eu envie de découvrir autre chose. Des amis jouaient à La Salvetat, en Honneur. C’était un beau challenge pour moi, car le niveau était bien différent. Coach Marcet m’a beaucoup appris, au niveau du mental notamment. Là aussi, on a réalisé deux belles saisons, avec deux quarts de finale. Et puis, je suis arrivé l’an dernier à Rieumes.
Passé de la 4ème série à la fédérale 3 en 5 ans, c’est un beau parcours…
A Rieumes, j’ai le soutien de tous, on est bien encadrés. C’est un club dans lequel je me sens à l’aise. Les coachs sont contents de mes performances. Stéphane Bohn a de l’expérience, il nous apporte beaucoup, à chacun. Je sens bien que je progresse.
Parlons de la sélection Ivorienne, comment est arrivée la première sélection ?
Très simplement. Avec Eric Floch et Christian Lacassagne, mes copains avec qui je jouais à la Salvetat, on s’est rendu compte en discutant, qu’on était originaire du même pays. On s’est dit qu’on pourrait prendre contact avec la sélection, qui nous a répondue favorablement pour passer des tests. On a fait deux matchs de préparation, et voilà comment tout a commencé.
Raconte-nous ton expérience en Coupe d’Afrique des nations l’année dernière
C’était une expérience unique. Même si ce n’était pas simple de partir un mois, loin de ma famille, de mes deux petites filles. On s’est préparé pendant quinze jours au pays. Puis on est parti en Tunisie pour disputer la compétition. On perd en finale contre la Tunisie justement. C’était la première fois que j’allais dans mon pays d’origine. Une grande émotion. J’ai retrouvé la culture de mon père, qui est un Ivorien pur et dur (rires). La nourriture, la vie, la religion aussi, très importante, l’accueil des gens. C’est très fort, quand on ne le vit pas, c’est dur de l’expliquer, même à ma femme (rires). On sentait le soutien de la population, c’est une grande fierté. Chanter l’hymne m’a arraché des larmes. Comme mon père, que je n’avais jamais vu pleurer avant. Maintenant, il pleure à chaque fois que je joue.
Le match de samedi est une étape importante avant la Coupe d’Afrique
Oui d’autant plus que le groupe est composé de nouveaux joueurs. Il faut apprendre à se connaître, à mettre en place un système de jeu. Derrière notre capitaine Serge Jouve (3ème ligne à Blagnac), il faut continuer à progresser. Nous avons du potentiel. En Côte d’Ivoire, les gars sont massifs et n’ont pas peur du combat. Les Ivoriens de France non plus, mais on nous inculque des systèmes de jeu différents. Au final, c’est un beau mélange, très complémentaire.
Jusqu’où aimerais-tu aller avec cette sélection ?
Le plus loin possible bien sûr. Les anciens qui ont participé à la Coupe du Monde 95 nous suivent de près, et nous racontent leur expérience. On a envie de vivre ces émotions là aussi, alors pourquoi ne pas viser une qualification pour la coupe du Monde 2019. Le potentiel est là. Avec un bagage technique supérieur, il y a beaucoup de joueurs qui pourraient faire le bonheur de clubs français, c’est certain. A l’image d’Evrard, qui joue maintenant à Carcassonne.
A quel genre de match faut-il s’attendre à voir samedi ?
Il faut s’attendre à de l’imprévu, c’est ça l’Afrique (rires). Et je suis à l’image de mon pays. On va déjà se retrouver pour des entraînements et faire la meilleure performance possible. Je le répète, c’est une grande fierté de représenter ses origines, sa nation. Malgré les problèmes que le pays a pu connaître, il faut s’accrocher. Il y a des dirigeants qui s’investissent pour cette sélection, il y a une âme. On nous aide de toutes les façons possibles, et toute aide reste la bienvenue. Pour que cette aventure puisse continuer.