Il y a des petites histoires dans la grande, toujours. Dans le rugby plus qu’ailleurs (ben tiens, on va se gêner pour faire preuve de chauvinisme sur RugbyAmateur !). Tenez, prenez l’exemple de Capdenac-Gare, commune aveyronnaise de 5 000 habitants, qui doit son nom, dès 1859, à… sa gare bien sûr. Mais surtout à sa rotonde ou son étoile ferroviaire, comme vous préférez, qui permettait aux nombreux voyageurs de prendre la direction de Toulouse, Rodez, Brive (grâce à un pont métallique signé d’un certain Gustave Eiffel), Aurillac, et même de Cahors. La gare s’est développée, et le village avec, en accueillant chaque année de nouveaux arrivants. L’un d’eux, M. Raynal, devient le gérant du Buffet de… la Gare, endroit où les estomacs se remplissent à vitesse grand V. Il faut dire que son chef cuisto, un certain M. Roquelaure, maîtrisait les fourneaux comme personne. Bien avant l’avènement d’internet, la renommée du lieu a dépassé les frontières de la vallée du Lot. Capdenac-Gare devenait le point de départ de la création de l’entreprise de conserves alimentaires Raynal et Roquelaure, que chacun de nous a ouvert une fois dans sa vie. Et le rugby dans tout ça ? Toute une histoire aussi ! On vous raconte… (par Jonah Lomu)
Le ballon ovale rebondit depuis plus de cent ans dans le village. Favorablement dans les années 70, en jouant en 3ème division de l’époque, en ayant une génération cadets en or, vice-championne de France, défaite par Perpignan. Capricieusement aussi, en étant tour à tour affilié aux Comités de l’Auvergne, du Limousin, et plus récemment (en 2013) en Midi-Pyrénées. Privilège d’une situation géographique centrale, mais bancale.
Le club, alors en Honneur Limousin, prend le train midi-pyrénéen pleine face, l’écart de niveau étant trop important. La descente en promotion est inévitable, celle en 1ère série aussi. En 2017, le CCAC se retrouve à la croisée des chemins… de faire. Et pas assez de joueurs pour avoir une équipe réserve. L’histoire aurait pu s’arrêter là… mais le groupe vit bien (voir article sur le stage de début de saison 2017-18).
L’entrée en gare de nouveaux présidents (Jean-Marc Dellac, Gaëtan Héliès et Ludovic Bruel) coïncidera avec le renouveau des Noir et Bleu. Accompagnés de dirigeants bénévoles investis, ces hommes seront les locomotives qui vont tracter de nouvelles ambitions. Celles de pouvoir aligner deux équipes séniors en 2018 déjà. La réserve se qualifiera, la Une échouera de peu, mais remportera la Coupe des Pyrénées. Pas si anecdotique que cela.
La machine s’est remise en route. Jérôme Grémaux, fer de lance comme joueur, puis entraîneur chez le grand voisin, à Decazeville, club dans lequel il a passé 20 ans, débarque comme Chef de gare pour entraîner un groupe en reconstruction. Épaulé par Philippe Bouchaud, le duo d’entraîneur obtient des résultats très encourageants dès le début de la saison dernière. L’équipe s’installe durablement en haut du classement. « Les joueurs ont été formidables » avoue fièrement Jérôme Grémaux, qui ne tarit pas d’éloges sur son groupe : « le club revient de loin, il aurait pu couler, cette victoire en Coupe il y a deux ans, a été un élément fondateur pour repartir sur de nouvelles bases, pour recruter des nouveaux joueurs. Cette saison, ils ont été à l’écoute, ont bossé dur, et même à 45 joueurs seulement, la Une et la réserve ont fait front, et obtenu des résultats magnifiques ! »
« Ceux qui nous connaissent, savent que nous sommes compétiteurs, et que nous voudrons toujours faire mieux, tout en prenant du plaisir, car c’est essentiel à ce niveau. »
Et comment ! Une deuxième place pour l’équipe fanion (13 victoires, un nul, 3 défaites), synonyme de montée en promotion honneur, et une équipe réserve qualifiée. Jérôme Grémaux se dit admiratif de ses joueurs. Lui qui n’est pas un expansif, qui fonctionne à l’humain, se sent encore plus proche de son groupe. Pour la prochaine saison, il a donc souhaité s’entourer d’hommes de valeurs, chez qui il se retrouve pleinement. A commencer par Pascal Pegourié, inoxydable troisième ligne musculeux : « On a ferraillé ensemble à « Decaze », on se connaît bien, il va apporter de l’expérience dans un groupe qui en manque un peu. Et puis, il va s’occuper de la préparation physique. Et connaissant le bonhomme, les joueurs seront en grande forme (rires) ! ». Et puis un autre Jérôme, Richard, a donné son accord pour renforcer ce solide staff. Ce dernier est enthousiaste visiblement : « Je suis impatient de regoûter au plaisir d’être sur un terrain, avec des joueurs, prendre du plaisir, et relever ce challenge qui s’annonce aussi intéressant que difficile ».
Jérôme Gremaux, sans filtre, est manifestement ravi lui aussi : « J’étais à la recherche d’un entraîneur expérimenté, capable d’apporter un autre souffle, un autre discours, une autre vision aussi. Ce sera notre première entre nous, mais je suis très confiant. » Et quand on évoque les objectifs du prochain exercice, l’humilité et la sagesse font bon ménage au moment de répondre : « On progresse, mais le niveau aussi, ce sera compliqué, c’est certain. On a un effectif qualitatif à défaut d’être quantitatif, qui sera composé à 98% des mêmes joueurs, le 2% correspond à deux joueurs qui arrêtent. Pour le recrutement, on fait marcher le réseau, on passe des coups de fil. On espère que des jeunes viendront nous rejoindre. Ceux qui nous connaissent, savent que nous sommes compétiteurs, et que nous voudrons toujours faire mieux, tout en prenant du plaisir, car c’est essentiel à ce niveau. »
L’histoire est belle. On vous l’avait bien dit. Une petite histoire en… train de s’écrire à nouveau, pour enrichir la grande. Tiens, vous apprendrez ainsi qu’en 1899, de par l’afflux de nouveaux arrivants, passagers en transit ou durables, l’église locale a été agrandi pour accueillir tout ce beau monde. Elle s’appelle encore aujourd’hui : Notre Dame des voyageurs. Ceux qui veulent prendre le train du CCAC en marche, qui siffle trois fois le dimanche à 15h00, sont aussi les bienvenus bien sûr. Personne ne restera à quai…