Le tragique accident survenu lors de la rencontre Lannemezan-Bagnères a soulevé une vague d’émotion mais aussi de solidarité envers Alexandre Barozzi comme seul le rugby peut en témoigner. La mobilisation des acteurs du rugby ne s’arrête pas là car depuis plusieurs années maintenant, dans le sillage de la FFR, une véritable réflexion s’est amorcée pour comprendre, analyser et prévenir ces problèmes. Thierry Savio, membre de l’ « Académie des premières lignes » a bien voulu revenir sur cette évolution et les améliorations portées depuis plusieurs saisons maintenant. Vers la fin des années 2000, les observateurs et spécialistes ont mis en lumière le fossé qu’il y avait en France pour le renouvellement des postes si particuliers de la première ligne. Car derrière les Mas, Marconnet, Servat, la nouvelle génération peinait à s’imposer malgré d’excellents résultats en catégories de jeunes. Thierry Savio avance une explication : « La Fédération et leur assureur, la GMF, ont pensé utile, pour optimiser la prévention, d’imposer des mesures consistant à interdire dans les catégories de jeunes la poussée en mêlée. Cette règle, édictée au détriment de la performance, n’a fait que repousser le problème. » C’est ainsi que de jeunes piliers ou talonneurs furent parachutés au haut niveau sans expérience de cette phase de jeu fondamentale du rugby. Savio cite en exemple Julian Fiorini : « Il a été pendant 10 ans chez les jeunes littéralement au-dessus du lot et promis à un avenir radieux mais s’est retrouvé chez les pros sans n’avoir jamais poussé une seule mêlée, le fossé étant trop grand ensuite à combler. »