Sur les 5000 habitants de Saverdun, combien jouent ou ont joué pour l’Union Athlétique Saverdunoise ? Réponse : Beaucoup ! Si la réponse est certes peu précise, nous pouvons tout de même affirmer que dimanche dernier, pour la traditionnelle dernière à domicile, et pour son grand repas printanier, l’UAS a réuni plus de 700 personnes, jeunes, anciens, connus ou pas, tous passionnés et impliqués au sein du club de la basse Ariège. Il y avait encore plus de monde pour aller ensuite au Stade Paul Fines, assister aux nouveaux exploits des Rouge et Noir. Quand le rugby relie les gens entre eux, depuis des générations, et que la relève est assurée, c’est la vie de tout un village qui se porte bien. Reportage… (par Jonah Lomu)
Le rugby à Saverdun, c’est toute une histoire. Et quelle histoire, plus que centenaire, dont les premières passes remonteraient à 1908. Ancien joueur de l’entre deux guerres, Paul Fines en a fondé l’école de rugby avant d’en devenir le président après la libération. L’ex trois quart centre a été aussi à l’initiative de la création du terrain de rugby. Rien d’étonnant à ce que le stade porte ainsi le nom de cet illustre pionnier des Rouge et Noir.
La transmission, passage obligé bien sûr, et de témoins aussi, entre glorieux anciens, connus internationalement comme le pilier du siècle Aldo Quaglio, ou encore le recordman de sélections en équipe de France, Fabien Pelous. Ce dernier était d’ailleurs présent à ce gargantuesque repas d’avant match : « parce que c’est mon premier club, et que j’ai toujours plaisir à y revenir » s’exclame avec un large sourire l’ancien deuxième ligne qui aura commencé et terminé le rugby sous des couleurs rouges et noires.
Convivialité, hommages et remerciements…
Des couleurs portées haut par Jacques Miquel, ancien président, véritable monument local, et plus encore, personnage au grand coeur, qui l’a malheureusement lâché en juin 2023. Après une intense minute d’applaudissements, cette journée lui était également dédiée.
Pierre Sieurac, qui va raccrocher le crampons à la fin de cette saison, marche assurément sur les pas de ses illustres prédécesseurs. Exemplaire sur un terrain, le jeune co-président l’est aussi en dehors, le genre de bonhomme dont tous les clubs rêvent. Impliqué à tous les niveaux. Le troisième ligne a contribué largement à ce que cette journée soit réussie, tout comme le reste de la saison, où chaque voyage de fin d’année reste une aventure inoubliable.
Les bénévoles, les cadets et les juniors étaient mobilisés pour servir les 700 convives, parmi lesquels se mêlaient supporters, partenaires, et anciens du club. Eric Mercadier, entré dans la postérité pour ses discours endiablés d’avant match durant cinq belles saisons en fédérale 2, était présent. Frédéric Dedieu, président du Comité de l’Ariège aussi.
Et en invité très spécial pour couronner le tout, le président de la Fédération Française de Rugby, en personne, a fait le déplacement en basse Ariège. Florian Grill, en tournée occitane durant ce weekend, clamera toute son admiration pour l’UAS : « Dès mon arrivée ici, j’ai senti une véritable passion pour le rugby, avec des gens passionnés. C’est l’essence même de ce que le rugby amateur peut et doit représenter. Réunir les gens, les rassembler. Dans une période de division et de tension, je crois plus que jamais que le rugby joue un rôle essentiel dans un village, dans un canton. Saverdun le démontre plus que jamais aujourd’hui, et depuis toujours. »
Après l’apéro d’usage, rendu encore plus convivial par diverses animations, les plats sortent à une allure effrénée des cuisines, froids ou chauds. Ils sont posés sur de longues tables magnifiquement décorées sur lesquelles sont posés des flyers rappelant le respect et la bonne conduite à adopter envers les arbitres. Y trônent aussi des trophées au nom des partenaires. Personne n’est oublié, tout le monde a le sourire. C’est un dimanche pas comme les autres évidemment, mais l’on se dit tout de même que Saverdun a décidément l’art de banaliser l’exceptionnel.
« Sans doute la plus belle journée depuis que nous sommes au club… »
Un peu comme les performances sportives. Les deux équipes de l’UAS victorieuses, confortaient ainsi leurs premières places à l’issue de la saison régulière. Et ce, pour la deuxième fois d’affilée. Tout sauf normal, et pourtant, chacun était conscient qu’il n’était qu’un rouage, certes essentiel, à la belle mécanique saverdunoise.
Après la douche, Kenjy Kaune, qui disputait son dernier match à Paul Fines, était également honoré. Lui qui avait quitté sa Nouvelle Calédonie natale et sa famille il y a plus de 12 ans déjà, avait trouvé en Ariège, une autre famille. Et c’est en présence de Yanita, sa maman, venue exprès depuis l’autre bout du monde, pour assister à ce moment particulier, que le joueur-éducateur, a pris le micro pour saluer à son tour ce club refuge si cher à son coeur.
Des sourires, de l’émotion, des chansons, de l’ambiance, plus de 20% de la population locale présente, le rugby à Saverdun reste indiscutablement incroyable de vie, et exemplaire de comportement. Pierre Sieurac résumera ainsi ce dimanche 7 avril, historique à bien des égards : « Des bénévoles exceptionnels, exemplaires, comme les joueurs. C’était sans doute la plus belle journée depuis que nous sommes au club. » En attendant la prochaine bien sûr. Longue vie à l’UAS, exemplaire lui aussi dans ce que le rugby représente de plus beau au sein d’un village, et au-delà…
Solidarité : Saverdun au soutien de Dorian, le jeune et fidèle supporter de l’UAS