Reportage – Le nouveau virage du Rugby Club du Mans
Le Rugby Club du Mans a vécu un dernier exercice difficile en Fédérale 3. Avec un effectif amoindri par les blessures et un enchaînement de courtes défaites, les Manceaux n’ont pu éviter la relégation en Régionale 1. Cette descente permet toutefois au RCM de rebâtir un socle solide et de poursuivre sereinement les efforts fournis au sein du club. Mise en lumière du « projet club » du RC Mans avec deux des principaux protagonistes : le président Rémy Parisseaux, et le nouveau manager Yann Boulahia… (par Loulou, ©photos RCM)
Arrivé cet été en provenance de Fontenay-Le-Comte, Yann Boulahia est le nouveau manager et entraîneur sénior du Mans : “Le projet m’a très vite convaincu, j’ai eu un vrai coup de foudre pour le RCM.” Pour redonner au RC du Mans son lustre d’antan, un projet est instauré sur le long terme : “C’est le prolongement d’un travail de longue haleine” précise le président, Rémy Parisseaux. Un nouveau virage au Mans, non pas au circuit des 24 heures mais bien au RCM. Retrouvez les éléments de cette reconstruction, dans les coulisses du club.
Miser sur la jeunesse et un projet de jeu commun…
Le nouveau manager, Yann Boulahia, nous décrit les contours de ce programme : “On a mis en place un vrai lien entre chaque catégorie pour créer des passerelles entre les différentes classes d’âges. L’idée est de les préparer pour les saisons prochaines. Chaque catégorie à son projet de jeu mais avec une base commune au groupe sénior. On souhaitait vraiment travailler sur une identité club sur le terrain. Ce qui m’intéresse c’est que les jeunes s’y retrouvent et parlent le même langage rugbystique. De plus en plus d’entre eux s’intéressent aux matchs des séniors et restent aux entraînements par curiosité pour savoir comment on travaille.”
Le président du RCM : « En fédérale 3, on avait un des plus petits budgets et on se faisait piquer nos joueurs. Donc on mise désormais sur la formation, l’esprit du club c’est de vouloir intégrer les jeunes. J’ai lâché cette année les séniors, je m’occupe plus de la partie école de rugby avec mon épouse. Je me suis vraiment engagé pour avoir un maximum d’enfants en école de rugby, on ne peut rien consolider sans cela. Grâce à l’effet Coupe du Monde et à tous les enfants de l’an dernier qui sont restés, on vient d’atteindre la barre de 100 jeunes dans l’école de rugby. C’est de bon augure, on est sur la bonne route. »
Dans une société aussi connectée, il est désormais primordial d’avoir une identité visuelle reconnue. La vitrine du club passe par les réseaux sociaux. Yann Boulahia et son équipe sont dans l’ère du temps, le fil d’actualité du RC Mans est bien garni : « C’est important d’avoir une image et d’être présent. On intéresse de plus en plus de partenaires qui nous rejoignent. On essaye également de mettre en place un maximum d’événements comme la venue du bus de l’équipe de France.”
Le RCM est le club moteur du département et le président Rémy Parisseaux en connait les enjeux : « On attire de plus en plus de partenaires, je suis heureux de permettre à certaines entreprises de mettre un pied dans ce sport. On cherche une émulation avec les clubs aux alentours. On s’est associé à pas mal d’antennes et ça a créé une dynamique positive. Ici, les clubs doivent s’associer pour former des équipes jeunes dans le département. On passe des accords avec eux pour leur prêter des jeunes, faire des doubles licence. C’est un fonctionnement à double sens, si derrière ils ont des joueurs performants en sénior, ils viennent essayer chez nous.”
Un nouveau groupe sénior qui tourne à plein régime…
L’effectif sénior a bien évolué durant la période estivale. Seulement 6 départs sont actés pour … 34 arrivées. Un rebond bénéfique pour pouvoir repartir de l’avant. Mais au pays du basket, ce rebond est tout sauf anodin. Il s’explique par un travail en amont : garder ses joueurs et convaincre les nouveaux. Yann Boulahia nous présente son effectif :
“Nous avons un effectif de 70 joueurs et la moyenne d’âge est de 22 ans. On a eu 34 recrues, de tous niveaux. Des joueurs très confirmés venant de F3, F1 et même Nationale 2. Des profils de joueurs qui sont venus pour le projet et qu’on accompagne professionnellement. Ils ont été intéressés par cette idée de reconstruction et cette envie commune de se projeter sur plusieurs années sans brûler les étapes. »
Le Mans jouit également d’une grande cité universitaire ainsi que d’un régiment d’infanterie, une aubaine pour le club. Yann Boulahia est un vrai passionné qui ne néglige aucun détail : “On a repris les entraînements mi-août. Il fallait vite entrer dans le projet de jeu et avoir des repères. Pour la cohésion, on a la chance d’avoir des bénévoles de luxe comme Didier Grenet alias Tonton qui organise des repas tous les vendredis soir, cela participe à la vie de groupe. On a également fait un stage de cohésion à La Rochelle qui a bien resserré le groupe”.
Une équipe qui gagne est une équipe soudée. Yann instaure une communication entre son projet de jeu et ses joueurs : “On est pour un management participatif, on échange beaucoup avec les joueurs et on s’adapte au groupe. Le projet de jeu a déjà été modifié plusieurs fois en fonction de leurs attentes et on fait régulièrement des réunions . Pour le moment ça fonctionne.”
Les résultats sont très parlants. Après sept journées, Le Mans fait carton plein et se classe premier de sa poule de Régionale 1. Avec déjà 416 points d’inscrits soit environ 60 de moyenne par match, les Manceaux survolent leur groupe. Yann se satisfait d’avoir un groupe aussi performant : “Ce qui est intéressant également c’est que la réserve aussi tourne bien, c’est important d’avoir une B qui a des résultats. On va tous dans la même direction, du débutant au joueur le plus expérimenté. On travaille nos matchs sérieusement car l’excès de confiance peut vite arriver. On utilise la vidéo de nos derniers matchs pour progresser. Une tactique bien précise est mise en place pour chaque adversaire, on ne prend pas du tout nos matchs à la légère.”
En échangeant avec le manager et le président, on pourrait presque croire que la descente fut bénéfique pour le club. “Je ne sais pas si la descente nous a fait du bien mais en tout cas cela nous permet d’avoir du temps cette année pour se reconstruire sereinement et avoir une base solide. On avait besoin de repartir avec un groupe et une ambiance saine car une descente avec deux petites victoires en une saison c’est toujours dure à vivre.”
Forcément l’appétit vient en mangeant, surtout au pays de la rillette. Le club souhaite retrouver la fédérale 3 au plus vite et s’y installer durablement. “L’objectif est de remonter en F3, réussir à se maintenir et sur 4 ans, accéder aux play-off. Cette saison, on s’était fixé entre nous l’objectif du bouclier et la montée. Maintenant c’est difficile de cacher nos objectifs. Au vu des premiers résultats, on veut faire le plus grand parcours possible en championnat de France.” Le Mans prend rendez-vous avec un avenir radieux.