Lauzerte, c’est ce club parmi tant d’autres, qui sent bon et respire le rugby d’antan. Le rugby des champs et des chants comme on se plait à jouer sur les mots dans nos écrits et hashtags quotidiens. Ce genre de club pour lequel vous donnez tout puisque vous y avez grandi, connu vos premiers pas, vos premières émotions, joies, déceptions, et vos copains, devenus amis, frères d’armes.
Ce genre de club dont vous portez haut les couleurs et le nom du stade, champêtre, mais tellement unique : Vignals. Alors les « Allez Vignals bordel » se font entendre à chaque réception, et encore plus quand vient le printemps. Imaginez donc la fierté et les cris de joie depuis dimanche dernier, avec cet historique titre de champion de France des réserves de régionale 1… (par Jonah Lomu)
Ce village est situé dans le nord-ouest du Tarn-et-Garonne, à quelques kilomètres du Lot, dans le bas Quercy. Le Quercy blanc pour être précis, nom hérité de la couleur du sol, et de ses roches calcaires, sous lesquelles on ne trouve pas du rugbyman à chaque saison. Un Quercy qui a tapé l’incruste jusque dans l’appellation d’origine contrôlée du club : le Lauzerte Quercy Pays de Serres.
Cette bastide de 1 500 âmes environ, fondée par le Comte de… Toulouse, enclavée, éloignée, superbe, pas franchement propice pour recruter donc, mais qui compte quand même un club de rugby, des supporters fidèles, et des joueurs solidement attachés à certaines valeurs, ancestrales elles-aussi.
Ce village qui a connu la guerre de cent ans, les guerres de religion, se bat désormais plus pacifiquement, avec la même énergie, pendant 80 minutes, chaque dimanche. A l’envie, à l’amitié, à l’apéro, à l’esprit rugby quoi. Car les joueurs lauzertins sont comme leur beau village (un des plus beaux de France) : perchés ! Ce sont des bons vivants, des épicuriens, des festifs, des « copaing ». Sans doute faut-il y voir les fondations, le secret de la réussite. Une équipe fanion qui joue en élite régionale, et une équipe réserve, qui n’en manque pas.
Cette « B » qui vient de signer un authentique exploit en devenant championne de France. Une grande première pour les Bleu et Rouge, pour qui le planchot hexagonal se refusait depuis toujours. Au terme d’un parcours riche en émotions, en victoires maîtrisées, plus étriquées, avec ce brin de chance, et ces poteaux sortants, en demie et en finale, qui auraient pu déboucher sur d’indécises prolongations.
Des souvenirs pour la vie…
L’histoire retiendra que Lauzerte grave son nom, le premier de l’histoire donc, sous l’appellation « Champion de France Régionale 1 – Réserves ». Une histoire qui fera les beaux jours du club house, des cafés du village, des repas de famille, et des retrouvailles entre joueurs devenus retraités des terrains. Et plutôt tôt que tard pour certains, aux cheveux grisonnants ou tombés avec l’âge justement. Ces anciens, ces papas, émus aux larmes au moment de brandir ce bout de bois qui signifie tellement.
On se racontera sûrement ce déplacement épique en Corrèze, à Bort-les-Orgues, le soutien inconditionnel des supporters, cette haie d’honneur a mettre les frissons, ce combat face à un adversaire si valeureux, si méritant, cet essai de l’espoir, ce 50-22 bienvenu, ce poteau favorable, cette victoire finale à l’arrachée. Et puis, l’explosion de joie, les émotions fortes, les larmes, ce retour si joyeux dans un bus des grands jours, cette troisième mi-temps interminable, héroïque, folle, avec un DJ Fou aux platines. ce qui ne surprendra personne, pour qui connaît ces drôles de bestiaux.
Sur la route de Saint-Jacques de Compostelle, Lauzerte compte désormais de nouveaux pèlerins, en marche vers la reconnaissance éternelle, de tout un village. Des pèlerins toujours affamés, et toujours présents lundi devant le café du commerce pour y déguster des côtes de boeuf XXL, comme les cuissots de Benjamin, de Charles Edouard, d’une rentrée en jeu de Guillaume l’entraîneur-joueur, et de leur exploit du weekend. Un certain art de vivre en quelque sorte, où le rugby occupe une place… centrale. Lauzerte est champion de France…