Terrain neutre pour une belle. Non le stade Alary de Castelsarrasin n’était pas un rendez-vous digne d’un duel de western, mais malgré tout, le théâtre d’un match très particulier. Celui d’un match entre voisins séparés d’une dizaine de kilomètres, qui s’étaient imposés chez l’autre durant la saison régulière, celui d’un derby particulier, car cette fois, l’enjeu était démultiplié : une qualification en finale du championnat de Régionale 1, couplée à une montée en fédérale 3…
C’était la fête du rugby du 82 dimanche à Castelsarrasin (photo ASB)
Une fois que ce décor était planté, les très nombreux spectateurs (plus de 3 000, qui ont contraint l’organisation à retarder le coup d’envoi de 15h30 à 16h !), ont assisté à une rencontre dont on retiendra plus l’ambiance et son suspense total, que la qualité de jeu. Mais de la même manière que l’on dit qu’une finale se gagne, ce genre de demi-finale, aussi, et qu’importe la manière.
Car dire que l’enjeu a pris le pas sur l’enjeu, serait un doux euphémisme. Entre maladresses et fautes répétées, M. Souquet, arbitre de la rencontre, aura été encore plus central qu’à l’accoutumée. Donnant ainsi la part belle au combat d’avants, intense, plus qu’à des trois quarts sevrés de (bons) ballons. Eole s’étant invité dans la matinée, l’occupation du terrain semblait être la priorité partagée par les deux équipes, concentrées à ne pas trop se découvrir.
« La force collective et notre esprit d’équipe ont fait la différence… »
Jérémy Bénac, maître artificier des coquelicots montéchois, malgré le vent, enquillera tout de même quatre pénalités durant cette rencontre quelque peu brouillonne. Griffoul, son vis à vis, s’en contentera de trois. Mais un essai en première mi-temps d’André, à la demi-heure de jeu, et un autre à cinq minutes du terme par Taqui, envoient Bressols, plus hermétique en défense, en finale.
Charlie Griffoul, le remuant centre de Bressols, résumait bien la rencontre et le mental de son équipe : « Avec ce vent tourbillonnant, l’enjeu a pris le pas sur le jeu. L’équipe Montéchoise, riche d’individualités et très agressive en défense, nous a posé beaucoup de difficultés. Mais notre force collective qui est l’essence même de notre club, et de notre esprit d’équipe, ont fait la différence. Maintenant, rendez-vous en finale contre une très belle équipe de Corbières, mais nous défendrons fièrement nos couleurs pour aller chercher notre premier bouclier à ce niveau. »
Montech s’est bien accroché, mais les Bressolais, étaient en mode AC/DC, et donc plus sur courant continu (photo ASB)
Dans quelques semaines, quand les Bressolais retrouveront donc la fédérale 3, quinze ans après l’avoir quitté, et ils auront oublié le contenu de ce match, pas son issue. Gagner « moche », c’est gagner quand même comme le disent les joueurs pro. Alors l’ASB a bel et bien gagné, en mettant du coeur à l’ouvrage, car les Montéchois n’ont pas abdiqué facilement, au contraire. Ces derniers, éliminés au même stade de la compétition l’an passé, vont se concentrer sur le championnat de France pour espérer eux aussi une montée possible.
Les Bressolais eux, vont devoir se pencher sur la finale et sur Corbières XV, un adversaire coriace, qui semble endosser le costume de favori, tant sa trajectoire semble ascendante depuis deux ans. Oui Corbières XV, est imbattable en phases finales depuis deux campagnes. Même son équipe réserve est qualifiée pour sa finale, qu’elle disputera en lever de rideau (à 13h30) des équipes fanions. L’ambiance sera donc survoltée, d’autant que Corbières XV avait sorti la réserve bressolaise en quart de finale il y a deux semaines.
Charlie Griffoul rendait d’ailleurs hommage aux supporters rouges et blancs : « Je tiens à remercier tous nos supporters oui, qui nous poussent, et nous aident vraiment. Et plus précisément, mention pour le virage Bew qui nous a accompagnés en chantant tout au long de la rencontre. » Chaude ambiance et belle fête du rugby amateur encore ce dimanche à Castanet…
La réaction de Matthieu Mazzer, 3ème ligne et co-président de Bressols
On le disait en préambule, une finale ne se joue pas, elle se gagne. C’est ce que Matthieu Mazzer, joueur et co-président bressolais, dira sûrement à ses coéquipiers ce weekend, lui qui continuera l’aventure la saison prochaine du haut de ses 36 ans, mais sans le costume de président cette fois, pour profiter au mieux de cette saison en fédérale 3. Une raison de plus, si besoin était, d’aller toucher du bois…
Mathieu Mazzer, comment expliquer ce renouveau de l’ASB, après une, voire plusieurs saisons, relativement plus compliquées ?
On a retenu les leçons du passé justement. Il fallait étoffer le groupe séniors, avoir une réserve compétitive. On a donc rappeler des anciens, des copains, mais aussi des jeunes des alentours, et avec plusieurs juniors qui montaient, plus une ossature existante, on a réussi à avoir un groupe plus homogène.
Comment convaincre des jeunes de venir chez vous, malgré la concurrence des alentours ?
Pas par l’argent en tout cas, car on considère qu’on ne doit pas parler d’argent dans le rugby amateur. Il y a des primes oui, mais pas de fixe, surtout pas. On joue d’abord pour l’amour du maillot. On y travaille en amont pour qu’il y ait un état d’esprit, on met un point d’honneur à ce que la vie de groupe soit agréable et chaleureuse : avec notamment un stage de début de saison, des soirées organisées avec l’amicale des joueurs., des repas, etc…
Visiblement, le groupe vit bien…
L’alchimie s’est faite naturellement entre la génération sortante et l’entrante, et très vite. Tout le monde se régale, c’est ce qui fait notre force. Vendredi dernier, il y avait les juniors, la réserve et l’équipe Une, présents au repas, comme au match pour pousser derrière nous. Voilà ce que l’on recherche, une union et une solidarité de tous les instants, sur et en dehors du terrain.
Joueur, entraîneur, président et photographe donc
Un nouveau groupe de joueurs, un nouveau staff, quels étaient les objectifs en début de saison ?
On dit toujours que l’objectif est de faire mieux que l’année passée. Là, ce n’était pas trop ambitieux, vu qu’on avait gagné que 3 matchs (rires). Mais c’est vrai qu’avec ces changements au niveau du staff, des nouveaux joueurs, on visait au moins la qualification. on était 7ème à la trêve, il fallait assimiler le nouveau système de jeu, basé sur plus de déplacements, et il fallait plus travailler aux entraînements aussi. A la reprise, en janvier, on s’est tous dit qu’il fallait tout donner, et voilà le résultat.
La montée en fédérale 3, c’est donc un gros bonus ?
Ce n’était pas un objectif, donc on peut le considérer comme tel, mais on est allé se le chercher ce beau bonus. On l’a mérité je crois, et pour les jeunes, c’est important de faire le nécessaire pour bien y figurer.
Quant à la finale, comment la voyez-vous ?
On n’en joue pas toutes les saisons, donc on veut la gagner, tout comme Corbières bien sûr. On sait que c’est un redoutable adversaire, mais on va tout donner encore. On a joué contre des équipes solides, bien en place, comme contre Saint-Céré en quarts, et bien sûr Montech dimanche. On sait les ingrédients qu’il faut mettre pour l’emporter.
Feuille de match
A Castelsarrasin : Bressols bat Montech par 19 à 12 (mi-temps : 5 à 6)
Arbitre : Aurélien Souquet (Occitanie) assisté de Rémi Janotto et Arthur Hick.
Pour Montech : 4 P Bénac (5, 38, 52, 62)
Pour Bressols : 2 E André (32), Taqui (76) ; 3 P Griffoul (42, 48, 59)
MONTECH : Bénac ; Duchayne, Lilo, Nacagilaba, Bordes ; (0) Crespo, (m) Kowlozski ; Lemboulas, Jandl, Th.Jean ; Cavaillé, Mailagi ; Bergé, Porte (cap), Emboulas.
Sont entrés en cours de match : Campergue, Laborie, Ourliac, Joly, A.Jean, Hugou, Camacho.
Carton blanc : Lilo (27) Carton jaune : Lemboulas (31)
BRESSOLS : Dargassies ; Taqui, Bassaler, Griffoul, Barrachin ; (0) Laplace (cap), (m) Pavan ; Inaud, Martin, André ; Le Lamer, Garrabet ; Rodrigues, Bolay, Lafon.
Sont entrés en cours de match : Eychenne, Faatau, Andrieu, Mazzer, Aroyo, Garrabet, Raynal.