Razvan Ilisescu (Mazamet) : « On a toujours cru en nous ! »
La montée en fédérale 1 en juin 2019 s’était jouée à la dernière seconde, lors d’une double confrontation face au FCTT (voir article). Mazamet avait alors surpris son monde, car pas forcément annoncé parmi les favoris à ce qui était encore la 3ème division française. Les saisons 2020 et 2021, covidées, sont restées incomplètes. La saison 2021-2022 était donc la première à servir de test grandeur nature pour les Tarnais. Sans objectif clairement défini, si ce n’est le maintien obligatoire, les résultats seront irréguliers, donc insuffisants pour prétendre à jouer le haut du panier. Pour cette saison 2022-2023, beaucoup de choses ont changé, avec effets et résultats immédiats…
La double victoire contre Annonay en 16ème de finale (27-20 et 20-25) n’avait pas été de tout repos. Mais l’essentiel était assuré : se qualifier en quart de finale, continuer à prendre du plaisir et se donner une chance d’obtenir un ticket pour la Nationale 2. Le choc prévu contre Castelsarrasin prenait alors des allures de retrouvailles puisque les deux équipes évoluaient au sein de la poule 3. « Castel » leader avec 82 pts, avait devancé Valence d’Agen d’un point et le Sporting de 6 unités, en s’imposant à la maison 36-21 avant de s’incliner 22-16 à Mazamet.
Razvan Llisescu, devenu figure de proue du pack bleu et noir depuis son arrivée à l’été 2020, nous parle de cette saison régulière : « Les jeunes et les moins jeunes s’entendent bien depuis le début de saison. On a pris beaucoup de plaisir à jouer ensemble, et l’idée était de continuer à le faire pendant ces phases finales. Sans jamais se mettre de pression. » Le match aller à la Chevalière se soldera par une courte défaite amère 20-22, qui aurait pu se terminer par un match nul si la dernière transformation était passée.
Qu’importe, Razvan assure que l’ambiance était sereine durant toute la semaine qui a précédé le match retour : « On ne s’est pas mis la pression durant toute la saison, nous n’allions pas commencer à le faire pour ce match. On en connaissait l’enjeu évidemment, mais pour nous, c’était juste le match suivant. On a toujours cru en nous, et on avait envie de tout donner. »
« Le club nous fait confiance »
Les dirigeants eux, ont tout de même considéré que ce n’était pas un match comme les autres, et ils ont pris une décision pour le moins surprenante : « Nous avons dormi à Montauban la veille du match » sourit le troisième ligne centre barbu, « ça fait un peu bizarre de se dire ça quand il n’ y a que 150km entre Castelsarrasin et Mazamet. Mais le club nous fait confiance depuis le début de cette saison. On sait se responsabiliser aussi. Et quand le club joue le jeu et fait tout ce qu’il faut pour nous mettre dans les meilleures dispositions, on se doit d’en faire autant pendant le match, de renvoyer l’ascenseur. »
Et ce match retour, les Tarnais vont le prendre par le bon bout, en marquant un essai dès la première action. Ils rentreront néanmoins avec un point de retard à la pause (8-7). Qu’importe, les Mazamétains reviennent en seconde période avec les mêmes intentions, et un essai pour les concrétiser rapidement, puis un autre (14-25). A un quart d’heure du terme, le CAC est dans les cordes, mais pas complètement KO. Les Tarn-et-Garonnais vont marquer un essai transformé, et reviennent à 21-25.
Mazamet reprend un bol d’air avec une pénalité (21-28). On croit l’affaire entendue, mais l’arbitre fait jouer des arrêts de jeu interminables, le CAC fait le siège de la ligne tarnaise. « On subit leurs assauts, on défend mais ils finissent par passer. Là, on n’était pas fiers, on se dit que tout va se jouer sur la transformation. Et quand on voit que le ballon file à côté, c’est l’explosion de joie et beaucoup d’émotion. On savait que l’on passait au nombre d’essais marqués, mais quel scénario incroyable ! »
« Le groupe vit bien »
Mister Smuggler Ilisescu, habitué à poser dévêtu après les matchs (et même à fumer le cigare), se met aussi à nu pour expliquer cette qualification : « Ce sont deux matchs miroir. On loupe une transformation à l’aller, eux la ratent au retour. Entre les deux, ça se joue sur des détails. Pour nous, ça se joue à l’envie, et au mental, on était peut-être les seuls à croire que l’on pouvait s’imposer à Castel. On le doit en partie au bon boulot des entraîneurs, il y a plus de sérénité dans le club, les dirigeants nous font confiance, on a des supporters qui nous suivent, c’est vraiment appréciable. Comme on le dit souvent : le groupe vit bien. A tel point qu’il n’y a qu’un seul départ officiel à ce jour, preuve du bien être général. »
Et au moment de se projeter vers la demi-finale contre Valence d’Agen, le solide international roumain porte un regard lucide sur ce nouveau défi : « Valence d’Agen, c’est un très gros morceau, avec un gros pack, beaucoup de vitesse derrière, ce sera dur, on le sait. Mais je crois que pour notre dernier match de poule, en ne perdant que d’un point chez eux (25-24), il y a eu une prise de conscience générale, comme un déclic. A se dire que l’on pouvait rivaliser avec les meilleures équipes. Je vais me répéter, mais on prend les matchs comme ils viennent, en voulant prendre du plaisir. Là, cette demi-finale, ce sera sans pression, que du bonus, et on a la chance de finir cette saison avec beaucoup de fraîcheur aussi, ça compte. Et puis, l’appétit vient en mangeant non ? » (sourire)
« Raz » et ses coéquipiers ne se projettent pas encore vers la Nationale 2 (des rumeurs font état d’un possible refus de monter). Mais soyez certains que les Mazamétains auront les crocs le 11 juin prochain.
Voir ou revoir l’interview décalée de Razvan
https://rugbyamateur.fr/linterview-decalee-de-razvan-ilisescu-castres-graulhet-blagnac-nice-mazamet/