Après une saison sans engagement sportif (voir notre article : « Rabastens Bigorre XV ne repart pas » en juin 2020), un désaccord sur une proposition d’entente avec le club voisin de Villecomtal qui a échoué (mais qui a créé un rassemblement avec une partie des joueurs de…Rabastens de Bigorre) sans oublier l’épisode covid, tous les voyants semblaient au rouge pour que le rugby perdure dans ce bastion historique des Hautes-Pyrénées. Mais une poignée de dirigeants avec un noyau dur de joueurs n’ont pas baissé les bras…
Amélie Daveran, ex trésorière du club devenue présidente de Rabastens XV raconte : « Le club était en difficulté, nous avons réformé le bureau et un petit groupe de dirigeants. Repartir à zéro n’a pas été une tâche facile, ce n’est qu’au mois de mai 2021 que tout a pu s’enclencher, trouver des entraîneurs et des joueurs pour engager une équipe et enfin repartir en 4ème série. » Hors terrain, la mission sauvetage était donc réussie. Sur le pré, la saison a été longue, difficile, les défaites se sont enchaînées, l’effectif limité, mais tout le monde est resté soudé pour terminer cette saison dite de transition : « Nous savions que la saison 2021-22 serait compliquée, il a fallu tenir malgré l’effectif réduit, les blessures, mais nous avons pu nous concentrer sur la suivante assez tôt. De nouveaux joueurs nous ont rejoint, ainsi qu’une quinzaine de dirigeants. »
Les voyants repassaient donc au vert progressivement. La saison 2022-2023 pouvait démarrer avec une première victoire : celle de repartir ! Mais le goût de la victoire sur le terrain était un très lointain souvenir. Et le début du championnat ne va pas aider à le retrouver. Défaite inaugurale à domicile (10-43) contre un autre « voisin », l’entente Bazet-Andrest. S’enchaînent ensuite des revers plus ou moins lourds : 27-6 contre Bas Armagnac, 8-66 contre l’Isle de Noé, 60-10 contre Panjas, 80-0 à Marciac, et un 20-28 contre Gondrin qui laissait entrevoir un peu lumière au bout du tunnel.
« Ce n’est qu’un match, qu’une victoire, mais qui remonte le moral de tous »
La venue de Castelnau en Madiranais dimanche dernier, calé au milieu de classement (avec 3 victoires pour 4 défaites) laissait espérer un rebond favorable. Rabastens XV s’est envoyé comme on dit, avec un match accroché, disputé à 14 contre 15 pendant près d’une mi-temps, et un 20-20 à la 79ème minute qui sonnait déjà presque comme une victoire. Une pénalité pouvait même offrir ce succès tant attendu. Des 35 mètres légèrement à droite, le ballon s’élève prend la direction des perches, mais n’atteint pas la cible… et là, surgit un « renard » qui a bien suivi, trompe son monde et aplatit sous les poteaux. La preuve avec la vidéo ci-dessous…
Explosion de joie, vive émotion pour les joueurs et les dirigeants. L’essai est transformé, victoire 27-20. Bien plu qu’une victoire en fait. Amélie Daveron nous confie sa joie, tout en gardant une certaine mesure : « Ce n’est qu’un match, qu’une victoire, mais qui remonte le moral de tous, et prouve que c’est en travaillant ensemble que l’on avance. »
Rabastens XV est toujours dernier de la poule 5 de régionale 3 en Occitanie, mais vient de remporter un succès qui fera date. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour tout un club, ça veut dire beaucoup. Le temps de la reconstruction est toujours d’actualité. Quid d’une entente, d’un rassemblement, d’une fusion pour l’avenir ? Le passé récent a sûrement laissé des cicatrices pour en reparler aujourd’hui. Et pas sûr que le sujet soit abordé ce dimanche contre le leader de la poule : le Rassemblement Ovalie Villecomtal… Rabastens. Car oui, Rabastens de Bigorre est un village en France de 1 500 habitants, qui abrite bien deux clubs différents en régionale 3 (Villecomtal sur Arros étant situé, dans le département voisin du Gers, mais à 4km seulement). L’OVR est premier, avec son statut de vice champion de France de 4ème série 2022. Rabastens XV est dernier avec un titre de champion d’Armagnac-Bigorre 2015 en bandoulière. Un derby pas tout à fait comme un autre donc, dont le résultat sportif semble déjà écrit à l’avance. Pas comme l’avenir des deux clubs et des deux villages. Parlez-en aux anciens, mais pas trop fort, car certains sont pour et d’autres contre cette fusion, avortée, qui a débouchée sur de vives tensions et cette incroyable situation. Qu’importe répondront les plus hostiles et les plus favorables, le rugby vit encore sur ces quelques kilomètres carrés. On en reparle dimanche soir après le match ?