C’est dans l’écrin de l’enceinte fétiche du Stade Toulousain qu’un joli bout d’Histoire s’est écrit, ce samedi, avec la double confrontation entre les sélections d’Occitanie et d’Espagne. En effet, pour la première fois de sa récente existence, la région d’Occitanie allait disputer une rencontre internationale de rugby face à sa voisine frontalière : l’Espagne. Dans un stade Ernest-Wallon acquis à la cause rugbytisque de sa province, sous les yeux de nombreux dirigeants fédéraux, régionaux et présidents de clubs, le XV occitan, dans sa version masculine, entrait dans la lumière avec l’envie d’écrire ce premier chapitre en lettres d’or et de victoire… (par WilDon, photos WilDon, Christophe Fabriès, Aclée et Pascal Villalba)
Mais la jeunesse occitane, pourtant talentueuse, va vite comprendre qu’il sera compliqué de jouer l’Espagne, 16e nation mondiale au classement FIRA (au 11 novembre 2019) : une sélection expérimentée qui aurait dû disputer la dernière Coupe du Monde au Japon en lieu et place de la Russie (voir article)
Les hommes de Christian Labit et David Marty (entraîneurs) managés par Emile Ntamack ouvrent le score par un essai en force de Finham à l’issue d’un bon temps fort des Occitans, Tatre parachevant le tout d’une transformation parfaitement réussie (9e, 7-0). La réaction espagnole survient moins de dix minutes après, avec un essai pareillement inscrit en force, au pied du poteau par Fernando Lopez, Calle bonifiant le tout sans problème (18e, 7-7). Profitant d’une défense particulièrement compacte et agressive sur le porteur du ballon, les Espagnols tiennent parfaitement la baraque. Le jeu s’équilibre. L’Occitanie parvient cependant à se créer deux occasions supplémentaires. Tout d’abord lorsque le bittérois Balu pique un sprint le long de la ligne de touche avant de se reprendre par la patrouille espagnole à deux mètres de l’en-but ibérique (30e). Dans la minute qui suit, le même Ballu balance un amour de passe à l’anglaise sur le côté droit de l’attaque occitane mais un en-avant sanctionne la réception du ballon (31e). Quant aux Espagnols, ils ne sont pas plus en réussite, la pénalité de Calle étant trop courte ! (39e). Ainsi en sera-t-il jusqu’à la mi-temps.
Manque d’automatismes, mais pas de générosité
A la reprise, l’Espagne met l’Occitanie sous pression dès l’entame de la seconde période en passant une pénalité parfaite signée Calle (41e, 7-10). Alors que les Occitans tentent de monter une nouvelle attaque pour revenir au score, ces derniers se font surprendre à l’heure de jeu sur une passe interceptée par Julen Goia, qui pique un sprint depuis la ligne des quarante mètres pour aller déposer le cuir derrière la ligne (essai non transformé, 7-17).
L’Occitanie ne tarde pas à réagir et réduit le score par une balle sautée qui envoie Tharin à l’essai, Salas voyant sa transformation repoussée par le poteau (62e, 12-17). Mais sans doute le destin de ce match a-t-il balbutié son rugby lorsque l’équipe occitane se trouve à un cheveu de la victoire quand Tharin expédie une chandelle dans l’en-but espagnol, que Merkler récupère pour… mieux laisser échapper le cuir en avant ! (77e). Plus rien ne sera inscrit jusqu’à la fin de la rencontre. Victoire espagnole, somme toute logique, face à une équipe occitane qui aura été valeureuse mais sans doute trop académique dans un jeu courageux, opiniâtre mais trop téléphonique pour surprendre la défense espagnole.
« Une super expérience ! »
A leur décharge, le seul entraînement programmé entre ces joueurs avait été écourté à cause d’un violent orage la veille. Difficile dans ces conditions de créer des automatismes. Emile NTamack, le manager de cette première sélection le concédait : « Nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour nous préparer, et c’est vrai que la pluie ne nous a pas aidés non plus. Il n’est jamais simple de découvrir et créer un groupe en aussi peu de temps, mais chaque gars est venu avec un très bon état d’esprit, et beaucoup d’envie. Ce qui s’est retrouvé sur le terrain. Nos joueurs ont fait plus que tenir le choc face à des Espagnols solides, bien en place, avec plus d’automatismes forcément. Au delà du résultat, ce match est une bonne initiative, et je crois que tout le monde a pris du plaisir, ce qui était le mot d’ordre donné par Christian (Labit) et David (Marty) les entraîneurs. » Yohann Gbizié, le très remuant troisième ligne occitan confirmait : « C’était un match très cool, cependant, on manquait vraiment d’automatismes, ça c’est vu clairement dans notre jeu, même si on a réussi à se trouver par moments. La météo était compliquée, l’équipe espagnole aussi. On aurait pu faire mieux avec un peu plus d’entraînement je pense, mais bon, c’était une super expérience. »
Espérons qu’une seconde rencontre permettra à cette équipe d’Occitanie, pourtant bien née, de remporter la première victoire de son histoire.
LA FEUILLE DE MATCH
A Toulouse (Stade Ernest Wallon) – Occitanie – Espagne 12-17 (Mi-temps : 7-7)
Pour l’Occitanie : 2 essais de Finham (9) et Tharin (62), 1 tranformation de Tatre (9)
Pour l’Espagne : 2 essais de Lopez (18) et Gaia (60), 1 pénalité (41) et 1 transformation de Calle (18)
Occitanie : Tougne, Velarte, Finham, De Conninck (cap), Ricard, Gbizie, Ibanez, Peysson, Raynaud, Tatre, Ballu, Lucas, Tharin, Désert, Bach – Remplaçants : Ramonjiarivony, Lues, Tolofua, Danielli, Lehodey, Jaminet, Salas, Merkler.
Espagne : Lopez (cap), Me, Zabala, Mora, Sanchez, Barthère, O. Goia, Tauli, Rubio, Calle, Contardi, Stewart, Kitutu, Jorba, G. Dominguez. Remplaçants : Blanco, Tabarot, J. Dominguez, Walter-Fitton, Guido, Irusta, J. Goia, Casteglioni.