Quel que soit le résultat de la finale du championnat de France de Régionale 2 ce dimanche à Cazères entre l’Union Sportive Millassoise et le Saint-Pée Union Club, le bouclier sera assurément pyrénéen. Reste à savoir s’il prendra la direction des Pyrénées Atlantiques ou Orientales…
Millas, « se payer de tous ces efforts »
« On ne sait pas les gagner, mais on sait y arriver » c’est avec beaucoup d’humour et d’ironie que le président catalan André Faliu, évoque les deux finales nationales perdues lors des deux dernières saisons. L’on imagine alors aussi le mix entre angoisse et fierté qui doivent s’entrechoquer dans son cerveau. L’angoisse du « jamais deux sans trois », et la fierté de se qualifier pour une nouvelle finale.
Les Millassois sont passés tout près de vaincre le signe indien, en avril dernier, lors de la finale d’Occitanie. Mais le bras de fer contre les Gersois de Bassoues s’est soldé par une nouvelle défaite, encore, à une pénalité près. La détresse catalane, visible, palpable, et si compréhensible, laissait craindre que le ressort pouvait se casser. Les joueurs eux-mêmes nous confiaient toute leur déception et leur frustration, de voir le bout de bois de si près, sans jamais repartir avec.
Mais il faut croire que Christophe Pérez, le sorcier des Rouge et Noir, sait trouver les mots pour remotiver ses troupes. « Pépé », c’est la passion du rugby à l’état brut, et il explique mieux que personne ces formidables parcours répétés en phase finale : « Sur un effectif de 25 joueurs, ils sont 18 issus du village, à avoir grandi ensemble à l’école de rugby. Ça crée des liens, pour gagner il faut bien se connaître, et pour être champion de France, il faut s’aimer. »
Niveau amour, à l’image de celui entre les joueurs, celui des supporters, est indiscutable. Il faut dire qu’ils vivent des émotions fortes à répétition depuis 3 ans. La campagne régionale a eu beau se terminer en queue de poisson, celle du territoire national va rester dans les mémoires. Victoire solide contre Foix en 32ème (42-19), victoire maîtrisée contre Six-Fours en 16ème, avant une première grosse alerte, contre Orange, en 8ème de finale (27-26). La rencontre face à Espalion, disputée sous une forte pluie, se jouera à peu de choses aussi, mais les Aveyronnais échoueront à deux points des Catalans.
Ces derniers, face à Lagny-sur-Marne se sont un peu relâchés en demie. Inconsciemment, mais sûrement. Le 32-14 au coup de sifflet final était plutôt flatteur, et « Pépé » le savait mieux que personne en clamant haut et fort que ses joueurs devraient monter le curseur s’ils ne veulent pas en prendre 30 en finale. Laurent « Bosco » Bosch, blessé à la mâchoire lors des 8èmes, et absent en quart et demie, sera bien de retour pour cette finale. Le capitaine rouge entend bien soulever le planchot et le partager avec ses coéquipiers
Saint-Pée, une énorme cerise sur le gâteau basque, 10 ans plus tard
Côté Saint-Pée sur Nivelle, on se délecte avec gourmandise de cet exercice 2023-2024, comme une concrétisation de plusieurs années de galère. Le titre régional ne lui a pas échappé, la montée en Régionale 1 non plus, et cette finale nationale prend des allures d’une énorme cerise sur le gâteau basque.
La défaite inaugurale en début de saison, la seule à ce jour, semble bien lointaine, mais pas oubliée, car possiblement fondatrice de ce parcours sans faute qui s’en est suivi. La campagne hexagonale débutée en 32ème de finale le 12 mai dernier, parle d’elle-même. 67-31 contre Ramonville, et 38-17 en 16ème contre une autre équipe de Haute-Garonne, Auterive. En 8ème, le « derby » de Nouvelle-Aquitaine, contre Tartas, âpre a basculé du côté des Vert et Noir (28-18). Le choc contre Bassoues, champion d’Occitanie, a été disputé, et a permis de tester une fois de plus le mental des troupes. La victoire 22-17 envoyait le SPUC dans le dernier carré.
Saint-Jean d’Angély, sûrement usé par un combat acharné le weekend précédent, ne sera pas de taille pour empêcher le club formateur de Charles Ollivon et Maxime Lucu. Et le SPUC de compter encore sur le frère du demi de mêlée international. Car oui Ximun, qui compte plus de 200 feuilles de matchs en pro avec Biarritz sera sûrement le facteur X de cette rencontre, pour ramener le planchot national 10 ans après le dernier sacré. Ce qui serait la plus belle sortie pour lui, qui va raccrocher les crampons dimanche soir.
Mikel Guerindien, co-président senperstar, a déclaré que son équipe allait affronter des montres d’une moyenne d’âge de 35 ans, anticipant une rencontre déséquilibrée, comme un David contre Goliath moderne. André Faliu, son homologue catalan, présentait les Basques comme les favoris, emmenés par un ouvreur (Lucu) capable de faire des différences individuelles, au service d’un collectif capable de marquer des essais à tout moment avec une ligne d’attaque impressionnante.
Entre véritable respect et une part d’intox inévitable, la peur au ventre mêlée à une excitation totale, le stade des Capucins à Cazères sera le théâtre de grandes émotions ce dimanche. L’ambiance promet d’être exceptionnelle avec la dizaine de bus qui vont partir côté atlantique et méditerranéen pour transporter des centaines de supporters.
Alors Millas ou Saint-Pée, faites vos jeux. Et que le meilleur gagne. Guilhem Guirado, ancien talonneur de l’USAP est venu soutenir les Catalans lors de l’entraînement de ce mercredi. Charles Ollivon et Maxime Lucu, par message interposés, en ont fait autant pour le SPUC. Finalement, que ce soit du Top 14 ou de la Régionale 2, un bouclier reste bien un bouclier, et un champion de France… un champion de France.
Une saison pleine pour les deux équipes
8ème champ. de France Régionale 2 : contre Tartas, Saint-Pée…niblement, mais sûrement
Finale Régionale 2 Occitanie : Millas maudit, Bassoues LM au paradis
Régionale 2 : Saint-Pée, impitoyable leader contre Asasp-Arros
Finale Régionale 2 Occitanie – Millas et Bassoues pour vaincre le mauvais sort
Régionale 2 Occitanie – Auterive à la hauteur, mais c’est Millas qui tient sa montée