Il avait embrassé une carrière d’entraîneur alors que celle de joueur venait juste de prendre fin. « J’ai disputé mon dernier match sans le savoir » nous avait-il dit à l’époque. Julien Lauvernet sera resté ainsi quatre années de plus à Lombez-Samatan comme coach des arrières. Une première expérience riche et suffisamment significative pour continuer sur cette voie. Mais plus sous les couleurs gersoises. L’ancien ouvreur de Lavaur revient au bercail dix ans plus tard, pour un nouveau rôle et un nouveau défi de taille. Entretien et explications avec le « Corse »…
Julien Lauvernet, une page se tourne pour vous, vous quittez Lombez-Samatan, le club dans lequel vous avez fait vos débuts d’entraîneur…
C’est vrai, et je profite de cette occasion pour remercier les Présidents Eric DAUBRIAC et Francis LACAZE de m’avoir donné l’opportunité il y a quatre ans, d’entrainer les ¾ du LSC. Certes à une période où les entraineurs ne se bousculaient pas au portillon à la suite de la rétrogradation du club en Fédérale 2, mais je leur en serai toujours reconnaissant car le pari était risqué. Entrainer ses ex-coéquipiers du jour au lendemain sans en être préparé ni formé, n’est pas une chose aisée, mais je pense leur avoir prouvé qu’ils n’avaient pas eu tort.
Que retenez-vous de ces quatre années sur le banc ?
Elles ont été très riches sportivement, humainement et émotionnellement. J’ai entretenu avec les joueurs des relations qui dépassaient parfois le cadre du sportif. En voir certains les larmes aux yeux le jour de l’annonce de mon départ ou lors de mon dernier briefing d’avant-match a pour moi été un crève-cœur, mais la décision s’imposait. Je m’aperçois aujourd’hui au travers des nombreuses marques d’affections et messages reçus que j’ai pu être important pour eux dans leur parcours rugbystique et ce genre d’attention donne énormément de sens au surinvestissement personnel que j’ai pu mettre durant 4 ans.
4 ans, c’était le bon moment pour partir selon vous ?
J’ai estimé arriver à la fin d’un cycle d’entraineur. De plus, je ne voyais pas d’évolution personnelle à très court terme dans l’organigramme du club. J’ai préféré partir plutôt que de faire la saison de trop, et devoir cautionner certains aspects organisationnels qui pour moi, me pesaient trop. Des aspects qui nuisaient grandement à la performance sportive et au rendement de notre équipe qui méritait bien plus qu’une 11ème place.
Un nouveau challenge vous attend… à Lavaur. Un club que vous connaissez bien.
J’ai eu la chance d’y jouer durant 5 saisons oui, je m’y suis épanoui. Être recontacté pile dix ans après mon départ par les Présidents Lopez et Maronese est la preuve que j’ai laissé un bon souvenir en tant qu’homme déjà, c’est très important pour moi.
« A nous maintenant de savoir redonner l’envie et le plaisir aux joueurs de venir à l’entrainement, avec le sourire… »
Comment s’est passé le premier contact ?
Suite à un entretien courant mars, ils m’ont fait part du souhait de leur actuel manager de ne pas continuer l’aventure pour la saison 2022/2023. Si j’étais là, c’est qu’ils avaient pensé à moi pour prendre la suite de la direction sportive des séniors. Après quelques heures d’échanges, notamment sur les ambitions et objectifs du club, quelques petits jours de réflexion ont suffit pour que j’accepte de relever ce challenge.
Justement, après une saison compliquée, quels seront les objectifs de la prochaine ?
Essayer de ramener le club à sa place, c’est-à-dire jouer les premiers rôles dans sa poule, tout en y mettant la manière. Lavaur est un club phare du Tarn doté de magnifiques infrastructures pour le niveau, régulièrement qualifié en Fédérale 1 depuis une vingtaine d’années. J’ai toutefois l’impression pour des raisons que j’ignore que l’ASV a un peu perdu de sa superbe année après année depuis son titre en 2018. A moi et mon staff de préparer au mieux l’intersaison pour bâtir une équipe compétitive et ambitieuse, afin de démarrer au mieux le championnat début septembre.
Vous avez constitué un staff que vous connaissez bien…
David PENALVA qui sera en charge des avants de l’équipe 1, a été mon capitaine à Blagnac. C’est une personne très charismatique et comme moi, un jeune entraineur ambitieux (Ex espoirs de Colomiers et équipe 1 de Castanet). Le jeu que l’on souhaite pratiquer s’adaptera bien entendu à l’effectif que l’on aura à disposition, mais dans notre idéal, il sera fait de mouvements et de déplacements du ballon. Pour cela, nous comptons sur Luc GOURMANEL actuel préparateur physique, qui a décidé de prolonger l’aventure, pour préparer au mieux les joueurs en adéquation avec le projet de jeu souhaité. Et même si l’équipe 1 reste la vitrine d’un club, l’équipe espoirs ne sera pas oubliée et fera désormais partie intégrante du groupe séniors, en partageant certains créneaux d’entrainement en commun. Ce qui permettra aux meilleurs jeunes de se mettre en évidence et de postuler en équipe 1. D’ailleurs, le choix du club de mettre à la tête de cette équipe, Fabien ATCHE (actuel entraineur des ¾ de l’équipe 1) est un signal fort envoyé aux jeunes -23 ans du club.
Pour une première comme Manager, un gros défi vous attend…
Effectivement le défi est de taille et vu la façon dont la saison s’est terminée au niveau des résultats. Ce n’est pas trop rassurant (rires). Mais je sais que je mets les pieds dans un club sain, stable, avec des personnes investies à la tête : ces critères là ont été déterminants dans mon choix. J’ai visionné la quasi-totalité des matchs et je me suis aperçu que même si les défaites s’enchainaient, il y avait beaucoup de qualité au niveau des joueurs. Cette équipe pouvait s’appuyer sur un bon pack mais a joué de malchance cette saison, en laissant échapper quelques matchs qui lui étaient promis sur des erreurs individuelles. On se doute bien que l’état mental des troupes ne doit pas être au beau fixe, mais ça sera à nous maintenant de savoir redonner l’envie et le plaisir aux joueurs de venir à l’entrainement, avec le sourire et de les fédérer autour d’un objectif commun. Le rugby reste pour moi un loisir où la notion de plaisir est essentielle. S’il n’y a pas cet ingrédient là, ça ne servira à rien de parler de tout le reste.