Layrac continue d’écrire son histoire. De sa promotion en fédérale 3 à celle en fédérale 2 en mai 2018, le club lot-et-garonnais s’est construit petit à petit, avant de vivre un nouveau moment très fort dimanche soir, avec cette accession en fédérale 1 (victoire 26-32 à l’aller, et 33-23 au retour, à 14 contre pendant presque tout le match). Une décennie incroyable sur laquelle un homme, Mathieu de Carli a posé sa patte, sa vision et son engagement. L’ancien deuxième ligne, homme de défis (et de selfies d’après victoires), avait prédit cette progression (voir interview vidéo en fin d’article), et a su fédérer autour de lui, pour faire de cet ancien petit club, un nouveau grand…
Mathieu, quelle est votre première réaction après cette saison pleine et surtout cette qualification ?
Ce soir j’ai d’abord envie de penser à ceux qui ne sont plus là, qui nous manquent, et qui ont construit ce club, comme Patrick Manias bien sûr. Ils seraient fiers de nous je pense. J’ai une pensée immédiate pour mon papa aussi En fait, cette joie rugbystique me renvoie à l’essentiel, à l’humain. C’est aussi cette relation humaine forte qui nous a sortis de l’ornière ce dimanche.
Justement, après la victoire 26-32 à Aramits, le match retour ne s’est pas déroulé comme prévu…
C’est certain. On est menés 13-0, on prend un carton rouge pour un coude en avant discutable, dès la 3ème minute, donc oui, c’était mal engagé. Mais voilà, mes joueurs ont eu un énorme coeur encore, ils ont fait preuve de pragmatisme aussi, c’est une équipe qui arrive à maturité, et dans ces moments importants, l’expérience peut faire la différence.
« Aller chercher un titre »
Vous vivez cette montée comme un aboutissement ?
Je ne sais pas, c’est une récompense formidable en tout cas. Rien n’est gratuit dans la vie, mais on peut se la rendre un peu plus belle si on s’en donne les moyens. Il faut bien avouer qu’en prenant le temps de se retourner sur le passé récent, c’est quelque peu inespéré. Mais on y a toujours cru, la croissance s’est faite progressivement, lentement, mais sûrement. On avait le sentiment qu’il fallait se justifier d’être monté en fédérale 2. Layrac est un club particulier, tout simplement, avec des gens formidables qui le rendent encore plus unique. Layrac mérite ce moment de gloire.
Que faudra-t-il attendre de Layrac en Fédérale 1 ?
On ne monte pas pour faire de la figuration. Nous voulons être une équipe respectable et respectée, avec nos vertus, notre courage, et nos valeurs, avec l’envie de rester invaincus chez nous par exemple. Je reste fidèle à mon discours : faire mieux que l’année d’avant.
Après 10 ans passés dans ce club, vous repartez donc pour une nouvelle décennie ?
(Rires) C’est long dix ans, et c’est passé tellement vite aussi. J’ai du mal à réaliser quand je pense à ces dix années. J’ai la fierté d’avoir porté le maillot comme joueur, puis comme entraîneur, et manager. J’ai connu ce club en Honneur, un titre de champion du Périgord-Agenais, une montée en fédérale 3, en fédérale 2, et maintenant en fédérale 1. Avec Eric Gourdeilh, nous aurions pu partir, il y a eu des propositions, mais nous sommes restés. Le rugby est une passion, ce n’est pas tout pour autant à notre niveau. La balance entre vie privée et vie rugby est importante. Ici, il y a une adhésion populaire, des bénévoles tellement investis, une relation très forte entre les joueurs, qui n’ont pas de fixe, juste des primes de match.
Vous insistez souvent sur cette notion que l’on peut faire de grandes choses avec peu de moyens financiers…
J’ai lu et entendu ici ou là que nous avions une équipe de mercenaires, depuis des années, que nos joueurs étaient payés grassement, le staff aussi. Mais pas du tout, notre club propose un double projet, sportif et professionnel. Nous trouvons des solutions aux problèmes, histoire de faciliter la vie des uns et des autres. On trouve du boulot pour le joueur, et pour sa compagne. On se bouge tout simplement, pour trouver des partenaires, mettre les joueurs dans les meilleures conditions, mais pas celles que certains croient.
Qu’allez-vous dire à vos joueurs lors du prochain entraînement ?
Je leur dirai à nouveau bravo, combien je suis fier d’eux, mais que la saison n’est pas terminée, bien au contraire. On aura le temps de se retourner sur cette belle aventure, mais au moment où l’on se parle, on a très envie d’aller chercher un titre aussi. Ca va passer par du travail encore, et par Rion-Morcenx le 11 juin, déjà, équipe que l’on connait bien puisque nous étions dans la même poule (victoire de Layrac dans les Landes 20-34, et victoire à domicile 24-10). Mais nous savons bien qu’un match de phase finale est tout à fait différent.