Dès l’âge de 8 ans et pendant plus d’une décennie, Jean-Vincent Igarza vit pleinement sa passion du rugby dans son club formateur : le Stade Toulousain. Rapidement, il va se distinguer par un talent certain qui le voit évoluer avec le même bonheur aussi bien au centre, qu’à l’ouverture et l’arrière. Une jeunesse dorée pour ce joueur protée ponctuée de quelques faits de gloire, comme la finale Cadets ou le titre de champion de France Crabos conquis aux côtés d’illustres coéquipiers : Servat, Fillol, Guffroy…, qu’il se remémore avec délectation. Pourtant, cette trajectoire linéaire va s’incurver à l’instar des courses inspirées qui le font déstabiliser les défenses adverses. En effet, le rêve d’éclore sous les couleurs de son club de cœur va se trouver sacrifié par le passage sous les fourches caudines des concours d’entrée à la podologie. Comme un pied de nez, seule Paris accepte de le recevoir. Il nous explique la suite : « Philippe Rougé-Thomas a appelé Denis Charvet qui secondait alors Bernard Laporte dans le recrutement, c’est comme cela que j’ai intégré directement le groupe pro du stade français à l’occasion d’un stage à Thonon-les-Bains. » Le grand bain même car malgré son jeune âge, Jean-Vincent participe à plusieurs rencontres de championnat jusqu’à même figurer dans le groupe des 25 retenu pour disputer la finale du championnat de France face à Colomiers (victoire 28 à 23) : « Certes, je ne m’étais pas changé mais j’avais vécu de l’intérieur ce titre et cela reste un grand souvenir d’être monté en tribune soulever le Brennus », avant de rajouter : « d’autant plus face à l’ennemi de toujours ! ». Comprenez le club à la Colombe, dont il ne daigne même pas prononcer le nom, héritage d’années stadistes et d’une rivalité dogmatique.
Le club francilien lui propose alors un contrat professionnel de 5 000 francs à la condition d’interrompre ses études. Un dilemme pour certains, pas pour le jeune centre qui affirme son intérêt pour la poursuite de son cursus. La signature d’un pré-contrat à Auch, tout juste promu en élite, le conforta dans son choix lui permettant un retour aux sources dans sa ville natale auprès également de sa future femme, Joséphine. La finale ayant été disputée mi-juillet, il se voit même généreusement accorder par l’encadrement auscitain une rallonge de vacances. Mais de nouveau, comme un rebond de ballon capricieux, la suite ne se passe pas comme prévu. « JVI » raconte : « J’étais à Capbreton en train de savourer et me ressourcer mais en achetant le Midol, je découvre avec surprise que le F.C. Auch a repris…avec un effectif au complet ! ». Les premiers regrets de l’aventure parisienne avortée surgissent. Mais encore une fois, sa deuxième famille, le Stade Toulousain va l’aider en facilitant son départ vers Tarbes pour l’aguerrir aux joutes farouches de la 2e division.