Fin juillet, à l’heure de mettre l’écran en veille, et du total pour le soleil, nous partions en vacances avec le sentiment du devoir accompli après tant de vidéos, de photos et d’articles publiés. La saison 2023-2024 avait marqué un tournant majeur pour le rugby pro et amateur. L’intersaison aussi. Pour cette reprise du temps, il devenait obligatoire de poser des mots sur les maux…
Côté pro tout d’abord. Qu’elle semble loin cette Coupe du monde 2023 qui nous tendait les bras, finalement partie dans ceux, survitaminés, des Springboks. Bon sang ne saurait mentir, encore fallait-il le contrôler. Bilan positif… pour World rugby, et sans gain pour le rugby français qui prend dette pour 2027. A chacun son analyse.
Sa fracture au visage contre la Namibie avait changé celui du XV de France, son absence lors du dernier tournoi aussi. Antoine Dupont a démontré cet été encore, qu’il était un mec en or, au service d’un collectif, malgré la lourde insistance des journalistes « d’enfer » une star au dessus de la mêlée. C’est sa destinée, un marchand de rêve, l’histoire de Toto, Ministre de l’intérieur, qui n’avait pas dix solutions contre une autre fracture, politique et sociale celle-là, qui a défiguré avant les « Je » Olympiques, le paysage de nos villes et de nos campagnes.
De campagnes, il en est question justement, mais autrement, avec celles de Florian Grill et Didier Codorniou, pour la présidence d’une « fédé » dans la tourmente. L’émotion du XV de France a provoqué en deux mois les motions de défiance.
Du chaos politique au KO rugbystique, la frontière était mince. Oscar Jégou et Hugo Auradou ne peuvent pourtant pas la franchir, accusés de viol lors d’une soirée argentine cauchemardesque, lancée par Melvyn Jami…niais. Ce dernier aura 34 semaines pour sortir son casque à pointes et méditer sur ses propos d’après match imbibés de racisme. Le VAR lui rendra son verdict définitif dès sa sortie du bunker.
Le rugby pro aura décidément alimenté l’intelligence artificielle des journalistes qui n’en demandaient pas tant. Qu’ils soient généralistes ou spécialistes, parfois les deux, l’auscultation des médias est aussi rapide que coûteuse. La faculté à tirer profit et à boulet rouge de ces « méfaits divers », aussi. Il faut dire que la porte des tribunaux correctionnels s’est ouverte avec une consternante régularité.
Bastien Chalureau, six mois de prison avec sursis pour agression, quatre pour Billy Vunipola pour coups et blessures, lui aussi après une soirée trop arrosée. Wilfrid Hounkpatin, un an avec sursis pour violences conjugales, un an ferme pour Mohamed Haouas, récidiviste, et quatre mois pour Stuart Hogg qui, à la violence, a rajouté le harcèlement envers son ex-femme.
« Non ce n’est pas qu’on est des surhommes, nous sommes a fortiori des hommes comme les autres, a fortiori nous sommes des hommes avant tout. » Marcel Patulacci a préparé la déposition de ces repentis à la gendarmerie de Montpellier. Car oui, tout ce beau monde va tenter de redorer son blason, sous une même tunique, grâce à un recrutement échafaudé par le duo Laporte-Altrad, patrons du « M Atcher« , pardon, du MHR, qui a sauvé de justice, pardon de justesse, ses noix à Grenoble.
Côté rugby amateur, les excès en tous genres auront été légion aussi : incivilités, bagarres, insultes, parents et public intenables, agressions verbales, physiques, contre les arbitres et en tribunes, les trop nombreux « poings » de rencontre sur le terrain se sont propagés derrière des mains plus que jamais courantes. Avec des mises à l’index justifiées comme il se doit, pour ces innocents aux mains pleines.
Des compagnies de bus, métamorphosées parfois en camping-car, désabusées par tant d’abus, ont même instauré un état des lieux entrant et sortant, pour maintenir les équipes dans le droit chemin. Mais quand un joueur prend le volant de sa voiture, tard, dans la nuit, le chemin est moins droit, la route dangereuse, voire mortelle. Le carnet noir s’est ainsi ouvert à de trop nombreuses reprises le samedi ou le lundi matin, à cause de ces virées interminables, et de ces sorties de route dramatiques et bouleversantes.
Sans transition, nous avons ici une pensée particulière pour un de nos plus fidèles lecteurs, Alexis Farconnet, jeune ouvreur de l’UA Tullins-Fures, lui aussi, victime d’un accident de la route fatal, le mois dernier.
Fort heureusement, les motifs de satisfaction sont nombreux. La saison dernière aura été riche de magnifiques moments en Régionale comme en Fédérale, que nous vous avons partagés avec grand bonheur. RugbyAmateur va ainsi enchaîner sa quinzième année consécutive (!). A vous présenter les programmes, les résultats, les classements, des résumés de matchs, à vous conter les belles histoires, les autres, les insolites, à saluer les affaires de famille, les maffrés, les cagolins, tout en se mobilisant pour Octobre rose, Movember, et… l’épidémie des maillots rétrécissants, moqués lors des avant matchs, mais si appréciés lors de notre concours national de Miss et Mister RugbyAmateur.
En conclusion et inclusion, chères amies, chers amis, chères followeuses, chers followers, chère communauté, nous sommes ravis de vous retrouver, qui plus est avec quelques belles surprises à venir. Oui, le rugby amateur reprend ses droits, mais à l’heure des figues, et bientôt des marrons, évitons qu’il reprenne ses droites. Et que l’esprit rugby, que nous gardons en bandoulière si précieusement, avec vous et pour vous, reste chaque weekend au centre de nos préoccupations. Et Medhi Narjissi dans nos pensées bien sûr. Reprise du temps !