La rencontre entre Prades et Gruissan dimanche dernier a fait couler beaucoup d’encre dans la presse écrite, et le buzz sur la toile (voir notre article : « Une improbable fin de match, sifflée… deux fois »). Un véritable cas d’école qui trouvera son issue au sein de la FFR, qui devra trancher si le score validé sera celui sifflé à 15-14, ou celui sifflé une seconde fois, mais à 15-17. D’ici là, la vie a repris son cours du côté pradéen, presque normalement. Nous avons contacté Gilbert Angles, le président de la JOPCC pour en savoir un peu plus sur l’après match et la suite espérée pour son équipe. L’homme a le verbe juste, posé et blagueur. Mais n’en demeure pas moins déterminé…
Président, tout d’abord, vous confirmez avoir déposé une réclamation à la fin du match de dimanche dernier ?
Gilbert Angles : Vis à vis des joueurs, des entraîneurs, des dirigeants, des bénévoles et de tout le club, je me devais de porter réclamation. Je suis peiné pour l’arbitre, que je ne veux pas accabler ici, au contraire. Mais il a commis une erreur, et l’a reconnue. Je ne peux pas rester les bras croisés, surtout que cette erreur nous enlève la victoire. La réclamation est posée, et elle a été prise en en compte, puisque la FFR m’a appelée lundi matin.
Qu’avez-vous dit à l’arbitre à la fin du match ?
Je vais vous surprendre, mais je l’ai félicité, car il m’a dit avoir été mauvais. Il faut être fort pour l’admettre dans ces conditions. Ceci dit, j’aurais préféré qu’il se tienne droit devant moi, à me dire, « Je suis sûr de mon jugement, c’est comme ça et pas autrement », j’aurais sans doute avalé la pilule plus facilement.
« Les arbitres sont comme les bonobos, ils sont en voie disparition, donc il faut les protéger », c’est aussi ce que vous auriez dit à chaud…
La presse locale a repris cette phrase, qui sortie de son contexte, fait « jazzer » et peut même faire sourire je le comprends. Mais surtout nous mettre à dos l’ensemble du corps arbitral (rires). Ce que je sous entendais, c’est que je ne me faisais guère d’illusions sur la suite de notre réclamation.
Vous ne croyez pas que votre réclamation sera entendue ?
Je dis seulement que j’accepterai la décision de la Commission, si elle est juste et équitable, auquel cas je ne ferai pas appel. Sinon, nous irons jusqu’au bout pour défendre notre bon droit. L’arbitre a annoncé à notre capitaine que c’était la dernière action sur la touche, on prend le ballon, on l’envoie dehors, l’arbitre siffle, c’est gagné, point. Il y a eu un mauvais geste d’un de nos joueurs sitôt la fin sifflée, je ne le conteste pas, mais on commençait à se serrer la main entre adversaires, c’est dire que la fin du match était actée et le coup de sifflet final entendu de tous. La vidéo du match en atteste.
« Des amis m’ont dit qu’on parlait plus de Prades depuis lundi, que de l’Usap ! »
Que vous dit Jean-Pierre Grand, président de Gruissan ?
Nous sommes amis, il est sincèrement désolé de cette situation. Il sait que ma réclamation n’est pas contre son équipe, mais pour la mienne. Je ne veux pas enlever des points à Gruissan, je veux juste qu’on nous donne ceux que nous avons gagné sur le terrain.
On souhaite bien du plaisir au prochain trio arbitral qui se déplacera à Prades…
Il va falloir nous envoyer un boxeur, ou un militaire oui (rires) ! Non, sérieusement, les arbitres, à notre niveau, sont payés tout de même, ils sont là pour prendre des décisions justes, pas toujours faciles certes, mais c’est le minimum que nous, les clubs amateurs puissions réclamer. Car nous, les bénévoles, donnons de notre temps pour faire vivre un club. Ce genre d’histoires n’est bonne pour personne. Mais il faut aussi en parler pour éviter que ce cas d’école ne se reproduise. Je suis entrepreneur depuis 40 ans, si un de mes employés fait une connerie, il est sanctionné, plus ou moins fortement en fonction de son erreur. Je ne vois pas en quoi ce ne serait pas pareil pour un arbitre, même si, je le répète, je ne veux pas accabler celui de dimanche. Je veux juste que justice sportive soit rendue.
On vous sent plus désolé qu’en colère finalement…
Disons que nous sommes des bénévoles passionnés, nous sommes là en théorie pour prendre plus de plaisir que subir ce genre de contraintes. Vous savez, dimanche, je suis parti du club vers une heure du matin, à nettoyer, ranger. Trois de nos bénévoles m’ont dit qu’ils arrêtaient, tellement ils étaient écœurés. Pour trouver des bénévoles aujourd’hui, il faut se lever tôt. Moi, lundi soir, je me suis couché tard, pour aller les convaincre de revenir. Ce n’est pas ça prendre du plaisir au rugby je crois. Gérer l’administratif, trouver des nouveaux sponsors, fidéliser les anciens, écouter les doléances des uns et des autres, c’est un vrai boulot. Et moi, j’en ai déjà un qui me prend du temps (Gilbert Angles gère une chaîne de Contrôles techniques). Il faut aussi se rendre compte des conséquences sur un club en général, quand il y a ce genre de problème. Des amis m’ont dit qu’on parlait plus de Prades depuis lundi, que de l’Usap !
Vous allez vous en souvenir de ce premier match officiel 2021-2022…
Du match pas vraiment, car il n’était pas terrible, mais de la fin, ça oui, c’est certain. On était le seul club catalan à jouer à domicile dimanche, il faisait beau, donc il y avait foule (environ 900 personnes). C’était une belle fête du rugby, mais… Très franchement, j’ai envie que toute cette histoire se finisse, vite, qu’on passe à autre chose. J’espère que les joueurs et le staff ont déjà la tête tournée vers le déplacement à Millau dimanche. La mienne est plus encombrée sûrement, mais chez nous, tout le monde attend que Prades soit déclaré vainqueur… enfin !