Accompagnées de Lise Michel, internationale à XIII évoluant à Ayguevives, les médaillées de bronze de la dernière Coupe du monde de rugby féminin étaient les marraines du 2ème Festival des Solidarités Filles-Garçons initié par la professeure de Lettres-Histoire Elodie Souliès du lycée Gallieni. Pauline Bourdon et Laure Sansus sont d’ailleurs mises à l’honneur dans l’exposition « Femmes sportives et engagées » faite par les élèves de 2nde Pro et leur professeur de Lettres-Histoire Amélie Mahé, joueuse du TCMS. Pour Rugby Amateur, elles évoquent l’importance de cette journée, la place de la femme dans la société et dans le paysage rugbystique français actuel…
Sébastien Julé, proviseur du lycée Gallieni présente tout d’abord cette initiative : « Pour le Festival de cette année, après les femmes oubliées et effacées de l’Histoire l’année dernière, l’idée était d’avoir une entrée par le sport. En s’interrogeant plus précisément sur la place des femmes dans le sport et la société grâce à des marraines joueuses de rugby. » Nous donnons donc la parole aux principales concernées, Gaëlle Hermet, 3ème ligne et capitaine des Bleues, et Pauline Bourdon, demi de mêlée internationale.
Rugby Amateur : Que représente pour vous le 8 mars ?
Gaëlle Hermet : C’est une journée dédiée à la femme, mais comme dit dans de nombreux discours, ce n’est pas une journée spécifique qui doit avoir lieu, c’est toute l’année. Le but est que cette journée n’existe plus pour que ce soit quelque chose d’acquis dans les moeurs de notre société. Ça reste une journée importante pour sensibiliser les gens, pour faire passer des messages, raconter des histoires, celles des femmes qui se sont battues pour qu’on ait des droits et des acquis aujourd’hui.
R.A. : Vous êtes les marraines du Festival des Solidarités du lycée Gallieni, pourquoi est-ce que c’est important pour vous de participer à ce genre d’événement ?
G.H. : Déjà, ça nous permet de découvrir l’environnement dans lequel on arrive (N.B. Lycée spécialisé dans l’automobile, les transports, conduite et maintenance et la logistique avec 20 % d’effectif féminin). C’est important dans le sens où l’on représente la femme dans notre sport. On est souvent mises à l’honneur de par le maillot que l’on porte quand on représente notre pays, mais c’est vrai qu’il y a des femmes qui se sont battues pour des choses bien plus importantes, et d’autres aujourd’hui qui se battent encore et qui n’ont jamais été mises à l’honneur. C’est l’occasion de véhiculer tout ça en même temps.
« Il faut commencer à s’inquiéter sérieusement… »
R.A. : Peut-on parler de parité hommes-femmes dans le monde du rugby en 2023 ?
G.H. : Je pense qu’on en est encore un peu loin. On essaye de s’en rapprocher, mais que ce soit dans le sport ou dans la société en général, on n’y est pas. On en parle c’est vrai, mais le réel impact, c’est de faire bouger les choses pour qu’aujourd’hui, ce ne soit plus que des paroles. Que ce mot soit enfin acté.
R.A. : Bayonne l’année dernière, Chilly-Mazarin cette saison, faut-il s’inquiéter des forfaits généraux constatés en Elite 1 ?
Pauline Bourdon : Forcément, il faut commencer à s’inquiéter sérieusement. On a un championnat qui n’est pas très attractif depuis un petit moment déjà, depuis qu’on est passé à deux poules de huit il y a 2 ou 3 ans. Il faut que la Fédération donne des moyens au rugby féminin, pour peut-être de passer à une poule unique qui rendra le championnat plus intéressant avec des médias qui s’intéresseront enfin à notre championnat.
R.A. : Certains ont évoqué dans la presse la trop forte présence d’internationales dans certains clubs. On pense évidemment aux 3 clubs occitans qui cumulent 20 des 36 joueuses du groupe France pour le VI nations. Est-ce vraiment le fond du problème ?
P.B. : Je ne suis pas forcément d’accord. Les filles vont aussi là où il y a des structures en place qui leur permettent de mieux s’entraîner. A l’heure actuelle, tous les clubs n’ont pas cette particularité là. Il y a aussi les filles qui sont issues de leur région et qui ne cherchent pas forcément à en changer. Il faut surtout que tous les clubs se structurent pour que le rugby soit attractif dans tous les clubs d’Elite 1.
R.A. : Le club du LMRCV envisage de rémunérer ses joueuses la prochaine saison grâce à des financements de partenaires. Est-ce que c’est la solution pour que le rugby féminin soit à son meilleur niveau en France ?
P.B. : Je ne sais pas si c’est la solution, mais il va forcément falloir en passer par là pour libérer les filles de leur travail, pour qu’elles puissent aller s’entraîner un peu plus la journée et continuer la progression du rugby féminin. On arrive au bout d’un système avec les contrats fédéraux. Il va falloir que les clubs prennent aussi le relais. Lille lance vraiment bien ce système et j’espère que ça donnera des idées aux autres clubs.
R.A. : Quel message voudriez-vous faire passer aux filles et femmes en ce 8 mars ?
G.H. : Tout simplement de s’investir, de prendre du plaisir, de croire en soi et de ne pas se laisser faire sous prétexte qu’on est une femme et qu’on ne peut pas faire ou dire telle ou telle chose Au contraire, notre voix, nos actes sont hyper importants. Nous, on a aussi cette mission de transmission dans le rugby, on a vraiment envie que des jeunes filles et jeunes garçons s’identifient à nous et qu’il n’y ait plus cette différence homme-femme dans le milieu du sport.