Ce weekend se disputait la deuxième journée du championnat Espoirs Élite. En Poule 1, deux formations ayant parfaitement entamé leur saison se faisaient face. En déplacement pour la deuxième fois d’affilée en Occitanie après son succès sur l’herbe columérine (34–39), le SU Agen souhaitait bien évidement poursuivre dans une dynamique positive. Pas une mince affaire quand l’adversaire du jour n’était autre que le Stade Toulousain, champion de France en titre et large vainqueur (64-25) de l’Aviron Bayonnais le weekend dernier… (Par Marco Matabiau/ Photos Eric Vincent)
Le match
Bien que vent dans le dos, les Toulousains subissaient en ce début de rencontre, et pas qu’un peu. Pas moins de cinq pénalités concédées en moins de cinq minutes de jeu. Pour cette répétition de fautes, le Stadiste Labarthe écopait d’un carton jaune après une belle action initiée par le deuxième agenais Nehring et prolongée par Noudofinin (7ème). En supériorité numérique, les visiteurs jouaient la pénalité à la main: solide charge du pilier Hoarau, renversement et longue passe de l’ouvreur Jean pour Noudofinin (encore lui). L’ailier négociait à merveille son face-à-face avec son vis-à-vis Nemor et pointait en coin (0 – 5, 9ème).
Toulouse tentait de se refaire, tenait un peu mieux le ballon, mais sans réussir à réellement mettre en danger la défense lot-et-garonnaise. Le vent ne faiblissant pas (et une pluie fine faisant même son apparition), Agen devait, pour sa part, porter le ballon et lancer le jeu de ses propres 22 mètres. De fait, les Bleu et Blanc s’exposaient et concédaient à leur tour une pénalité que l’arrière Alary convertissait (3 – 5, 20ème). Le SUA était davantage sous l’éteignoir. Sa mêlée concédait une nouvelle pénalité, et son demi de mêlée Luchinni un carton blanc (22ème).
A 15 contre 14, le Stade Toulousain ne se faisait pas prier pour inscrire son premier essai de l’après-midi: longue séquence, pilonnage au ras, puis l’ouvreur Richardis allongeait une merveille de jeu au pied transversal pour Lacombre côté gauche. Le capitaine et talonneur, positionné le long de la ligne de touche et oublié par l’arrière-garde agenaise, réceptionnait et marquait sans opposition (8 – 5, 25ème). De la très belle ouvrage s’il en est.
Pas le temps de souffler que les Toulousains inscrivaient un nouvel essai. Contre mené par Jouanny, Vignères et Richardis. Rapidement libéré, le ballon échouait au demi de mêlée Daroque, qui trouvait à hauteur Labarthe. A l’aise, le troisième ligne prenait l’espace et filait au pied des barres. Alary rajoutait les deux points de la transformation (15 – 5, 29ème). Agen réagissait quelques instants plus tard. Mêlée sur les 22 adverses. Servi en premier attaquant, Jean prenait tout le monde à revers et pensait marquer. Il commettait toutefois un en-avant au moment d’aplatir (32ème). Une pénalité était cependant obtenue, et Jean inscrivait non pas cinq mais trois points (15 – 8, 34ème).
Les ultimes minutes du premier acte voyaient les deux formations continuer à chercher des solutions tant au près qu’au large. Une fois encore, Toulouse tenait le ballon mais commettait trop de fautes. Tout d’abord en défense, quand Pouzelgues effectuait un plaquage retourné sur Serieyssol, troisième ligne et capitaine agenais. Carton jaune (36ème). En dépit de cette infériorité, Toulouse relançait toujours le jeu, cette fois par l’entremise de son ailier Gil. Sa belle progression était néanmoins annihilée par le déblayage « excessif » du pilier Megherbi. Le score restait inchangé jusqu’à la pause.
Agen ne peut profiter du vent, Toulouse au finish
Comme ils avaient terminé la première, les Toulousains débutaient la deuxième période. Par une faute au sol. Pénaltouche agenaise à 5 mètres de l’en-but, mais rien de bien positif à se mettre sous la dent (42ème). Les Stadistes remontaient à leur tour les ballons du fond du terrain, ce qui occasionnait une belle relance orchestrée par Nemor, Alary, Richardis et Daroque. Quatre joueurs dont le jeu de passe au contact faisait merveille. Les premiers changements s’opéraient alors dans les deux camps. Au SUA, Beffara, Karram et Fineanganofo étaient remplacés par Ouldji, Polius et Lotin. En face, Megherbi et Richardis (touché au pied) quittaient la pelouse, Dauguet et Galtier (à l’arrière) faisaient leur entrée. Alary passait en 10.
Les deux staffs n’en avaient pas fini. Varenne et Llaveria suppléaient Agati et Daroque côté toulousain. Chez les visiteurs, les piliers Deron et Samarut substituaient Hoarau et Everaert. Tous ces chamboulements profitaient finalement aux locaux. Attaque grand champ dans les pas des centre Vignères et Pouzelgues et de Gil. Sur le renversement, Alary, à l’instar de Richardis 25 minutes plus tôt, délivrait une longue passe au pied transversale. Cette fois pour Nemor, lequel, à pleine vitesse, captait le ballon du bout des doigts et aplatissait en coin (20 – 8, 56ème). Autre fait notable: le vent ne soufflait quasiment plus sur Ernest-Wallon, au grand dam des visiteurs.
Peu après l’heure de jeu, Jean, visiblement en délicatesse avec son épaule gauche, devait quitter ses camarades. Il était remplacé par Delom. Aucun rapport de cause à effet, mais la mêlée stadiste gagnait une nouvelle pénalité (bel effort de Varenne face à Samarut). Sans conséquence. Au tour des Agenais de se montrer dangereux. Monumentale « 50 – 22 » trouvée par Cotterli. Un long enchainement s’en suivait. Malheureusement pour les Bleu et Blanc, la dernière passe de Delom vers son ailier était mal assurée. Une nouvelle opportunité lot-et-garonnaise venait de s’envoler (65ème).
Sur la fin de match, on voyait bien que les Toulousains faisaient tout pour aller chercher le quatrième essai, synonyme de bonus offensif. Pour leur part, les joueurs du SUA défendaient crânement leur chance et opéraient plutôt en contre. On pensait se diriger tranquillement vers le terme de la partie quand, dans les arrêts de jeu, la mêlée toulousaine glanait une dernière pénalité. Il n’en fallait pas tant à Llaveria pour jouer rapidement pour lui-même et s’échapper sur plus de 40 mètres pour inscrire la quatrième réalisation de sa formation (25 – 8, 80ème + 1). Victoire bonifiée en poche, les Rouge et Noir pouvaient alors profiter du coup de sifflet final de Monsieur Maset.
Un vent fort, puis une pluie fine. On ne peut pas dire que les conditions dans lesquelles cette rencontre (disputée sous les yeux de « L’incomparable » Philippe Sella) s’est déroulée étaient optimales. Pourtant, les deux équipes ont, tout au long des 80 minutes, essayé de produire un jeu complet, fait de passes et de prises d’initiatives. Notamment menés par leur troisième ligne Dupreez et leur charnière Luchinni – Jean, les joueurs d’ Olivier Campan, Julian Guiard et Alain Garcia ont longtemps tenu la dragée haute à leurs adversaires du jour, sans toutefois se montrer suffisamment efficaces dans leurs temps forts. Un détail qu’il s’agira de régler avant de recevoir le Racing Club de France la semaine prochaine.
Longtemps empruntés et imprécis malgré une évidente volonté de bien faire, les hommes de David Mélé et Jerome Kaino ont longtemps buté face à la belle organisation adverse. Costauds en mêlée fermée, ils ont su, contrairement aux Lot-et-Garonnais, se montrer efficaces, bien mis dans l’avancée par Jouanny, Pouzelgues et Alary, replacé à l’ouverture en fin de match. Le point de bonus récolté en toute fin de match, quoi qu’inespéré, est apprécié à sa juste valeur. A en croire les mots de David Mélé (qui ne les a pas mâchés) lors du briefing d’après-match, il s’agit de réagir (et vite!) avant de se rendre à l’Union Bordeaux-Bègles, à créditer d’un spectaculaire match nul (33 – 33) en terre bayonnaise ce samedi.
Réactions
David Mélé (Entraîneur, Toulouse): « On est bien loin des standards habituels, pas forcément en termes de résultats, mais en termes de jeu, de ce qu’est capable de produire cette équipe. Frustrant. On n’a pas réussi à mettre notre jeu en place donc, mais quand on arrive à le faire, on voit qu’on peut réaliser de bonnes choses. Néanmoins, c’est trop par intermittence. On laisse les Agenais dans le match. Ils avaient des qualités à faire valoir. On prend, de façon inespérée, le bonus. On va le prendre quand même tout en espérant montrer un autre visage à Bordeaux la semaine prochaine ».
Alain Garcia (Entraîneur, Agen): « Joli match d’Espoirs Élite face à une superbe équipe de Toulouse. On fait une belle première mi-temps. L’objectif était de bien tenir le score, le plus longtemps possible. Malheureusement, sur la deuxième mi-temps, on cède un peu même si on fait peu de fautes. Le delta énorme, c’est l’efficacité en zone de marque. Dans les 30 mètres, le Stade Toulousain est capable de scorer rapidement. Nous nous approchons plusieurs fois des lignes sans parvenir à marquer autant qu’eux ».
Mathieu Galtier (Arrière, Toulouse): « On a eu du mal à produire notre jeu. Devant, on a été bons sur les phases de conquête. Derrière, on a eu du mal à se lâcher les ballons. Un peu compliqué. En deuxième période, on a un peu rectifié le tir, sans que ça suffise pour autant. Ensuite, il faut qu’on joue davantage collectivement. On a chacun voulu faire la sienne et garder les ballons. Ce n’est cependant que le deuxième match de championnat. Encore du travail, mais je ne m’inquiète pas pour la suite ».
Mathias Jean (Demi d’ouverture, Agen): « Un peu déçu. On fait une belle première mi-temps contre le vent. On n’arrive pas à concrétiser, notamment en deuxième mi-temps. On s’est rendu compte que cette équipe de Toulouse aurait pu être prenable. Pas mal de regrets au final ».
Feuille de match
A Toulouse (Stade Ernest-Wallon): Stade Toulousain bat Sporting Union Agenais 25 à 8 (mi-temps: 15 à 8).
Arbitrage: M. Adrien Maset assisté de MM. Guillaume Birot et David Laborie (Ligue Occitanie).
Cartons blancs: à Agen, Luchinni (23ème).
Cartons jaunes: à Toulouse, Labarthe (7ème), Pouzelgues (36ème).
Pour Toulouse: 4 essais Lacombre (25ème), Labarthe (29ème), Nemor (56ème), Llaveria (80ème + 1), 1 pénalité (20ème) et 1 transformation Alary.
Pour Agen: 1 essai Noudofinin (9ème), 1 pénalité Jean (34ème).
Composition Toulouse: Alary; Nemor, Pouzelgues, Vignères, Gil; Richardis (o), Daroque (m); Labarthe, Moreau, Jouanny; Elias, Portat; Megherbi, Lacombre (cap), Agati.
Sur le banc: Cros, Varenne, Condon, Lacroix, Llaveria, Pichardie, Galtier, Dauguet.
Entraîneurs: David Mélé et Jerome Kaino.
Composition Agen: Auritch; Boulan, Bonavita, Oge, Noudofinin; Jean (o), Luchinni (m); Dupreez, Serieyssol (cap), Fineanganofo; Nerhing, Karram; Everaert, Beffara, Hoarau.
Sur le banc: Ouljdi, Deron, Lotin, Polius, Goujard, Delom, Cotterli, Samarut.
Entraîneurs: Olivier Campan, Julian Guiard et Alain Garcia.