Un premier match reporté par arrêté préfectoral en septembre (terrain trop sec), un deuxième match soldé par un douloureux 76-5 à Garonna XV, suivi d’un forfait par manque de joueurs le 2 octobre dernier. Avant d’attaquer un deuxième bloc qui s’annonce aussi décisif que compliqué, Didier Canivenc, le manager historique de Marssac (81) fait un point sur la situation de son club (Régionale 3 Occitanie) et du rugby amateur en général…
Didier, vous faites face à un problème d’effectif, alors qu’à l’intersaison vous annonciez avoir une quarantaine de joueurs, que s’est-il passé ?
Il y a eu une vague d’arrêts de tous les quadras venus donner un coup de main la saison dernière. Nous y étions préparés, donc on a commencé à recruter assez tôt, et avec réussite, puisqu’on a eu l’accord d’une trentaine de joueurs. De quoi nous rendre confiant pour la reprise. Aux premiers entraînements fin juillet, on avait 25 gars, plus quinze autres qui étaient excusés car en congés. On était donc sur une base de 40 joueurs, suffisant pour attaquer la saison. Mais certains ne sont finalement pas venus, d’autres ont mis beaucoup de temps à faire leurs papiers, il en reste 4 ou 5 qui n’ont pas encore fait leur licence notamment. Ajouté à cela les blessés, les arrêtés préfectoraux nous interdisant d’arroser et de nous entraîner sur notre terrain, annulant de fait les matchs amicaux aussi. Dans un groupe renouvelé à 80%, sans entraînement, sans match, sans repère commun, c’est vraiment difficile de mobiliser les gars.
D’autant plus que vous avez eu un premier match reporté, suivi d’une très lourde défaite…
Oui, notre premier match à Garonna XV a été dur. C’est une équipe de 2ème série, nous notre niveau est véritablement celui d’une 4ème série. On part « à poil », avec 16 joueurs, dont 3 qui n’avaient jamais joué, donc on a tenu 30 minutes avant d’exploser (défaite 76-5). Pour le moral, ca ne fait pas du bien non plus !
Au delà de votre problème d’effectif, vous pointez aussi du doigt la réforme des niveaux ?
Cette refonte des séries passée en 3 niveaux de régionale, est inadaptée oui. Pire, elle va tuer certains clubs. Je vois tous les forfaits dont vous avez parlé depuis plusieurs semaines, et je pense qu’il y en aura d’autres à venir. Un club moyen de 4ème série qui rencontre un club de 2ème série qui a joué les premiers rôles à ce niveau quelques mois plus tôt, ça fait des scores lourds. Prendre 70 points une fois ou deux, ok, mais après ça fait moins rire. On est en train de tuer les tout petits clubs.
Vous êtes dans le « c’était mieux avant » ?
Pas pour tout, car il y a plus de jeu aujourd’hui, moins de bagarres, le rugby d’en bas s’est assaini, et c’est tant mieux. Mais le niveau a grimpé de deux ou trois crans en peu de temps. Les équipes sont armées pour aller chercher un titre. Le passage de Midi-Pyrénées à l’Occitanie y a contribué sûrement. Mais au final, un gars de 25 ou 30 ans qui voulait découvrir le rugby en 4ème série il y a encore peu de temps, il pouvait le faire, et sans danger. Aujourd’hui, il ne peut pas, ou très difficilement.
A l’approche de ce deuxième bloc de matchs, quel est votre sentiment ?
On va faire au mieux avec les moyens du bord. Vous savez, en 4ème série, on savait qu’en s’accrochant un peu, même avec quelques défaites, on pouvait jouer des phases finales au printemps. Ca tenait un groupe éveillé, motivé. Là, c’est fini, il n’y a plus d’espoir d’accrocher quoi que ce soit. On sait fin octobre qu’on va finir derniers de poule, donc pour motiver les joueurs et leur dire que la saison s’arrêtera mi-mars, c’est très compliqué. Surtout que parfois, certains joueurs nous font comprendre que les repas de famille priment sur les weekend de match !
« Mettre le début du championnat en séries au 18 septembre, est une ineptie. »
Quelles seraient les solutions selon vous ?
Changer les niveaux me semble impossible maintenant, mais changer le calendrier, c’est possible. On ne peut pas demander à des joueurs qui sont en vacances en août, qui reprennent les entraînements fin août, voire début septembre, de jouer au rugby quinze jours après. Mettre le début du championnat en séries au 18 septembre, est une ineptie. Pour en avoir parlé avec d’autres présidents, je sais que nous sommes nombreux à le penser. C’est illusoire, voire dangereux, de croire qu’un groupe soit au complet et prêt en 15 jours. Du moins pour les clubs de Régionale 3. A ce niveau, les joueurs ne touchent pas un centime, partent en vacances quand ils peuvent, et nous, on s’adapte. Ce n’est pas nouveau, mais ça fait 20 ans qu’on le dit… et rien ne change.
Et au niveau des effectifs, quelles sont les idées ? On voit de plus en plus de rassemblements, notamment près de chez vous…
Au rayon des solutions, on regarde aussi auprès des clubs qui ont des effectifs pléthoriques, parfois de 80 joueurs pour deux équipes, et qui en laissent 15, 20 ou 25 sur le carreau chaque weekend. On a essayé de se rapprocher de ces clubs là, pour étudier la possibilité de récupérer ces joueurs, sous forme d’un prêt, double licence, tutorats, qu’ils jouent le dimanche avec nous, et ainsi sauver les clubs en problème d’effectif. Car nous ne sommes pas les seuls !
Vous avez connu bon nombre de difficultés avec le club de Marssac ces dernières années. Vous nous aviez confié que vous étiez inquiet pour le rugby amateur en 2018 (voir article). Vous avez songé à jeter l’éponge ?
Non ! On va continuer à se battre, ce sera une année de transition, pénible, on le sait, mais on va tout donner. Le match de ce weekend revêt une importance capitale pour la suite de notre saison, à tous les niveaux. Ce sera une autre histoire en juin prochain quand il s’agira de réfléchir si je repars ou pas…