Ce weekend se tenaient sur la pelouse d’Ernest-Wallon les demi-finales d’Elite 1 Féminine. Après l’affrontement entre Blagnac et Bordeaux, la seconde mettait aux prises le Stade Toulousain Rugby, vainqueur au tour précédent (32 – 11) du Stade Villeneuvois Lille Métropole, et l’ASM Romagnat Rugby Féminin, qui avait quant à elle aisément disposé (52 – 7) des Amazones de Grenoble… (Par Marco Matabiau/ Photos Alain Montségur).
Le match
La rencontre débutait par une belle séquence des Toulousaines, ponctuée d’une pénalité en leur faveur. L’option de la pénaltouche était privilégiée, mais l’Auvergnate Franc confisquait la munition dans l’alignement. Dominatrices, les Rouge et Noir se voyaient néanmoins souvent renvoyées dans leur camp par le long jeu au pied de l’arrière Trémoulière. Elles concédaient ensuite un coup-franc sur mêlée, et l’ASM Romagnat passait enfin la ligne médiane balle en mains (10ème).
Appliquées en défense, gagnant le plus souvent le combat au sol, les Jaunardes contraient après une interception de leur demie de mêlée Gaucher. Au terme de l’action, elles glanaient une pénalité que Trémoulière convertissait en points (3 – 0, 12ème). Les Haut-Garonnaises filaient même un mauvais coton quand la troisième ligne Cazorla se rendait coupable d’un plaquage haut sur Trémoulière après un jeu au pied de cette dernière. Carton jaune (18ème). Cette supériorité numérique profitait aux Romagnatoises: la pilière toulousaine Traoré se faisait sanctionner en mêlée. Trois points de plus pour Trémoulière (6 – 0, 22ème).
Et le Stade Toulousain dans tout ça? Il fallait attendre l’approche de la demi-heure pour voir la troisième ligne Escudero trouver enfin un peu d’espace et initier un mouvement que l’ouvreuse Bourdon-Sansus prolongeait d’un jeu au pied transversal vers son ailière Ibanez. L’action n’aboutissait pas, mais Madame Bralley signalait un hors-jeu de position dans la ligne défensive. Bordes s’approchait au pas de tir et permettait à sa formation de combler la moitié de son retard (6 – 3, 30ème).
Malheureusement pour elle, dès le renvoi, cette même Bordes se faisait contrer par Shelford. La deuxième ligne récupérait même le ballon et menait le contre. Sous pression, Toulouse était sanctionné, mais la pénaltouche qui suivait, malgré une nouvelle prise de Franc, ne donnait rien. Dans les ultimes instants de ce premier acte, les Haut-Garonnaises proposaient un dernier enchainement, mettant l’accent sur le jeu au près. Arrivées dans les 22, elles ne pouvaient toutefois pas conclure, Deschamps échappant le ballon au contact. Il était alors l’heure de la pause citrons.
Les Auvergnates intraitables et pragmatiques
Comme elles avaient terminé la première période, les Toulousaines entamaient la seconde, mais Franc, décidément intenable, grattait un nouveau ballon au sol (42ème). Pas de quoi décourager les Rouge et Noir cependant. Attaque en première main, percée plein axe de Fernandez. La trois-quart centre libérait ensuite pour Bordes, puis le ballon était écarté vers Bourdon-Sansus, qui allongeait vers Philippe. La trois-quart centre faisait ensuite parler sa puissance pour marquer en force (6 – 8, 47ème).
Dans la foulée, le Stade Toulousain effectuait du changement en première ligne. Cros et Reulet suppléaient Traoré et Lapoujade. Pour leur part, les Auvergnates repartaient de l’avant et obtenaient une nouvelle pénalité. Une fois n’est pas coutume, Trémoulière, des 30 mètres, ratait la cible (50ème). Au tour des Jaune et Bleu de faire tourner: Natua remplaçait Husson à gauche. Côté jeu, les Stadistes continuaient d’enchainer, mais les soutiens manquaient à l’appel, notamment sur la relance d’Ibanez. Grattage de la troisième ligne italienne Sgrobini, pénalité et trois points supplémentaires dans l’escarcelle de Trémoulière (9 – 8, 54ème).
Les vingt dernières minutes commençaient de manière identique. Faute au sol toulousaine, et trois points pour l’artificière en chef auvergnate (12 – 8, 60ème). C’était ensuite au tour de l’arrière Argudo de se faire contrer par l’ailière Fiafialoto. Les Romagnatoises se mettaient rapidement en ordre de marche et Toulouse était pris. Carton jaune pour Reulet (62ème). De quoi donner encore davantage le cafard aux coéquipières de Bourdon-Sansus, qui faisaient entrer du sang neuf en la personne de l’ailière Vergnaud. Philippe sortait et Ibanez passait au centre.
Quelques instants plus tard, nouvelle mêlée. Une énième épreuve de force dont la droitière Guerrith sortait victorieuse face à Cros. Des quarante mètres, Trémoulière donnait désormais sept longueurs d’avance aux siennes (15 – 8, 68ème). Dos au mur, les Haut-Garonnaises faisaient le forcing pour revenir à hauteur. Touche dans les 22, percussion d’Escudero, puis deux temps de jeu plus tard, la troisième ligne héritait de nouveau du ballon mais ne pouvait aplatir (70ème). Renvoi sous les barres.
Une opportunité s’envolait pour Toulouse. Quand une se présentait pour les Jaunardes, elles ne la laissaient pas passer. Relance orchestrée par la trois-quart centre Gincourt et l’ailière Perraudin (entrée en jeu quelques minutes auparavant à la place de Tixier). Sur le retour grand côté, Tuy attaquait la ligne, faisait parler ses appuis de septiste et perçait le rideau. Un dernier raffut et l’ouvreuse filait derrière la ligne. Transformation de Trémoulière (22 – 8, 76ème). Le break semblait fait, ce qui n’empêchait pas les Toulousaines de répliquer.
A l’orée des arrêts de jeu, elles revenaient en effet à une marque quand la deuxième ligne Dedy passait en force la ligne de but adverse. Argudo transformait (22 – 15, 79ème). Malheureusement pour les tenantes de la Coupe de France, il s’agissait là de leurs derniers points. Effectivement, l’ASM Romagnat remettait la main sur le ballon. Une fois de plus, Tuy était à la manœuvre. Prise de balle à plat, crochet et passe allongée pour Fiafialoto, qui filait marquer en coin, parachevant ainsi le succès des siennes (27 – 15, 80ème + 2) et les propulsant en finale du championnat de France.
Sur leur pelouse d’Ernest-Wallon, les protégées de Laure Sansus-Bourdon, Céline Ferer et Olivier Marin n’ont donc pas réussi à venir à bout de redoutables Auvergnates. Gênées aux entournures par une féroce défense, elles n’ont que trop rarement réussi à créer de l’avancée pour mettre réellement en difficulté leurs adversaires du jour, et ce malgré l’implication d’Escudero et Hermet et les fulgurances de Fernandez.
Trois ans après le titre obtenu sur la pelouse d’Ernest-Argelès, les joueuses de l’ASM Romagnat retrouvent donc la finale du championnat de France. Solide défensivement (avec une Franc des grands jours), serein en conquête derrière l’axe droit Guerrith – Shelford, le groupe piloté par Fabrice Ribeyrolles et Jérémy Jallut s’est également appuyé sur la science de son ouvreuse Tuy et le pied droit de Trémoulière (19 points au compteur). De bon augure avant le dernier rendez-vous de la saison (qui se tiendra la semaine prochaine au Stade Pierre-Rajon de Bourgoin) face aux Lionnes du Stade Bordelais, victorieuses pour leur part de Blagnac (29 – 19).
Réactions
Fabrice Ribeyrolles (Entrâineur, ASM Romagnat): « Très longtemps que je suis fier de ces joueuses. Neuf ans que j’accompagne certaine d’entre elles. Cette année, on a très bien travaillé. On a mérité notre place en finale. On a fait un match sérieux, bon dans la stratégie. On a su scorer sur nos temps forts. Le pied de Jessy nous a fait énormément de bien. On a bien défendu. On est en finale pour la deuxième fois en quatre ans. On a un groupe fabuleux qui malgré les absences donne le meilleur pour les copines. C’est l’essence même de ce sport et ce qui en fait la beauté. On va bien récupérer parce qu’on sait que ce qui nous attend derrière, ça va être terrible le weekend prochain ».
Olivier Marin (Manager, Stade Toulousain): « On n’est pas mortes nos armes à la main. On n’a pas joué ni enclenché ce que l’on voulait mettre en place. C’est frustrant. En conquête, pas trop mal. Beaucoup d’indiscipline, notamment avec des cartons jaunes, qui coûte cher. Quelques mauvaises décisions du staff ».
Jessy Trémoulière (Arrière, ASM Romagnat): « Fantastique. On joue contre le Stade, une forte équipe avec beaucoup d’internationales, à Ernest-Wallon. C’est fabuleux. Derrière, on atteint la finale. On est allées chercher le match, on a su garder la tête froide. On prend un essai à deux minutes du terme, mais on remarque dans la foulée. On a encore franchi un cap. La finale, un gros morceau en face de nous, mais ça reste un match de 80 minutes ».
Feuille de match
A Toulouse (Stade Ernest-Wallon) : ASM Romagnat Rugby Féminin bat Stade Toulousain Rugby 27 à 15 (mi-temps: 6 à 3).
Arbitrage : Mme Bérénice Bralley (Occitanie) assistée de MM. Doriane Domenjo (Occitanie) et Lucie Laporte (Nouvelle Aquitaine).
Cartons jaunes : au Stade Toulousain, Cazorla (18ème), Reulet (62ème).
Pour Romagnat : 2 essais Tuy (76ème), Fiafialoto (80ème + 2), 5 pénalités (12ème, 22ème, 54ème, 60ème, 68ème) et 2 transformations Trémoulière.
Pour Toulouse : 2 essais Philippe (47ème), Dedy (79ème), 1 pénalité (30ème) Bordes, 1 transformation Argudo.
Composition Romagnat : Trémoulière; Tixier, Pignot, Gincourt, Fiafialoto; Tuy (o), Gaucher (m); Gabriagues, Sgorbini, Franc; Shelford, Roux; Guerrith, Lazarko, Husson.
Sur le banc : Fournié, Natua, Roy, Meguerba, Raoux, Augusto, Perraudin, Maris.
Entraîneurs : Fabrice Ribeyrolles et Jérémy Jallut.
Composition Toulouse : Argudo; Arbey, Philippe, Fernandez, Ibanez; Bourdon-Sansus (o), Bordes (m); Escudero, Hermet (cap),Cazorla; Roboam, Zago; Lapoujade, Deschamps, Traoré.
Sur le banc : Folituu, Cros, Dedy, Jean, Espuga, Bienaimé, Vergnaud, Reulet.
Entraîneurs : Laure Sansus-Bourdon, Céline Ferer et Olivier Marin.