Une semaine après son exploit à Castelsarrasin, et à une semaine de sa demi-finale du championnat de France de fédérale 1 contre Valence d’Agen, le Sporting Club Mazamet va refuser la montée en Nationale 2, pourtant chèrement acquise sur le pré. Un choix qui ne surprend pas tant que cela, tant les rumeurs de cette décision se faisaient de plus en plus insistantes ces derniers jours. Daniel Rouanet, président du Sporting depuis 10 ans nous en explique les raisons, et évoque aussi l’avenir…
Président, vous refusez officiellement la montée en Nationale 2, pourquoi ?
Tout simplement et uniquement pour des raisons financières. On aurait préféré monter, je peux vous l’assurer, nous dirigeants, les joueurs, les supporters, tout le monde le souhaitait, mais on reste lucides. Le club a 120 ans, il est passé par des hauts et des bas, et je n’ai pas envie d’être à l’origine d’un dépôt de bilan…
Quel est le budget actuel, et quel est celui qui serait minimum pour jouer en nationale 2 ?
Notre budget global depuis que nous sommes montés en Fédérale 1, est à 500 000€. Pour jouer en Nationale 2, il faut compter deux fois plus de déplacements, pour la plupart, très lointains. Il faut prévoir des contrats pluriactifs aussi. Tout additionné, il faudrait rajouter 300 000€. Nous n’avons pas et nous n’aurons pas 800 ou 850 000€ pour la saison prochaine.
Est-ce à dire que Mazamet restera toujours en Fédérale 1 ?
Non, car on ne peut pas jouer le haut du tableau indéfiniment et ne pas monter, c’est certain. Et je peux vous assurer que nous serons compétitifs la saison prochaine. Ceci dit, il faut se préparer pour être digne de la Nationale 2, et nous n’étions pas préparés à monter cette saison. Ca fait dix ans que je suis président, je fais une dernière saison pour passer le témoin aux futurs co-présidents. Mais je tiens à le faire dans de bonnes conditions. Nous avons souffert par le passé, on digère à peine notre montée en fédérale 1, et nous ne voulons plus souffrir.
« On va se faire critiquer, mais… »
Comment se préparer au mieux alors pour envisager une future montée ?
Se renforcer à tous les niveaux, se structurer, créer plus d’animations autour du club, et ça prend du temps. Là, on se donne un an pour se projeter, d’ici là, on essaye d’avoir une gestion de bon père de famille. Mon propre père me disait plus jeune qu’il faut respecter des paliers de décompression, comme un plongeur, avant de monter. On ne va pas, et on ne veut pas monter trop vite. On ne veut pas être cette équipe qui fait le yoyo non plus. Donc sans doute que l’on va se faire critiquer, mais il est utile de préciser que nous refusons la montée cette année oui, mais pour mieux la préparer à court ou moyen terme.
Graulhet est-il un exemple à suivre pour Mazamet ?
Graulhet est passé par des moments compliqués aussi, et semble prêt à se stabiliser en Nationale 2. On a vu aussi des clubs en grande difficulté depuis deux ou trois saisons, pour être montés vite, trop vite peut-être. Nous assumons notre décision aujourd’hui, en pensant que l’avenir nous donnera raison. Ne brûlons pas les étapes et Mazamet trouvera sa place.
Un mot sur la demi-finale de ce weekend contre Valence d’Agen…
Valence d’Agen était attendu et programmé pour jouer ces matchs là, et la montée justement. Nous, moins. C’est un match important, pour lequel il faut prendre du plaisir avant tout. Les joueurs et le staff sont prêts, les supporters aussi. On espère vivre de belles émotions encore
Qui à la place de Mazamet en Nationale 2 ?
Cette décision aura pour directe conséquence de faire un heureux. Et l’heureux élu devrait être un repéché de Nationale 2 (Dijon) plutôt qu’un autre promu de fédérale 1 (Chartres ou Castelsarrasin). Préférence est donnée à un club déjà structuré pour évoluer à ce nouveau niveau qu’à un club qui ne l’est pas. On se souvient en effet des nombreux refus de montée l’an passé, dont celui de Castelsarrasin, « remplacé » par Anglet. Dijon aurait donné son accord. Confirmation attendue dans les prochains jours.