L’acte de violence dont a été victime l’arbitre du Comité Côte Basque – Landes a suscité tellement d’émotion et d’indignation, que nous l’avons contacté. Christophe Claverie, victime d’un coup de tête au niveau de la tempe et de la mâchoire, est en arrêt de travail pour sept jours. Il a eu la gentillesse de nous accorder un entretien, fort en émotions. Très affecté par cet acte improbable, cet ancien demi de mêlée de Boucau-Tarnos, âgé de 44 ans, est devenu entraîneur des cadets, puis arbitre par passion pour son sport. Il tenait à s’adresser au plus grand nombre. Ses réactions méritent l’attention de toutes et tous…
Christophe, comment allez-vous tout d’abord ?
Je ne peux pas ouvrir la bouche complètement, j’ai encore mal bien sûr, j’ai des vertiges aussi, mais ça va aller.
Revenons sur le match de dimanche, perceviez-vous des tensions succeptibles de vous laisser croire à des débordements ?
Pas du tout, le match était disputé oui, mais propre, avec beaucoup d’engagement comme on peut en voir chaque dimanche. Et puis est arrivée cette 30ème minute, où lors d’un regroupement, le numéro 5 de Narrosse s’est adressé à moi en me demandant si je n’avais pas vu le coup qu’il avait pris. Il ronchonnait, mais je lui ai dit que je n’avais rien vu. Quand on est seul sur le terrain pour arbitrer, c’est compliqué de tout voir vous savez.
Et que s’est-il passé ensuite ?
Sur le renvoi, un maul se forme, et je revois ce 5, piétiner au sol un joueur, à la cuisse et à la tête. Là, j’arrête le jeu, j’ai dit au 5 que j’allais m’occuper de lui dans quelques secondes, tout en appelant son capitaine, à qui j’ai demandé s’il avait bien vu cet acte de violence délibéré. Là, j’ai senti deux mains sur mes épaules, je me suis retourné, et j’ai reçu un énorme coup au visage. Je suis tombé, en comprenant de suite, que j’étais blessé.
Vous avez perdu connaissance ?
Non, je suis resté conscient, mais KO comme un boxeur. On m’a relevé, mais je ne sentais pas trop mes jambes, je titubais, je n’arrivais pas à marcher droit. Je n’étais pas bien, vraiment. Je tiens à dire que les joueurs des deux équipes sont venus m’aider, ils m’ont apporté de la glace, et me faisaient part de leur incompréhension, pour ne pas dire plus. Ils étaient tout aussi choqués que moi. Sauf que moi, j’étais Ko. On m’a posé des questions comme pour un protocole commotion.
Le joueur qui vous a agressé est venu vous voir lui aussi ?
Il est venu oui, poussé par un dirigeant je crois bien. Il devait se sentir un peu minable sans doute. Il m’a dit : « je ne sais ce qui m’est arrivé, je ne comprends pas moi-même ». Je lui ai répondu que c’était inexcusable, et que de toute façon, je ne comptais pas en rester là. Rendez-vous compte, cela aurait pu être beaucoup plus grave. Un dirigeant m’a dit en entendant le bruit du coup, que le joueur m’avait tué ! Je le répète, c’est inexcusable !
Les pompiers vous ont pris en charge ensuite ?
Voilà, ils m’ont pris la tension, j’étais monté à 19 ! Le choc physique est une chose, le choc mental aussi. Ils m’ont dit que c’était normal, que c’était lié à l’énervement. Au final, je m’en sors assez bien, parce que pas de fracture. Mais j’ai un hématome sous la mâchoire qui m’empêche d’ouvrir la bouche complètement.
Deux jours après, que ressentez-vous ?
Mon sentiment, c’est que je suis là pour faire appliquer les règles d’un match, pas pour me faire taper, volontairement. J’ai déjà pris un coup de coude involontaire une fois, le joueur s’était confondu en excuse immédiatement, mais ça peut arriver. Là, c’est différent. je le répète, c’est inexcusable ! Un coup aussi violent porté au visage, il peut y avoir des séquelles. Je suis conducteur d’engins à la scierie de Boucau, aux docks. Ce qui engage une responsabilité énorme, donc je ne peux pas me permettre d’être à 90% de mes moyens. C’est aussi pour cela que j’ai porté plainte.
Est-ce que cet « incident » remet en cause votre envie d’arbitrer ?
Et bien, pas du tout ! Je vais continuer car c’est un acte isolé, d’une extrême rareté je pense. Je vais même vous dire, tous les témoignages de soutien que je reçois depuis dimanche, sont énormes. On dit que le rugby est une famille, je peux le confirmer. Déjà je tiens à remercier le DTA du Comité, Jean-Marc Degos, ainsi que tous mes collègues pour leur soutien très présent. On m’appelle de partout, on m’envoie des messages, même de la part de gens que je ne connais pas. J’en suis vraiment ému…Imaginez, un gamin de 16 ans, que je connais un peu, m’a laissé un message pour me dire qu’il espérait me revoir bientôt sur un terrain pour l’arbitrer. J’en ai eu les larmes aux yeux.
« Je veux continuer à arbitrer ! »
Justement, à tous ces jeunes qui vous lisent et qui ont appris ce qui vous est arrivé, vous avez envie de leur dire quoi ?
Je suis devenu arbitre car j’étais entraîneur et je constatais qu’il en manquait chaque week-end. Alors je me suis lancé, car sans arbitre, pas de jeu. Ca fait 16 ans maintenant que j’ai commencé, j’en ai 44. C’est beau l’arbitrage. J’encourage les jeunes à y venir, car cela favorise les échanges, les dialogues, on progresse dans la relation à l’autre, même dans la difficulté. Notre société est morose, et comme arbitre, je ressens vraiment d’appartenir à une famille. Celle du rugby bien sûr, mais aussi celle des arbitres. On a besoin d’arbitre dans notre sport, et ce qui m’est arrivé ne me fera pas changer d’avis. Et puis si j’arrêtais, ce serait comme envoyer un signe négatif, d’autres pourraient en faire de même. Alors que si je continue…Et je vais continuer !
On va donc vous revoir sur une terrain prochainement ?
C’est ma volonté en tout cas. Dès que je pourrai revenir, je vous promets que je le ferai.
Question de circonstance, faut-il selon vous, obliger les Comités à mettre trois arbitres par match ?
Je ne suis pas la bonne personne pour en juger. Je pense juste qu’en séries, les joueurs sont là pour s’amuser, il ne faut les arbitrer de manière trop rigide, pour qu’ils prennent du plaisir, donc je crois que l’on peut continuer à fonctionner comme on le fait d’habitude. Dans 99.99% des cas, les entraîneurs maîtrisent leurs joueurs en leur disant de reculer dès que c’est sifflé, même s’il peur y avoir des erreurs, c’est humain. En revanche, en fédérale, vu les gabarits, et les enjeux pour certains clubs, trois arbitres ne seraient peut être pas de trop. Mais pour cela, il faudrait en avoir les moyens.
Un dernier mot ?
Oui, j’en profite pour vous remercier de me donner la parole, de pouvoir m’exprimer, et surtout de remercier toutes les personnes qui m’ont manifestées leur soutien. Les messages affluent de partout, je n’ai pas le temps de répondre à tous, mais du fond du coeur, merci à tout le monde, je suis sincèrement touché par ces marques d’affection, sachez-le.
Le commentaire de Jean-Marc Degos – DTA Comité Basque Landes
« Je prends des nouvelles de Christophe régulièrement depuis dimanche oui. Il faut apporter une sorte de protection à la victime, c’est aussi mon rôle. Je suis d’accord avec Christophe Claverie, c’est inexcusable. L’erreur est humaine, mais est-ce qu’on traiterait un joueur de la sorte s’il commettait une erreur ? Je ne pense pas. La palette de sanctions a évolué depuis 20 ans, à mon époque on avait la gueule et le carton rouge, maintenant, c’est différent. Mais je tiens à préciser qu’il s’agit d’un acte isolé, d’une personne qui a peut être une bonne raison, mais cela reste inexcusable. Christophe est un très bon soldat du rugby, un arbitre compétent, disponible, et ne mérite certainement pas ce genre d’acte, comme personne d’ailleurs. Ca fait 22 ans que je m’occupe des arbitres au comité, c’est la première fois que j’ai à faire à un tel acte. La commission de discipline va devoir statuer, j’ai mon avis, mais je le garderai pour moi. En attendant, merci à tous ceux qui témoignent leur soutien, c’est appréciable.
Bon courage ,Mr Ch. Claverie et bon rétablissement,j’ai fais parti de la Famille et connu ce genre de problème il ne faut rien lâcher, et la sanction maximum doit être appliqué;Radiation définitive, avec contrôle, que ce garçon ne pratique plus aucun sport d’équipe ; de plus un contrôle et suivi s’impose ,pour savoir que si en changeant de Prénom ,ou de date de naissance et la complicité des certains dirigeants il n’obtiendrait pas une nouvelle licence ailleur . Avec l’informatique à ce jour tout est possible mais en contrôle aussi;. Arrêter d’arbitrer serait lui donner raison ,je te félicite pour ton courage ,il faut continuer à prendre ton plaisir à diriger des rencontres dès que tu pourras , que tu reprennes vite le boulot dans les meilleures conditions, et aussi que ta plainte aille au bout pour être utile à notre sport.Que ceux qui pratique ce sport sachent que le milieu Arbitral est solidaire sans faille. bon courage à Toi .
La sanction sportive adéquate est simple : radiation de la FFR à vie pour le joueur .
Il y a déjà plus de 30 ans, le père d’un de mes meilleurs amis avait frappé un arbitre et avait eu cette sanction. Je ne vois pas comment on ne pourrait pas en faire de même en 2016.
Pour le reste et la plainte déposée, c’est aux autorités compétentes de juger.
Bonsoir à vous bon rétablissement …..je suis un joueur certes sanguin. ..mais je trouve se geste déplorable le rugby c est du combat entre joueur!!!
vous shouaite bon rétablissement, et merci d’arbitrer a nouveau. il n’y a pas assez de gens comme vous. encore merci
Votre message fait honneur à ce sport magnifique et au corps arbitral qui lui permet d’exister. Recevez à travers mon message tout le soutien des amoureux de ce jeu. Bravo et merci Monsieur.