Philippe Saint-André a révélé dimanche matin à la radio, qu’il ne pouvait plus garder le silence concernant ce premier titre sud-africain de 1995. Le Goret, ému aux larmes, a affirmé que la suspicion n’était plus de mise, entre un arbitrage à sens unique, ces quatre essais refusés lors d’une demi-finale dantesque, cette montre d’une valeur de 30 000€ offerte à M. Bevan pour ses loyaux services, les All Blacks empoisonnés la veille de la finale, les pressions médiatiques liées à la naissance d’une nation arc-en-ciel, emmenée par Mandela, figure de proue de la résilience, nationale et internationale. Mais en fait, qu’a dit le capitaine des Bleus d’alors, que nous ne savions déjà ? Surtout à quelques heures des retrouvailles entre les deux nations en coupe du monde. Rien de neuf. A part sa conclusion : « S’il y a une erreur d’arbitrage ce soir, j’espère que ce sera en notre faveur ». Comme un pressentiment ?
Qu’on se le dise tout de suite : Ben O’Keefe n’est pas le Derek Bevan de 95, et encore moins le Craig Joubert de 2011. Mais l’arbitre « néo z » est et restera celui qu’on n’Okeefe pas du tout, au coeur d’un débat sans fin. Les Bleus se sont-ils encore fait maîtres… des défaites frustrantes ? Ces maux bleus qui se répètent inlassablement, sont-ils seulement liés au sifflet de Pierre, Paul ou Jaco ? Ce serait si simple de s’en prendre à cet arbitrage qui nous rend hystérique après chaque courte défaite, et amnésique après chaque victoire mémorable (pensons à l’en avant de Jauzion avec Michalak à hauteur en 2007 contre les Blacks par exemple.)
Si vous voulez tout savoir, c’est notre façon de nous donner bonne conscience. Rajoutons-y que les ballons échappés hier soir sous les chandelles adverses, ces essais à une passe, voire zéro, et nos finisseurs, redevenus de simples remplaçants, ne sont pas du fait de l’arbitre. Pas aidé en plus par des règles mouvantes et perméables à toute interprétation humaine. Ni par la vidéo, puisque ce sont des humains qui décident au final. Mathieu Raynal (Angleterre – Fidji) et Wayne Barnes (Irlande – Nouvelle Zélande) l’ont constaté à leurs dépens, et n’iront pas passer leurs vacances chez les vaincus. Jaco Peyper (le seul sud africain blessé ce weekend, on dit ça…), est celui qui s’en sort le mieux. Karl Dickson, son remplaçant désigné, lui, se retrouve depuis au cœur d’une polémique à cause d’un coup de tête argentin resté impuni. Glandes of my Father pour nos amis Gallois.
En bons gaulois chauvins que nous étions tous hier soir, nous avons tous vu Etzebeth commettre en avant volontaire, puis asséner un coup de tête, certes involontaire, mais qui aurait pu se transformer en carton rouge « Eben ». Nous avons tous vu le ballon porté dévastateur des Bleus, écroulé à l’ancienne, mais non sanctionné, qui aurait pu déboucher sur un essai de pénalité, et même sur un carton jaune, comme on le voit si souvent en Top 14. Nous avons tous vu les montées défensives « sud af…famées » des Gazelles et des mammouths à la limite du hors jeu, avec leurs grosses mimines posées sur le ballon, histoire de freiner les sorties de balles en plus.
Nous avons même vu Cheslin Kolbe, à l’inverse du public toulonnais l’an dernier, courir plus vite que son ombre. Sûrement son meilleur départ anticipé depuis celui du Stade Toulousain et du RCT. Nous avons vu aussi des coudes en avant, et des mains posées au sol avant de gratter un ballon. Même notre Toto l’a reconnu. Et dire que le manager springbok avait peur de ne pas être arbitré équitablement. Qu’il se rassure, le programme Erasmus a bien fonctionné.
« …défaite d’un point. Ou d’un poing comme le dit souvent le 3ème ligne « Roof Top » Du Toit… »
Bon, l’arbitrage c’est fait. Passons au physique. Oui, on sait, on a dit, pas le physique. Mais on ne critique pas, on constate : ces Sud Af sont toujours en super-super-super forme avant tout rendez-vous planétaire. Est-il nécessaire de faire une… piqûre de rappel, sur leur photo en 2019 #sauceafrica, torses nus, exhibant des muscles saillants encore méconnus de la science humaine. Après tout, d’Hippocrate, père de la médecine antique, à Hypocrite, mère de la médecine en toc, il n’y a que quelques lettres de différence.
Ces petits mouchoirs arc-en-ciel posés sur le premier titre sud africain, et sur le dernier, oscillent entre accusations et suspicions de manipulations sportivo-politico-génétiques. Saint-André a bien attendu 28 ans pour soulager sa conscience. Nous, un peu moins. La prescription n’a pas le même sens de ce fait. Fort heureusement, une charte anti-dopage existe désormais, à signer obligatoirement en bas à droite pour être en règle…
Ah, on nous dit dans l’oreillette qu’un seul pays n’a pas encore signé. Et plutôt que de se mettre à jour, l’Afrique du Sud a même fait appel pour repousser la date limite d’une éventuelle sanction. Liberté, égalité, impunité ! Les poids lourds « sud af » continuent donc de mener leurs combats de Boks, avec trois ceintures de champions de monde qui brillent de mille feu. Mais attention, elles n’aveuglent personne quant à la mémoire des Joost Van der Westhuizen, Chester Williams, James Small ou encore Ruben Kruger, champions 95 bien trop tôt disparus…
Notre froide colère, notre mauvaise foi et notre déception sont à la hauteur de la frustration de cette défaite d’un point. Ou d’un poing comme le dit souvent le 3ème ligne « Roof Top » Du Toit. Nous étions tous unis derrière notre XV de France, #UnisPourUnReve.
O’Keefe pas du tout…
La seule bonne nouvelle, c’est que l’intelligence très artificielle de certains médias, si prompts à la surenchère, va devoir s’arrêter de nous abreuver d’infos sans intérêt. On va peut-être arrêter de nous bassiner avec le classement mondial maintenant que les équipes classées première et deuxième sont éliminées. L’Irlande, invaincue depuis 17 matchs s’est encore heurtée à son plafond de « verts ». La France, avec ses meilleurs joueurs du monde à presque chaque poste, se réveille encore avec des Bleus à l’âme.
Ah, si World Rugby avait eu la bonne idée d’effectuer le tirage au sort de la coupe du monde plus tard qu’en décembre 2020, sans figer la hiérarchie du moment, radicalement différente deux ans plus tard, les quarts auraient été différents. L’écart dites-vous ? Oui, car l’Angleterre, alors tête de série, bien qu’en demie après un parcours easy jet, n’a plus une tête de vainqueur. Hormis Owen Farrel peut-être (c’est gratuit oui, et on a dit pas le physique… mais bon, il ne nous reste plus que ça aujourd’hui!).
Bref, nous avons tous la gueule de bois aujourd’hui, et sans avoir bu en plus ! Toutes les analyses du monde ne changeront pas l’issue du match d’hier. En revanche, des analyses de sang pourraient faire évoluer le rugby de demain. Roh ça va, on peut déconner un peu non ? Comme Sexton ou Biggar, le Coq boîte bas, et notre coeur ovale saigne. Dans ce monde où enseigner sans en saigner devrait être normal, on aurait bien pris un grand shot de bonheur le 28 octobre prochain. Là, on a juste pris un grand derrière la tête. Et notre protocole commotion va durer au moins quatre ans. Et O’Keeffe pas du tout !
