Il a découvert le rugby à six ans à Rodez, avant d’arrêter dix ans plus tard. Un break de deux années suffisant pour pousser Martin Cabrolier à retoucher du ballon ovale. Ainsi, à 18 ans, il signe une licence en 4ème série, à Flagnac, dans le nord de l’Aveyron. L’équipe se retrouve en sommeil, il décide donc de suivre les copains et le coach en partance pour Viviez, à quelques kilomètres de là. Le solide deuxième ligne (2m04, 120kg) ne tarde pas à se faire remarquer, mais repousse les offres comme un bon raffut sur le terrain. Jusqu’à ce qu’une équipe de fédérale 1 vienne frapper à sa porte…
La saison bat son plein en 2ème série Occitanie, et pourtant Martin va la quitter pour faire un bond de géant, qu’il est. Il défendra désormais les couleurs d’une formation de fédérale 1. Martin nous explique la chronologie des événements : « Tout s’est passé très vite. Stéphane Delpuech, entraîneur de l’équipe Une de Viviez, par l’intermédiaire d’Arnaud Mela, a été informé qu’un club de fédérale 1 cherchait un deuxième ligne. Du coup, on s’est retrouvés tous les trois à Albi pour se rencontrer. Dans la semaine qui a suivie, Beñat Arrayet, entraîneur de Mauléon, m’a contacté. Il m’a présenté le club, les dirigeants, le président et les joueurs. Tout est allé très vite, vraiment. Mais j’ai 25 ans, c’est maintenant ou jamais je pense. Et puis, je ne pourrai pas me dire que je n’ai pas tenté ma chance. »
Il faut dire que des chances, il en a eu le gaillard. Joris Contrino, qui l’a entraîné depuis ses 18 ans à Flagnac, et actuel coach de la réserve de Viviez, est bien placé pour le savoir : « Martin, c’est un joueur que je connais depuis maintenant six ans, je l’ai entraîné à l’âge de ses 18 à 22 ans à Flagnac en 4ème série. Nous avions un petit niveau certes, mais l’ambiance était tellement bonne que le groupe, très soudé, est resté pour faire vivre le club. Des joueurs avaient le niveau pour jouer au dessus, mais ils restaient. Martin recevait déjà des propositions de clubs d’honneur, et de fédérale, mais il restait lui aussi fidèle à ce groupe de copains. Et puis, avec une grande partie de ces joueurs, nous sommes partis à Viviez pour retrouver une autre famille, celle de Viviez. Avec des dirigeants, des bénévoles et un public extraordinaire, qui donnent tout chaque semaine. Martin était toujours surveillé de près, Bruno Sastourne et Stéphane Delpuech, les entraîneurs de l’équipe fanion, les premiers à l’avoir repéré, ont cette fois, favorisé son départ pour qu’il découvre le niveau supérieur. »
« Nous sommes fiers de lui, et lui souhaitons le meilleur… »
Alors dimanche dernier, c’était l’ultime sortie de Martin avec Viviez sur le terrain Fernand Teulier, qu’il a foulé en premier à la sortie des vestiaires. Non sans émotions, on s’en doute. Il a les enfouies pour contribuer pleinement à glaner le bonus offensif face à Grisolles (victoire 41-20), et en marquant un essai. A la fin du match, les souvenirs, les bises, les tapes amicales, les petits mots ont rendu cette dernière émouvante : « Ce fût très compliqué de retenir les larmes, oui » nous confie le futur joueur de Mauléon, qui poursuit : « J’ai vécu plus de deux saisons de partage, de convivialité, de fraternité, qui m’on fait grandir sportivement et humainement… grâce aux joueurs et aux entraîneurs, que ce soit ceux de la Une comme de la réserve. Sans oublier bien sûr tout le groupe de dirigeants qui nous entourent et nous chapeautent toute la saison, sur et en dehors du terrain. A la sortie des vestiaires, après ce match victorieux contre Grisolles, les dirigeants, joueurs et spectateurs m’ont réservé une belle surprise en organisant un petit concert dans le club house. Les larmes sont sorties à ce moment-là aussi. Ce fut une soirée magnifique ! »
Au rythme du célèbre groupe local « Trois Ricard gourmands », composé de certains dirigeants du club, la soirée s’est même prolongée jusqu’au lendemain… après-midi (!), chez Grisou, café partenaire de l’AOV, pour les plus endurant(e)s. Mémorable. « Nous avons tous un pincement au cœur, l’impression de perdre un frère », avoue ému Joris Contrino, « mais nous sommes fiers de lui et lui souhaitons le meilleur, car il le mérite. Ce n’est qu’un au revoir de toute façon, on sait que l’on se reverra dès que l’occasion se présentera, et d’ici là, nous serons ses premiers supporters à Mauléon. »
« Il va falloir s’accrocher ! »
L’inverse est vrai bien sûr. Martin a le coeur proportionnel à sa taille. Il ne cache pas son émotion au moment de rendre hommage à son désormais ex-club : « Je voudrais simplement dire merci aux dirigeants de l’AOV ainsi qu’aux entraîneurs Bruno Sastourne et Stéphane Delpuech, qui croient en moi, et bien évidemment, aux joueurs. Un dirigeant m’a écrit un message très beau que je vous dévoile : « Parce que l’histoire reste à l’histoire, merci de l’avoir marquée si remarquablement à Viviez ». Je veux dire à chaque personne de ce club qu’eux aussi marquent cette histoire, encore plus chaque jour. »
Une bien belle histoire en effet, surtout l’année des 100 ans de l’AOV. Qui délivre ainsi un joli cadeau d’anniversaire à l’un de ses enfants, parti pour la première fois de son Aveyron natal. Mais rassurez-vous Martin ne part pas en terre inconnue, un travail agricole l’attend aussi dans les Pyrénées Atlantiques. Il ne sera pas dépaysé non plus par l’esprit de famille et festif sur place, mais se montre lucide sur ce qui l’attend sportivement : « Physiquement, il va falloir s’accrocher déjà, travailler sur la musculation, car je suis un homme de la terre, et la musculation, je ne connais pas (rires). Pour ce qui est du jeu, il va falloir bosser aussi, en passant par les espoirs, ce qui est normal. Je me suis entraîné avec eux la semaine dernière, et j’ai été très bien accueilli. C’est à moi de faire mes preuves et de bien m’intégrer aussi. »
On ne se fait pas trop de soucis pour celui qui nous avait démontré en début d’année, certaines de ses valeurs, que nous vous proposons de (re)découvrir ici dans cet article : « Esprit rugby : retrouvailles improbables entre deux secondes lignes adverses ». De quoi se faire une meilleure idée du bonhomme, et de garantir de futures retrouvailles, épiques, en terre aveyronnaise, dans un futur proche ou lointain…
Il a découvert le rugby à six ans à Rodez, avant d’arrêter dix ans plus tard. Un break de deux années suffisant pour pousser Martin Cabrolier à retoucher du ballon ovale. Ainsi, à 18 ans, il signe une licence en 4ème série, à Flagnac, dans le nord de l’Aveyron. L’équipe se retrouve en sommeil, il décide donc de suivre les copains et le coach en partance pour Viviez, à quelques kilomètres de là. Le solide deuxième ligne (2m04, 120kg) ne tarde pas à se faire remarquer, mais repousse les offres comme un bon raffut sur le terrain. Jusqu’à ce qu’une équipe de fédérale 1 vienne frapper à sa porte…
La saison bat son plein en 2ème série Occitanie, et pourtant Martin va la quitter pour faire un bond de géant, qu’il est. Il défendra désormais les couleurs d’une formation de fédérale 1. Martin nous explique la chronologie des événements : « Tout s’est passé très vite. Stéphane Delpuech, entraîneur de l’équipe Une de Viviez, par l’intermédiaire d’Arnaud Mela, a été informé qu’un club de fédérale 1 cherchait un deuxième ligne. Du coup, on s’est retrouvés tous les trois à Albi pour se rencontrer. Dans la semaine qui a suivie, Beñat Arrayet, entraîneur de Mauléon, m’a contacté. Il m’a présenté le club, les dirigeants, le président et les joueurs. Tout est allé très vite, vraiment. Mais j’ai 25 ans, c’est maintenant ou jamais je pense. Et puis, je ne pourrai pas me dire que je n’ai pas tenté ma chance. »
Il faut dire que des chances, il en a eu le gaillard. Joris Contrino, qui l’a entraîné depuis ses 18 ans à Flagnac, et actuel coach de la réserve de Viviez, est bien placé pour le savoir : « Martin, c’est un joueur que je connais depuis maintenant six ans, je l’ai entraîné à l’âge de ses 18 à 22 ans à Flagnac en 4ème série. Nous avions un petit niveau certes, mais l’ambiance était tellement bonne que le groupe, très soudé, est resté pour faire vivre le club. Des joueurs avaient le niveau pour jouer au dessus, mais ils restaient. Martin recevait déjà des propositions de clubs d’honneur, et de fédérale, mais il restait lui aussi fidèle à ce groupe de copains. Et puis, avec une grande partie de ces joueurs, nous sommes partis à Viviez pour retrouver une autre famille, celle de Viviez. Avec des dirigeants, des bénévoles et un public extraordinaire, qui donnent tout chaque semaine. Martin était toujours surveillé de près, Bruno Sastourne et Stéphane Delpuech, les entraîneurs de l’équipe fanion, les premiers à l’avoir repéré, ont cette fois, favorisé son départ pour qu’il découvre le niveau supérieur. »
« Nous sommes fiers de lui, et lui souhaitons le meilleur… »
Alors dimanche dernier, c’était l’ultime sortie de Martin avec Viviez sur le terrain Fernand Teulier, qu’il a foulé en premier à la sortie des vestiaires. Non sans émotions, on s’en doute. Il a les enfouies pour contribuer pleinement à glaner le bonus offensif face à Grisolles (victoire 41-20), et en marquant un essai. A la fin du match, les souvenirs, les bises, les tapes amicales, les petits mots ont rendu cette dernière émouvante : « Ce fût très compliqué de retenir les larmes, oui » nous confie le futur joueur de Mauléon, qui poursuit : « J’ai vécu plus de deux saisons de partage, de convivialité, de fraternité, qui m’on fait grandir sportivement et humainement… grâce aux joueurs et aux entraîneurs, que ce soit ceux de la Une comme de la réserve. Sans oublier bien sûr tout le groupe de dirigeants qui nous entourent et nous chapeautent toute la saison, sur et en dehors du terrain. A la sortie des vestiaires, après ce match victorieux contre Grisolles, les dirigeants, joueurs et spectateurs m’ont réservé une belle surprise en organisant un petit concert dans le club house. Les larmes sont sorties à ce moment-là aussi. Ce fut une soirée magnifique ! »
Au rythme du célèbre groupe local « Trois Ricard gourmands », composé de certains dirigeants du club, la soirée s’est même prolongée jusqu’au lendemain… après-midi (!), chez Grisou, café partenaire de l’AOV, pour les plus endurant(e)s. Mémorable. « Nous avons tous un pincement au cœur, l’impression de perdre un frère », avoue ému Joris Contrino, « mais nous sommes fiers de lui et lui souhaitons le meilleur, car il le mérite. Ce n’est qu’un au revoir de toute façon, on sait que l’on se reverra dès que l’occasion se présentera, et d’ici là, nous serons ses premiers supporters à Mauléon. »
« Il va falloir s’accrocher ! »
L’inverse est vrai bien sûr. Martin a le coeur proportionnel à sa taille. Il ne cache pas son émotion au moment de rendre hommage à son désormais ex-club : « Je voudrais simplement dire merci aux dirigeants de l’AOV ainsi qu’aux entraîneurs Bruno Sastourne et Stéphane Delpuech, qui croient en moi, et bien évidemment, aux joueurs. Un dirigeant m’a écrit un message très beau que je vous dévoile : « Parce que l’histoire reste à l’histoire, merci de l’avoir marquée si remarquablement à Viviez ». Je veux dire à chaque personne de ce club qu’eux aussi marquent cette histoire, encore plus chaque jour. »
Une bien belle histoire en effet, surtout l’année des 100 ans de l’AOV. Qui délivre ainsi un joli cadeau d’anniversaire à l’un de ses enfants, parti pour la première fois de son Aveyron natal. Mais rassurez-vous Martin ne part pas en terre inconnue, un travail agricole l’attend aussi dans les Pyrénées Atlantiques. Il ne sera pas dépaysé non plus par l’esprit de famille et festif sur place, mais se montre lucide sur ce qui l’attend sportivement : « Physiquement, il va falloir s’accrocher déjà, travailler sur la musculation, car je suis un homme de la terre, et la musculation, je ne connais pas (rires). Pour ce qui est du jeu, il va falloir bosser aussi, en passant par les espoirs, ce qui est normal. Je me suis entraîné avec eux la semaine dernière, et j’ai été très bien accueilli. C’est à moi de faire mes preuves et de bien m’intégrer aussi. »
On ne se fait pas trop de soucis pour celui qui nous avait démontré en début d’année, certaines de ses valeurs, que nous vous proposons de (re)découvrir ici dans cet article : « Esprit rugby : retrouvailles improbables entre deux secondes lignes adverses ». De quoi se faire une meilleure idée du bonhomme, et de garantir de futures retrouvailles, épiques, en terre aveyronnaise, dans un futur proche ou lointain…