Olivier Bertro, pris dans la tourmente depuis fin janvier, suite à un accrochage avec un arbitre de touche, passe par toutes les émotions. D’abord jugé par principe par la communauté rugby, la diffusion de la vidéo de la prétendue agression avait jeté le trouble dans tous ces jugements hâtifs. L’arrière de Pamiers affirmait même être la victime à la place de l’arbitre. Le rapport de la Commission de Discipline lui donnera raison trois semaines plus tard en confirmant qu’il n’y avait eu aucun coup, ni contact entre les deux hommes. Néanmoins, Olivier Bertro, même innocenté, était malgré tout condamné à 11 semaines de suspension. Un verdict contradictoire qui le soulageait, mais ne satisfaisait pas le joueur de 36 ans. Et ce n’est pas la décision rendue suite à l’appel formulé par l’arbitre de touche, qui va lui faire retrouver le sourire…
Olivier Bertro, après le premier rapport de la Commission qui vous innocenté de toute violence physique, l’appel demandé par l’arbitre a eu lieu. Quelle est la décision ?
Je suis passé en effet en Commission le matin, j’ai eu cinq minutes pour m’expliquer. On m’a demandé si j’avais donné un coup., jai répondu que non. On m’a demandé si j’avais eu des propos déplacés, j’ai dit oui, car je ne m’en suis pas caché. J’ai expliqué que j’avais attendu 35 minutes après la fin du match pour pouvoir m’expliquer avec cet arbitre, pour finalement m’entendre dire que ce n’était pas la peine. J’ai eu des mots oui, je les regrette et je m’en suis excusé. Mais je crois que j’avais des circonstances atténuantes. L’après-midi, j’ai reçu la décision du jury : résultat, 25 semaines de suspension !
25 semaines à la place des 11 annoncées en première instance ?
Oui… (silence). J’en ai effectué 4, il reste 5 matchs d’ici la fin de cette saison. Il en restera donc 16 pour la prochaine. Je ne pourrais donc qu’en mars 2024…
Qu’est-ce que vous inspire cette décision ?
Je suis dans l’incompréhension. On confirme enfin que je n’ai pas touché l’arbitre, mais on me met 11 semaines. En appel, on m’écrit qu’il y a violence verbale et tentative de coup, je prends cette fois plus du double. On a regardé les règlements avec mon avocat, et il est indiqué que le tarif maximal pour une injure à arbitre, c’est 6 semaines. J’en prends 25, je vous laisse imaginer mon écœurement.
Vous avez le sentiment d’être victime d’une injustice ?
C’est ça, j’ai l’impression que quoiqu’il arrive, la parole d’un arbitre aura toujours plus de poids qu’un joueur. J’ai l’impression que la FFR défend ses arbitres coûte que coûte. J’ai l’impression de lutter contre un système, en qui je n’ai définitivement plus confiance. J’appartiens à cette fédération depuis près de 30 ans, j’ai connu des petites injustices, mais là, c’est vraiment trop…
L’arbitre affirme qu’il avait la lèvre ouverte, que répondez-vous à ce point ?
Je réponds qu’à aucun moment, la partie adverse n’a présenté de preuve sur ce point, ni un avis médical. Et puis que je sache, la Commission précise bien qu’il n’y a eu aucun contact physique. Il s’est peut-être ouvert la lèvre en tombant au sol, allez savoir…
Olivier Bertro : « Je veux que mon histoire éveille les consciences… »
Certaines personnes disent de vous que vous n’êtes pas un saint sur un terrain…
(Il coupe) Je n’ai jamais dit que j’en étais un. J’ai mon caractère oui, et je ne sui pas exempt de tout reproche en 30 ans de carrière. Mais je n’avais jamais insulté un arbitre, ni touché, j’ai toujours vouvoyé. Si je suis soutenu par autant de monde, dont des arbitres je tiens à le préciser, c’est peut être que je suis respectable aussi.
Que comptez-vous faire maintenant ?
Il ne me reste plus qu’à faire appel, via le CNSOSF, mais j’ai peu d’espoirs, malgré cette vidéo que tout le monde a vu.
Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
Le premier rapport est contredit totalement, de manière inexplicable, et on me colle 25 semaines. Cette décision annule toutes mes croyances dans cette fédération. Je me défends comme je peux depuis plus d’un mois, ce n’est pas simple. Je suis juste un joueur comme un autre, qui veut faire savoir ce qui peut arriver à n’importe quel autre joueur, qu’il soit amateur ou pro. Il n’y a pas de justice, sauf pour les arbitres, qui sont manifestement protégés. Je n’ai rien contre les arbitres loin de là, ils sont tous de bonne foi… ou presque. Je veux que mon histoire éveille les consciences.
Est-ce que vous songez à arrêter le rugby ?
Je suis très déçu aujourd’hui, il faut que je digère cette décision. J’utilise les valeurs du sport au quotidien dans mon métier, pour l’éducation, l’insertion, c’est mon vecteur de développement. Je prends donc un gros coup derrière la tête aujourd’hui. Je n’ai jamais eu l’occasion d’échanger avec cet arbitre, et c’est bien regrettable. Je suis mis dans la lumière malgré moi, car je n’aime pas ça, mais mon seul moyen d’expression passe par les médias. Je ne sais pas encore ce que je vais faire, mais je vais tenter de me défendre jusqu’au bout.