Joel Martin sait de quoi il parle quand il évoque l’arbitrage. Vice président de l’UNAR (Union Nationale des Arbitres de Rugby), il est également un membre très actif au sein de la Direction Nationale de l’Arbitrage dirigée par Joël Dumet. Celui qui a gardé un sifflet à la bouche pendant plus de 25 ans en Périgord Agenais, puis en Côte d’Argent, a même été 5ème arbitre lors de la Coupe du Monde 1999. Aujourd’hui, scandalisé par plusieurs actes de violence à l’encontre du corps arbitral en peu de temps, il tire la sonnette d’alarme…
« J’ai arbitré pendant de nombreuses années, je reste au bord des terrains depuis ma retraite sportive en 2011, et je tiens à le clamer haut et fort : je n’ai jamais vu ça de ma vie ! Cette violence gratuite qui sévit sur les terrains depuis un moment déjà, c’est inadmissible ! ». Le début de l’entretien est sans équivoque, nous parlons à un homme en colère, mais plus que jamais déterminé à combattre la violence dans le rugby.
Depuis un mois en effet, les actes plus que répréhensibles se sont multipliés dans le Comité Côte d’Argent, où il opère depuis 1986. Autant dire qu’il peut comparer les époques et les relations joueurs-arbitres. Le dernier acte de violence en date qui met Joël Martin hors de lui, c’était à Mimizan, dimanche dernier, qui accueillait Gradignan en Honneur. Il nous raconte : « Un pilier a pris un carton blanc. Sur une mêlée suivante, le seconde ligne de son équipe, habilité à jouer en première ligne, le remplace. Ce pilier a voulu rentrer malgré tout, le représentant fédéral s’y est opposé bien sûr, par la parole. Là, sans crier gare, il a pris un coup de poing. Et encore, je dis coup de poing pour ne pas dire une agression caractérisée. Rendez-vous compte, il a perdu connaissance sous la violence du choc. Le représentant fédéral, José Olaizola, m’a dit : « Je n’ai rien compris, c’était si inattendu, si violent, je me souviens juste de l’impact, puis de m’être réveillé dans le camion des pompiers ». Résultat, il a été touché à l’arcade, et à la mâchoire. Il est sorti des urgences à 19h le dimanche soir. Il doit aller voir un médecin car il a une perte de mémoire. »
Un témoignage qui laisse sans voix et sans explication rationnelle. Surtout que de source sûre, il n’y avait aucune animosité pendant le match. Le joueur incriminé aurait « simplement », si l’on peut dire, disjoncté. « Ce n’est pas, ce n’est plus tolérable. On ne peut pas laisser passer de tels actes » poursuit Joël Martin, « c’est pourquoi l’UNAR, avec son service juridique, va ouvrir un dossier pour défendre les intérêts de ce représentant fédéral, comme cela a été le cas sur d’autres dossiers. Nous les gagnons tous dans la mesure où notre avocat présente des cas qui mettent les agresseurs face à leurs responsabilités. On ne peut pas faire du social, pas à chaque fois, ni faire le boulot à la place des clubs. »
« Il faut briser cette omerta et faire savoir ce qu’il se passe ! »
On sent dans les propos de l’ancien arbitre un mélange de sentiments qui s’entrechoquent. De la colère bien sûr, de la détermination mais aussi une certaine forme de désarroi, teinté de compassion : « Ce qui m’embête, c’est que je connais beaucoup de dirigeants depuis le temps que je suis en fonction. Certains oeuvrent pour le bien de leur club, bénévolement, ils y consacrent une grand partie de leur temps libre, et je les respecte pour tout cela. Alors, quand des individus salissent leur club de la sorte, je les plains, sincèrement. Mais il faut bien que les joueurs soient maîtrisés, même si cela dépend surtout des entraîneurs. »
A cet instant, Joël Martin nous dévoile une information qu’il ne veut pas garder pour lui, une vérité qui peut, qui va, laisser perplexe. « Je vais prendre l’exemple de Biscarosse, et vous faire une révélation. Le vendredi soir, l’arbitre du match, qui avait été repéré via le site de la FFR, a reçu un appel d’un des entraîneurs. Et celui-ci lui a dit de bien faire attention à lui ! « Fais gaffe à toi ! » voilà les propos exacts. C’est tout simplement incroyable. On passe aux menaces maintenant. Il faut briser cette omerta et faire savoir ce qu’il se passe ! »
Si le club landais est clairement dans le viseur, c’est parce qu’en janvier derner, dans les vestiaires, lors d’un match Biscarrosse-Léognan, à la fin de la partie, le délégué a été pris à partie. « Il a été bousculé, a reçu des cailloux sur la tête, a été molesté. Il y a eu des coups entre joueurs. Résultat ? Ce délégué qui était là depuis des années, complètement écoeuré, a démissionné. Le fautif lui, a pris 3 ans de suspension sur décision du Comité. 3 ans…Est-ce que c’est assez quand on s’en prend à un représentant officiel ?
Joël Martin enfonce le clou, et va même jusqu’à pointer du doigt certains clubs, provenant de la même zone géographique : « Je ne suis pas tombé de la dernière pluie, et j’ai toujours connu Biscarrosse comme un club compliqué, avec des comportements parfois limites. Je ne veux pas faire d’amalgame, ni de raccourci facile, mais force est de constater que les problèmes que nous rencontrons proviennent des Landes. Gabarret, Mimizan, Biscarrosse sont des clubs en difficulté sportive, ils jouent le maintien, avec peu d’effectif. ce n’est pas facile, c’est certain. Mais est-ce que cela peut justifier la violence ? Non ! C’est l’histoire d’une personne, qui disjoncte, un acte isolé certes, mais qui provient à chaque fois d’un club landais. Il n’y a pas forcément de hasard. »
Le superviseur assume et ne cache pas son écœurement, mais il veut se battre au nom de toutes celles et ceux qui arbitrent chaque week-end. Lui, le fondateur de l’AFCAM (Association Française du Corps Arbitral Multisport) en 1991, peut se targuer d’avoir fédéré plus de 10 000 arbitres à sa cause, à savoir le fair play, le respect, et la lutte contre le racisme. Il prêche plus que jamais la bonne parole au sein de la FFR, mais souhaitait faire passer un message, doublé d’un coup de gueule aussi, légitime, par notre intermédiaire. RugbyAmateur.fr sert aussi à cela. Le message est donc passé, il ne plaira pas à tout le monde, mais sera sûrement soutenu par une grande majorité d’amoureux du ballon ovale, qu’ils soient joueurs, entraîneurs, présidents, jeunes ou anciens, et bien sûr arbitres. Souhaitons surtout que ce message soit entendu de toutes et tous, car avouons qu’il nous est désagréable de devoir parler de tels agissements dans notre si beau sport, (trop) régulièrement sali ces derniers temps. L’an passé nous avions recueilli le témoignage de Christophe Claverie, agressé sur un terrain du Comité Côte Basque Landes. Plus récemment, un acte similaire s’est déroulé en Languedoc (voir l’article), sans oublier toutes les vidéos qui circulent sur des gestes d’énervement et d’humeur envers le corps arbitral.
A l’heure où notre rugby a mal, souffre pour tout ce qu’il se passe au plus haut niveau (inutile d’en reprendre la liste ici), les valeurs fondatrices du rugby, si souvent mises en avant, et si régulièrement mises à mal, se lézardent un peu plus à chaque coup déloyal, stupide et violent. A chacun d’assumer, et de rendre au rugby, dont le combat est une des constantes pour réussir, ses lettres de noblesse. Les insultes et les actes de violence répétés ne peuvent être tolérés, ni exemplaires pour une jeunesse qui se détourne du ballon ovale pour aller vers d’autres sports, plus vertueux. Tout du moins, moins décriés comme sport violent et dangereux. Les médias ont leur part de responsabilité dans cette image. Nous assumons donc la nôtre pour défendre les amateurs de rugby, les vrais…
PS : selon nos informations, le cas du joueur de Mimizan, auteur du coup de poing, devrait être traité demain ou jeudi par la Commission de Discipline du Comité Côte d’Argent. Une sanction lourde est probable, allant jusqu’à la radiation à vie.
Moi même étant représentant fédéral notre rôle c’est sur devrait pouvoir informé notre collègue du terrain de certains mauvais gestes qu’il ne peut voir et je pense que cela apporterait une certaine sérénité sur les bancs de touche qui sont les premiers provocateurs
Bonjour,
» le respect se gagne mais ne se donne pas »
Si l’on souhaite que notre sport redevienne vertueux, il va falloir frapper aussi fort que ces coups qui sont donnés aux représentants du corps arbitral. Depuis plusieurs années je constate les dérives lors de match chez les jeunes. Les insultes dans les tribunes, sur le terrain sont inadmissibles.
Apprenons aux jeunes le respect d’un sport de combat, vous dirigeants faites évacuer les parents ou supporters haineux qui n’ont rien à faire sur le bord d’un terrain, mais soyez courageux faites le !
Ensuite je pense que les comités devraient changer certaines règles des directeurs ou superviseurs de match, dans certains comités ils n’ont qu’un rôle administratif lors des rencontres. Ils doivent pouvoir intervenir pour aider l’arbitre. Quid de l’injustice vécu par le banc lorsque un de leurs copains se fait arroser devant le délégué et que celui ci ne peut le dire à l’arbitre qui ne peut le voir, ou est la sécurité des joueurs et du coup de l’escalade que cela peut engendrer.
Un délégué doit pouvoir informer du jeu déloyal auprès de l’arbitre et ils décident ensemble de la sanction. Le jour où les premiers cartons seront distribué de la sorte les rencontres seront sans aucun doute plus sereine.
Des sanctions sportives doivent être prises pour les clubs incapables de faire respecter l’esprit de notre sport par leurs supporters.
Quand j’ai commencé le rugby nous nous moquions du foot aujourd’hui nous sommes comme eux.
Il est vrai que de temps en temps on peut discuter certaines décisions de l arbitre mais en général ils ont un arbitrage cohérent et impartial.
De toute façon il est intolérable de s en prendre physiquement a qui que ce soit ( arbitres délégués ).
Disons nous bien que pas d arbitres pas de matchs.
Les clubs a problèmes sont bien connus dans leurs comités respectifs alors sanctionnons les comme il se doit pénalement et sportivement et ça ira peut être mieux .
Y en a marre d’aller jouer dans les Landes ! Depuis le temps que les problèmes y sont soulevés (agressions verbales dans les tribunes, insultes des joueurs, pression sur les arbitres et maintenant les délégués). Il faudrait de vrais sanctions. J’étais à Biscarrosse pour la venue de Léognan et ce que j’ai vu c’est pas un pétage de plomb : c’est un déferlement de haine et de violence sous un prétexte sportif !!! Les mecs se croient tout permis car ils portent un maillot, ils sont chez eux (comme ils disent)… mais ces actes sont punis par la loi en dehors du terrain ! Il faut porter plainte devant la justice et la fédé doit interdire à ces individus d’entrer dans un stade à vie !
Les décénies passent et les problèmes subsistent ! Il faut mettre les dirigeants de clubs et les joueurs devant leurs responsabilités ! Et durcir les sanctions !
C’est inadmissible et ce type de comportement doit disparaitre définitivement du paysage sportif en général ! Rugby , foot, hand ect …
Sans nos arbitres il n’y aurait pas de rencontres possibles ! Alors messieurs les sportifs soyez respectueux et tolérents !
Certes , de tels comportements sont intolérables et doivent êtres sanctionnes pénalement s’il le faut , toutefois certains arbitres se doivent aussi de respecter les clubs , joueurs et le public qui parcourent souvent de nombreux kilomètres pour supporter leurs clubs observent des » arbitrages maisons » qui sont également inadmissible et pas uniquement dans la région citée dans l’article .
De toute façon les clubs a problèmes sont clairement identifiés depuis de nombreuses années , mais sous couvert de je ne sais qui ( quoi que ) aucunes sanctions d’exclusion ou de radiation , malheureusement un jour il sera trop tard .