Avant cette demi-finale, les faveurs des pronostics penchaient très clairement pour le RC Villeneuve XV. Il faut dire que l’armada lot-et-garonnaise, après une saison plus que solide, ne se cachait plus, et visait clairement le planchot. Oui, mais voilà, Saverdun ne se présentait pas en victime expiatoire. Et les irréductibles ariégeois, habitués à des matchs dantesques dans sa longue histoire, vient d’en écrire une page de plus. Qui mériterait probablement bien plus tant le scénario de ce match était impossible à imaginer…
Le quart de finale avait déjà offert de bien belles et fortes émotions au peuple rouge et noir. Une victoire qui s’était dessinée dans les tous derniers instants contre le Pays Saint Jeannais. Mais que dire alors de cette demie ? Rendez-vous compte qu’à la 80ème, le score est figé à 13-3 pour le RC Villeneuve, certes bousculé mais pas déboussolé, par des adversaires entreprenants, joueurs, mais pas toujours justes. Aussi, quand une pénalité s’offre au buteur du RCV 15, Valy, en moyenne position, l’on se dit qu’à 16-3, l’affaire serait entendue. Le ballon ira dire bonjour au poteau, et Saverdun ne dira pas adieu à ses chances de qualification.
Encore fallait-il y croire, avoir la force mentale et physique, à force de tout relancer à la main sous cette chaleur ambiante. A grands renforts de pénal-touche, Saverdun croit en ses chances d’aller en terre promise. On joue donc la 80ème quand Lacoste franchit la ligne. 13-8, avec la transformation à suivre, l’UAS pourrait revenir à portée d’un drop ou d’une pénalité. Alors peut-être… Las, la trajectoire du ballon de Séguéla, pas vriament en réussite jusque là, est accompagnée d’un « oooh » de grande déception de tous les supporters saverdunois. Les deux points de plus tant attendus ne passent pas.
De l’incroyable à l’irréel…
On reste donc à 13-8, il faudrait marquer un nouvel essai pour revenir à hauteur. Impossible ? Pas français, et encore moins ariégeois nom de nom ! D’autant plus que l’arbitre signale quatre minutes d’arrêts de jeu. « On a pas trop compris ces arrêts de jeu qui ne faisaient que se prolonger » dira Patrick Hollevet, co-entraîneur lot-et-garonnais, qui rajoute : « On est sanctionné par de nombreuses pénalités face à un adversaire qui avait plus souvent le ballon que nous, certes. On savait qu’avec leurs nombreux supporters, ces Ariégeois finissaient très fort leurs matches… »
Villeneuve se crispe, forcément, et sent que ça peut tourner moche cette fin d’histoire. D’autant plus moche que Jolly écope d’un carton jaune. Le RCV 15 va finir son match en s’appelant RCV 14. Pénalité pour l’UAS, qui va en touche forcément, pour une ultime munition. La conquête est propre, le ballon porté l’est tout autant, il est au chaud dans les gros bras de l’expérimenté Mathias Lledos, qui, derrière le camion rouge et noir, le conduit au paradis. Enfin, à l’égalisation tout du moins, ce qui est déjà pas mal au regard du 13-3 cinq minutes au préalable.
Bastien Séguéla, l’ouvreur-buteur de Saverdun, en échec sur l’essai précédent, a donc la transformation de la gagne au bout de son pied. En coin, sa frappe est propre, le ballon s’élève, prend la direction des perches… Au pied de celles-ci, les deux arbitres de touche attendent l’ogive, se regardent, et lèvent de manière synchronisée les drapeaux. Saverdun passe devant au score 13-15 au meilleur des moments. C’est fini…
Non, l’arbitre ordonne un dernier renvoi. De la réception à cette dernière chance offerte à Villeneuve, le maître mot est : « Pas de fautes ! » ou « Discipline ». Mission réussie, et même plus que réussie en allant gratter un dernier ballon, celui de la délivrance. Celui de la désolation pour Villeneuve-sur-Lot évidemment, comme crucifiée, en voyant le train pour la finale lui passer sous le nez après ce scénario complètement dingue. Un scénario rencontré dans l’autre sens, à peu de choses près, lors du 8ème de finale gagné contre Sor Agout.
Côté UAS, ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. Oui, à force d’y croire jusqu’au bout, les hommes de Yannick Idrac et Benoit Tessaroto ont encore repoussé les limites d’une certaine logique. Mais comme se plaisait à le dire haut et fort l’armée rouge et noire présente en masse au stade de Mauvezin : « c’est complètement dingue, fou, irréel même ! »
Ah ces phases finales, des souvenirs pou la vie, n’est-ce pas Mat Lledos : « Ce club a des valeurs incroyables, et un coeur gros comme ça. Sur le terrain, on croit au mec qui est à côté, on ne lâche rien. Mon essai ? Une sensation indescriptible, incroyable, comme rarement j’ai pu en vivre. C’est sans doute le plus beau match de ma vie ». Avant celui de dimanche prochain peut-être. D’ici là, la fête a été belle, et le sera quoiqu’il arrive désormais. Il faut dire qu’en matière de fête, l’UAS peut aussi faire dans l’irréel…