Saint-Sulpice sur Lèze, à une trentaine de minutes au sud de Toulouse, village de moins de 3 000 habitants, et pourtant une équipe en fédérale 1. Reconnue et respectée pour ses résultats, sa formation, son public, son stade Gaston Sauret et une ambiance si particulière, l’USSS est une sorte d’Ovni dans le paysage rugbystique actuel. Avec des moyens pourtant restreints par rapport à d’autres écuries de fédérale 1, aux budgets deux à trois fois supérieurs, le club veut se structurer pour pérenniser son équipe fanion au plus haut niveau amateur. Non sans mal, comme nous l’évoque Victor Labat, ancien talonneur de l’équipe, et qui à 36, est un jeune entraîneur aussi motivé que lucide…
Victor, brièvement, décrivez-nous la situation de l’USSS ?
Nous entamons notre quatrième saison de fédérale 1, avec un exercice 2017/2018 satisfaisant. Un maintien acquis assez rapidement pour l’équipe Une, le titre du challenge Capdeville pour nos espoirs, et une belle saison pour nos Belascain, 3ème équipe senior du club, ce qui n’est pas le cas de tous les clubs de féd 1.
La poule 3* dans laquelle vous allez évoluer, s’annonce encore plus compliquée que d’habitude. Quels seront les objectifs pour la saison prochaine ?
Avec les entraîneurs Damien Denechaud et Fabrice Capdeviol, nous venons de l’extérieur, ce qui n’était pas forcément le cas auparavant. Nous avons fait un bilan sportif afin d’œuvrer dans une nouvelle dynamique pour la saison à venir. Nous espérons réussir à passer un cap avec le club, assurer le maintien bien sûr, mais pourquoi pas lutter le plus longtemps possible avec les équipes qui vont se battre pour la qualification. Nos dirigeants nous ont également demandé cette évolution à court terme.
Il est de notoriété publique que le club a un des budgets les plus bas du niveau (on parle de 450 000€), n’est-ce pas contradictoire que de vouloir jouer autre chose que le maintien ?
Comme je le disais, on restructure le club, M. Jean-Jean, co-président, qui va plus se focaliser sur le sponsoring. M. Sadran (président du Toulouse Football Club), nous soutient via sa société newrest. Attention, il ne rentre pas dans le capital (rires). Mais cela témoigne de l’intérêt que nous pouvons susciter. Sportivement, on a remarqué que nous avons fini à la 8ème place, à dix points seulement du 6ème. Le tout, avec seulement deux entraînements par semaine. On va garder le même rythme, mais on a mis en place pour les joueurs la possibilité d’un troisième entraînement, avec un programme individuel.
Pour exister en fédérale 1, il faut un groupe solide en qualité, et en quantité. Comment se passe le recrutement ?
Nous avons axé le recrutement sur des joueurs qui ont des ambitions à ce niveau bien sûr, mais qui ont aussi l’envie véritable d’évoluer à St Sulpice. D’abord, nous avons déjà fait en sorte de conserver le groupe existant, ce qui, par les temps qui courent, est un exercice très difficile. Au niveau du recrutement extérieur parcontre, c’est un véritable cauchemar !
C’est-à-dire ?
Avant d’orienter le choix de joueurs à nos présidents, nous avons échangé avec chaque recrue « potentielle ». Et nous nous rendons compte que seul l’aspect financier prédomine. Outre l’argent, il faudrait apporter à certains des contrats de travail… sans même avoir déjà travaillé ! Et malheureusement, même des joueurs de catégorie élite espoirs demandent la lune sans avoir joué une seule minute en senior. Sans même connaître leur réel niveau sportif. Du coup, un club de fédérale 1 voit de bons joueurs s’orienter vers des clubs de fed 2 ou fed 3, plus riches, juste pour une logique financière. Pire même, au sein de nos clubs, des joueurs « engagés » moralement avec les entraîneurs et présidents, quittent le navire au dernier moment. Et je ne parle même pas de ceux qui se servent de contacts avec nous, pour faire augmenter les enchères volontairement !
C’est une tendance qui existe depuis plusieurs années déjà…
Je le sais bien, chez nous, on défraie les joueurs, et c’est bien normal. Mais là, on a encore franchi un palier je trouve. À St Sulpice, la cellule de recrutement existe depuis 2007, et de mémoire de tous, les choses n’avaient jamais été aussi difficiles que cette inter-saison. Nous nous retrouvons devant une réalité individualiste, qui est simplement le reflet d’une société de consommation dans laquelle nous vivons aujourd’hui.
On vous sent dépité…
Je constate c’est tout, et je ne suis pas le seul. Je reste optimiste pour mon club, car on a une culture une tradition qui sont fortes, et qui nous protègent encore de certaines dérives. D’autres clubs qui nous ressemblent comme Tyrosse ou Oloron, et qui jouent encore les premiers rôles, et c’est tant mieux. Mais je suis pessimiste pour le rugby fédéral amateur. Il n’y a plus de passerelles entre le monde pro et amateur, des clubs historiques chutent ou disparaissent complètement à cause d’une mauvaise gestion. Limoges en est le dernier exemple, mais il y en a eu tellement ces dernières saisons.
C’est aussi pour cela qu’il y aura un improbable Narbonne contre Saint-Sulpice cette année…
Oui, et c’est extraordinaire pour nous, évidemment. On va jouer contre un club historique du rugby français. Mais c’est encore une fois le reflet d’un rugby professionnel mal géré. Je dirais que contrairement à certains « grands » clubs qui n’ont pas su se maintenir à leur niveau, nous, nous avons su évoluer. Ce sont deux mondes qui se percutent, et qui se croisent. Je suis certain que d’ici dix ans, on va revenir à un rugby plus terre à terre, qu’on a connu il y a longtemps, avec des championnats plus proches, en ce qui concerne la fédérale 1, du Trophée Jean Prat, que de la poule élite, qui a fait imploser tellement de clubs.
L’USSS est prêt pour attaquer cette prochaine saison ?
On fait tout pour en tout cas. Ce qui est certain, c’est que le groupe formé pour la saison prochaine aura fait le choix d’évoluer ensemble, sous une même couleur, et ce sera notre force. Nous essaierons de jouer à nouveau les troubles fêtes, avec nos moyens, dans une division qui malheureusement, perd ses valeurs.
*Poule 3
01 | Narbonne |
02 | Roval Drôme XV |
03 | Aubenas |
04 | Saint Sulpice sur Lèze |
05 | Blagnac |
06 | Nîmes |
07 | Castanet |
08 | Rodez |
09 | Ceret |
10 | Graulhet |
11 | Fleurance |
Un très bon joueur ne fait pas forcément un bon entraîneur mais Victor est une belle exception !
Bonjour,
Maintenant il faut filer des rond a des mec qui eu même en payant eux les présidents y a 25 ans ils ne les aurais pas recrute encore moins fais jouer!!!!!
Bonjour je suis absolument en phase avec ce Monsieur. Ils veulent tous de l oseille sans rien avoir vecu. J ai joue la et la mais oui mais en quelle categorie cadet juniors espoir….. mdr . Pauvre rugby. De plus vous allez voir le nombre de licencie que le rugby va perdre avec la grande performance de l equipe de france de football.
Bon enfin tenez bon Monsieur Labat.