Champion de France avec Toulon en 1992 pour sa première année au plus haut niveau alors qu’il n’avait que 19 ans, Yann Delaigue y a aussi gagné son surnom de petit Mozart. Devenu international (20 sélections), il glanera ensuite deux nouveaux Brennus et une Coupe d’Europe avec Toulouse. Ce fou de rugby ne pouvait pas rester éloigné du ballon ovale et des terrains. Pensait-il alors qu’il allait créer une nouvelle pratique pour autant ?…
Yann, comment est venue l’idée de créer le Tournoi des 6 Stations ?
La genèse de cette histoire, il faut aller la chercher, comme c’est souvent le cas, lors d’une soirée un peu arrosée (rires). Une troisième mi-temps entre amis, c’était à la station de la Clusaz. On a sorti un ballon pour aller jouer dans la neige. Les gens autour de nous rigolaient bien, et nous aussi. Le lendemain, on s’est dit que c’était débile, mais que c’était justement pour ça qu’il fallait pousser la réflexion plus loin ! (rires)
Il restait quand même à tout mettre en place…
Dès que l’on a décidé de se lancer, avec Stéphane Rouault, on en a parlé à plusieurs stations dans les Alpes, qui semblaient très enthousiastes. Du coup, on a discuté avec des partenaires, notamment Orangina, qui a appuyé cette idée depuis le début. J’ai fait appel à mes amis rugbymen, les frères Lièvremont, Christophe Dominici, ou Christian Califano notamment, et la première édition était déjà sur de bons rails. On était 12 anciens pros pour la première. Et puis petit à petit, le nombre a évolué, pour arriver à 30 cette année.
Il y a les pros, mais aussi les amateurs. Leur présence te tenait à coeur…
Faire appel aux amateurs, c’était une évidence pour moi oui. Je suis un passionné de rugby, et je voulais partager ça avec le plus grand nombre. Alors, bien sûr, il y a des mecs qui ont porté le coq, ils sont connus, mais ils ne sont pas différents des gars qui jouent en fédérale 3 le dimanche. La philosophie du 6 Stations, c’est la convivialité, la simplicité, créer une mentalité de club pendant une semaine. J’ai vu des amateurs partir en pleurant à la fin du tournoi, car ils n’en revenaient pas de l’ambiance, de la proximité qu’ils avaient eu avec des joueurs qu’ils avaient applaudi dans un stade, ou vu à la télé. Cet échange là me plaît, et il marche dans les deux sens, car pour nous, anciens pros, partager ces moments-là, c’est vraiment génial.
Le 6 Stations est devenu un événement aussi attendu qu’incontournable maintenant…
Depuis la première édition, on a consolidé l’organisation, on est beaucoup plus structuré aussi. Nos partenaires nous aident énormément dans ce sens. La notoriété du 6 Stations a grandi oui. Des stations de ski nous sollicitent pour nous accueillir. On en intègre une nouvelle, comme Megève cette année, tout en restant fidèle à celles qui ont cru en nous au début de ce pari fou.
Un tournoi des 6 Stations dans les Pyrénées, c’est possible ?
Les Pyrénées, c’est plus compliqué, pour plusieurs raisons. Les stations ne sont pas toutes adaptées, et puis il serait difficile de se démultiplier. Ceci dit, on a vu qu’on avait fait des émules, avec des tournois sur neige indépendants organisés par des clubs ici ou là. Pour la promotion de notre beau sport, je trouve ça très sympa. On a lancé un mouvement, tant mieux.
Pourquoi avoir créé un 6 stations estival alors ?
On s’est dit que c’était dommage de ne se voir qu’une fois par an. On voulait se retrouver tous les 6 mois. L’idée de faire un événement l’été a germé rapidement.
L’idée de jouer sur l’eau est venue comment ?
On souhaitait se différencier des tournois de beach existants. Alors avec Cédric Desbrosses, Francis Ntamack et bien sûr Stéphane Rouault, on s’est dit que de jouer sur l’eau, ce serait du jamais vu. J’étais en vacances en Thaillande : j’ai vu une structure flottante, avec un terrain de foot dessus. J’ai appelé les copains, et je leur ai dit que j’avais trouvé le concept.
Le 6 stations balnéaire a été très bien accueilli aussi…
Pour une première édition, on peut dire que cela a été un vrai succès oui. Le jeu est rapide, le cadre est magnifique, les plongeons dans l’eau sont spectaculaires…Pourtant, on ne savait pas trop où on allait. On ne savait pas non plus si la plateforme flotterait normalement ou pas. Le goût du risque que j’avais sur le terrain, je l’ai reporté sur cet événement je crois (rires). On l’a monté en 4 ou 5 mois à peine. Du coup, vu le succès de l’an dernier, une 2ème édition est prévue.
En parallèle du tournoi, les champions sont partie prenante d’une double bonne action. En effet, le tournoi des 6 Stations soutient la Serge Betsen Academy et Rugby French Flair, deux associations qui utilisent le rugby pour transmettre des valeurs et des repères aux enfants défavorisés dans le monde. Une campagne de crowfounding a été mise en place en ce sens : https://www.gofundme.com/le-rugby-pour-lenfance-en-afrique