Tournoi des 6 Nations 2023 : Angleterre-France, l’éditovale –
Souvenez-vous du Crunch 2015, un festival offensif avec un surréaliste 55-35 pour des Anglais, au sommet de leur jeu, et de leur confiance, sûrs de leurs forces, clamant haut et fort leurs ambitions d’être à nouveau champions du monde, sur leurs terres, quelques mois plus tard. Et puis, le XV de la Rose s’est pris les pieds, par deux fois, dans son tapis de Twickenham, contre des Gallois et des Australiens sans pression et sans complexe.
Souvenons-nous aussi de cette fessée reçue en février 2019 à Twickenham, 44-8. Les Bleus étaient en pleine reconstruction. Les coéquipiers d’Owen Farrel, eux, marqués encore au fer rouge gallois quatre ans plus tôt, avaient promis de retenir la leçon. Quelques mois plus tard, lors de la coupe du monde japonaise, les hommes d’Eddie Jones ont tenu parole, bravé le typhon, donné la leçon aux Blacks en demie, avant de se casser seulement les dents sur des Sud Af en béton armé. Les seuls champions du monde de l’hémisphère nord, perdaient alors leur 3ème finale, mais se voyaient dominer l’Europe et le monde dans les années futures.
Tout ça pour dire que la victoire historique de samedi, car elle l’est par son résultat, son écart et sa manifeste supériorité, a de quoi nous rendre heureux, fiers, conquérants, mais aussi humbles et méfiants. Tout va très vite dans notre sport. Le calendrier surchargé tant décrié, mieux géré par les Irlandais et leurs provinces menus best of, les blessures qui vont avec, ou pas donc, et puis, ce parcours qui attend les hommes de Fabien Galthié à partir du 8 septembre prochain.
Les Blacks en hors d’oeuvre avec, quel que soit le résultat, un plat de résistance dès les quarts de finale, contre les Boks ou les Irlandais. Nous pourrions être privés de dessert sans qu’il y ait à redire, contre les Champions du monde en titre, ou les incontestables n°1 mondiaux qui nous ont dominé il y a trois semaines. Et si par bonheur, la bande à Galthié arrivait en finale, il y aurait fort à parier que ce soit pour retrouver les Blacks,. Un France-Brésil 98 version rugby 2023 en quelque sorte. L’on se prend à rêver bien sûr, avec un groupe et un staff solides, mais en gardant les pieds sur terre donc. L’équilibre est fragile, l’histoire sportive récente nous le rappelle sans cesse.
Profitons de ce bonheur, rare, total, royal, d’avoir effeuillé la rose, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie. Profitons de ce tee-time signé Thomas Ramos, d’avoir éteint le premier « Swing low, sweet chariot », et poussé nos les supporters d’outre manche, pas si fair play dans la défaite à quitter le navire avant l’heure, partis pour noyer leur chagrin dans la bière, et un jeu, qui va de beer en beer. Soyons fiers de notre béret, de notre baguette sous le bras, de notre esprit gaulois et de nos Bleus, (que l’on aimerait revoir avec leurs shorts blancs et leurs chaussettes rouges à y être).
Après tout, adresser un « Sorry, good game » à Owen Farrel, dans son jardin, n’a pas de prix, car on aime le et se détester mutuellement. Merci la guerre de 100 ans. Oui ne boudons pas cet immense plaisir, oui le Coq a ficelé comme jamais le rosbeef, oui OSS 117 a rossé 007 samedi, mais demain ne meurt jamais, surtout pas avec les Anglais. L’humilité reste une valeur fondamentale de notre sport. Le God save the King couine, mais attention, le jour de gloire, le nôtre, n’est pas encore arrivé…
(©photos FFR) Texte JL #éditovale
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