Comme l’an passée, le Stade Toulousain Rugby Féminin et le Lille Métropole Rugby Club Villeneuvois se retrouvaient en demi-finale du Top 8 féminin. Pour ce match aller, disputé à Ernest-Wallon, les Toulousaines (3ème du championnat, 43 points) comptaient bien repartir du bon pied après une fin de saison en demi-teinte. Elles gardaient en mémoire le fait qu’elles avaient enfin réussi à battre les Nordistes (6-5) en février dernier. Pour leur part, les Lilloises (2ème, 51 points) souhaitaient non seulement démontrer que leur classement au terme de la phase régulière n’était nullement usurpé mais aussi réussir le meilleur résultat possible afin de bien préparer le match retour. Pour information, la saison passée, dans ce même stade et après un match à multiples rebondissements, les deux équipes avaient fait match nul 19 partout. Voilà qui nous promettait encore une fois un beau spectacle… (Par Marco Matabiau/ Photo Olivier Constant).
On pouvait penser que la pluie incessante qui s’abattait sur Ernest-Wallon refroidirait les ardeurs des unes et des autres. Il n’en était rien puisque chacune des deux équipes envoyait son premier ballon d’attaque jusqu’à l’aile. La mêlée stadiste commençait sur les chapeaux de roue mais les Nordistes répondaient par une belle séquence de conservation au près dans le sillage d’une Ménager impeccable. Le LMRCV maintenait la pression et héritait d’une pénalité pour une faute dans le jeu au sol. Perthus transformait sans problème (3-0, 14è). Les Toulousaines répliquaient dans la foulée, la gauchère Lanteaume sanctionnant une faute identique des Lillloises (3-3, 16è). Quelques instants plus tard, Lille reprenait l’avantage grâce au pied de Perthus (6-3, 26è). L’artilleuse manquait néanmoins une pénalité dans ses cordes peu après (28è).
Les joueuses de Guillaume Bacharach et Damien Couvreur contrôlaient ce début de rencontre, leur jeu à une passe et leur conservation sans faille semblant frustrer les rouge et noir. Cependant, les Toulousaines se montraient dangereuses suite à une touche pourtant non trouvée par Boudaud. Les visiteuses cafouillaient la réception. S’en suivait une séance de dribbling, mais la couverture lilloise faisait le reste et l’action résultait en un renvoi aux 22. A quelques secondes de la pause, Lanteaume avait la possibilité de remettre les deux équipes à égalité, mais sa frappe tendue passait à droite des barres. M. Beun envoyait alors tout le monde à la pause citrons.
Un combat âpre, des occasions rares…
La deuxième période reprenait et l’on assistait à une succession d’imprécisions de part et d’autres. Entre passes approximatives, ballons échappés et réceptions de balles hautes compliquées, on sentait bien que la nervosité gagnait les deux camps et que personne ne voulait commettre d’erreurs préjudiciables. Les Stadistes avaient du mal à enchainer dans le jeu courant mais dominaient allègrement la mêlée fermée. Le pack toulousain gagnait même une pénalité mais Lanteaume échouait dans sa tentative (55è). Les joueuses d’Anthony Granja et Pierre Marty réussissaient enfin à conserver la balle et à déplacer la défense lilloise, mais cette dernière tenait le choc et se dégageait grâce à la trois-quart centre Vernier (62è). A la 66è, côté Stade, Peyronnet remplaçait Hermet, peut-être pour essayer de gratter quelques ballons dans les rucks.
Les débats restaient équilibrés même si Toulouse lançait ses dernières forces dans la bataille. Un nouvel enchainement, initié par Boudaud, amenait ses coéquipières tout près de la ligne. Lille faisait à nouveau le dos rond et récupérait une mêlée. Alors que le temps réglementaire arrivait à son terme, les Lilloises continuaient à subir en mêlée et Di Muzio, malgré la sortie rapide du ballon, était repoussée dans son en-but. Nouvelle mêlée, à nouveau emportée par le pack toulousain. Les rouge et noir obtenaient une pénalité. Les coachs demandaient à nouveau la mêlée, espérant peut-être une nouvelle faute adverse et pourquoi pas un essai de pénalisation, mais la capitaine Bilon optait pour les trois points. Lanteaume sortie, c’est Imart qui se présentait pour égaliser, mais sa tentative fuyait les barres. M. Beun mettait alors un terme à la rencontre.
Dans des conditions météorologiques peu propices à développer un jeu ambitieux, ce sont bel et bien les Lilloises qui ont le mieux géré leur affaire. Elles ont le plus souvent proposé un jeu à une passe, ne s’éloignant que très rarement de la zone de ruck. Elles ont ensuite laissé le soin à Perthus d’occuper le terrain et de renvoyer les Toulousaines dans leur camp. Toute la troisième ligne s’est mise en évidence: Ménager a été précieuse au près et les soeurs Di Muzio (Gina et Laura) ont été admirables de combativité. Pour leur part, malgré une mêlée fermée (et une première ligne) dominatrice (en dépit de l’absence de la pilier droit Rière), les Stadistes n’ont pas réussi à mettre leur jeu de mouvement en place, le ballon s’apparentant plus à une savonnette qu’à autre chose. Elles ont subi les vagues visiteuses lors du premier acte (et une bonne partie du second) avant de venir frapper à la porte de l’en-but à plusieurs reprises. Sans quelques approximations, elles auraient certainement pu égaliser voire l’emporter sur la fin. Quoi qu’il en soit, le faible écart de points promet un match retour tout aussi disputé ce dimanche au Stadium de Villeneuve d’Ascq.
Réactions
Pierre Marty (Entraîneur, Toulouse): « Encore une fois, un match perdu même si on met beaucoup d’engagement, d’intensité et d’application. A la sortie, on perd malgré tout la rencontre. On n’était encore une fois pas si loin. Après on va se dire que c’est la mi-temps. On n’a pas de casse, on a quelques certitudes. On sait grosso modo les points que nous devons corriger. On doit se dire que ça peut tourner. Le point positif, c’est l’apport de notre banc. Lorsque les joueuses entrent en jeu, on ne baisse ni en intensité ni en qualité. On va donc rester sur les points positifs (…) Lille a proposé un jeu restrictif, ce qui s’explique par les conditions: une passe, je cabosse, jeu au pied. Nous, on ne sait pas le faire. De toute façon, ce n’est pas l’ADN du club. On a essayé de les faire tomber très vite, de ne pas se consumer sur les phases de rucks afin de pouvoir conserver un peu d’énergie pour pouvoir produire quelque chose. Le plus râlant, c’est que ce n’est pas validé. J’espère que ça le sera dans 80 minutes. »
Guillaume Bacharach (Entraîneur, Lille): « Un match qui s’est déroulé dans des conditions très difficiles. Un ballon glissant, beaucoup de fautes de mains. La phase de mêlée a été primordiale. On a plutôt subi dans ce domaine même si ça ne nous a pas porté préjudice. C’était compliqué d’avoir des intentions de jeu. Il fallait occuper le terrain. On est à la mi-temps de la double confrontation. Rien n’est acquis d’un côté ou de l’autre. Tout va se jouer au match retour, j’espère dans de meilleures conditions (…) En première période, on réussit à avoir des séquences de conservation un peu longues. On devait garder le ballon pour les mettre à la faute. En deuxième mi-temps, c’est plus dur, on a moins la maitrise du jeu et la possession. Elles ont un peu plus d’opportunités. »
Laura Di Muzio (Troisième ligne et capitaine, Lille): « Un match très difficile, très serré. Le score reflète bien la physionomie de la rencontre. Avec les conditions météo, ça a été une grosse bataille de tranchées. Aucune des deux équipes n’a vraiment craqué ni pu montrer son jeu. L’opposition de la semaine prochaine sera vraiment décisive (…) On a réussi à tenir le ballon. En revanche, il va falloir régler les problèmes en conquête. J’espère qu’on pourra sortir quelques ballons et mettre en place ce qu’on a l’habitude de proposer (…) Les deux demi-finales aller ont été ultra serrées, ce qui prouve aussi que le niveau du Top 8 est en train de s’élever. »
Camille Imart (Demi d’ouverture, Toulouse): « Frustrée par le score car on a des occasions de marque et on n’y arrive pas. On a aussi l’occasion d’égaliser à la fin et ça passe à pas grand-chose. Des petites erreurs qu’il va falloir gommer la semaine prochaine (…) En plus, ça fait deux semaines qu’on s’entraîne avec un grand soleil et de la chaleur. On avait un peu oublié ce que c’était que la pluie (…) On a manqué de profondeur de manière à pouvoir les attaquer avec de la vitesse et plus loin des rucks. Il aurait fallu qu’on soit un peu plus précises au pied, que ce soit pour les sorties de camp ou dans les tirs au but. »
Feuille de match
A Toulouse (Stade Ernest-Wallon): Lille MRC Villeneuvois bat Stade Toulousain RF 6 à 3 (score acquis à la pause)
Arbitrage: M. David Beun (Comité Provence) assisté de MM. Christophe Montagnani et Mathieu Hanna.
Pour Toulouse: 1 pénalité Lanteaume (16è).
Pour Lille: 2 pénalités Perthus (14è, 22è).
Composition Stade Toulousain RF: Escande; Jason, Boudaud, Lanteaume, Dubertrand; Imart (o), Frégier (m); Bilon (cap), Hermet, Lecat; Mancip, Loubet; Lapoujade, Divoux, Traoré.
Sur le banc: Boutet, Menetrier, Deschamps, Clavé Chastang, Peyronnet, Beauparlant, Cazorla.
Entraîneurs: Anthony Granja et Pierre Marty.
Composition Lille: Rollie; Blondiau, Vandesteene, Vernier G., Ménager M.; Perthus (o), Rivoalen (m) ; Ménager R., Di Muzio G., Di Muzio L. (cap); Griere, Konkel; Tchouta, Soloch, Ali.
Sur le banc: Khiter, Vernier E., Kiehlmann, Ajavon, Esteve, Moncozet, , Izar.
Entraîneurs: Guillaume Bacharach et Damien Couvreur.