Etudiant en alternance travaux publics, Thomas Alarcon a été victime d’un très grave accident sur un chantier la semaine dernière (voir article), au point que son pronostic vital était engagé. Mais le jeune demi de mêlée de 21 ans s’en est sorti et nous raconte ce qu’il espère être un très mauvais souvenir, et comment il voit la suite de sa vie…
Thomas, tout d’abord, pour mieux comprendre ce qu’il s’est passé, peut-on revenir sur ton accident ?
Oui, je suis étudiant à Castelnaudary, et en stage du côté de Castres. J’étais sur un chantier, je devais guider un tractopelle. J’ai posé ma main gauche dessus, quand le conducteur a levé le godet. Il a touché une ligne haute tension de 20 000 volts, et j’ai été électrocuté.
Tu te souviens de tout, car tu ne t’es pas évanoui ?
Le conducteur a eu le bon réflexe, il a ouvert sa portière pour me repousser et que je ne sois plus en contact avec l’engin. Mais ça a duré plusieurs secondes, c’est mon ressent ie ne tout cas. Au début, j’ai cru que que j’avais reçu un coup de godet derrière la tête, tellement le choc était violent. Puis, c’était comme dans les films, je tremblais très fort. Le courant est rentré par ma main gauche, puis il est ressorti par mon pied droit. Je suis tombé dans le fossé, et mon premier réflexe a été d’appeler mon père
Te sens-tu comme un miraculé ?
Oui, les médecins me disent que c’est déjà rare de n e pas s’évanouir quand on reçoit 20 000 volts de la sorte, mais le vrai miracle, c’est que je sois toujours en vie, car si le courant était passé par mon coeur, je ne serais plus là pour en parler. Dans mon malheur, j’ai eu de la chance. Même si rien n’est définitif.
C’est-à-dire ?
L’électricité brûle différemment que le feu. C’est-à-dire que les brûlures ne sont pas toutes visibles, elles sont vivantes, elles peuvent continuer de brûler à l’intérieur de mon corps pendant un certain temps. C’est pourquoi on m’a expliqué que mon pronostic vital reste engagé pendant trois semaines. J’attends les résultats avec impatience, mais c’est très dur mentalement. C’est aussi la raison pour laquelle je suis suivi par un psy. Je ne pensais pas y avoir recours un jour, mais là, ça aide. Il me dit que je suis un miraculé de la vie, je m’accroche à ça.
« J’espère pouvoir rejouer, c’est un objectif que je me suis fixé, je m’accroche à ça. »
Quelles sont les conséquences de cet accident sur ton corps ?
Ma main et mon pied sont brûlés, mais je devrais les garder selon les médecins. Je suis opéré tous les trois jours, avec anesthésie générale pour me changer les pansements. J’attends la suite, mais normalement, il y aura trois semaines de plus à l’hôpital pour me faire des greffes, plus une rééducation d’un mois. C’est long, je m’y prépare, même si tout reste un peu flou encore pour moi.
Les médecins disent que ta forme physique et ton mental jouent en ta faveur…
Ils me parlent de mes ressources pour combattre oui, même si parfois j’ai des coups durs. C’est normal. Le rugby m’aide beaucoup, c’est certain.
Tu y penses ?
Au rugby ? Bien sûr ! J’espère pouvoir rejouer, c’est un objectif que je me suis fixé, je m’accroche à ça. Je n’ai que 20 ans, ce serait terrible pour moi de me dire que je ne peux plus jouer. Et si c’était le cas, j’essaierai de rester dans le milieu, d’une manière ou d’une autre.
A Mazamet ?
Oh oui, c’est mon club de toujours, ma seconde famille. J’ai refusé de jouer ailleurs car j’y suis bien. Tout le monde m’envoie des messages de soutien, les joueurs, les dirigeants, il y a des story, tout ça fait chaud au cœur. J’en profite pour dire ici que j’ai du mal à répondre à tout le monde. Mais merci à toutes et tous, vraiment. Merci à ma famille, mon club, aux espoirs du CO avec qui je m’entraîne, merci aux joueurs du CO pour le maillot dédicacé aussi. Merci à tout le monde, ce soutien est très précieux, plus qu’on ne l’imagine.