Dans la continuité d’un été particulièrement rocambolesque et destructeur d’équipes en 4ème série, de nouvelles informations alarmantes en provenance du 81, nous sont parvenues, concernant la 3ème série cette fois. En effet, Christophe Baubil, bien connu sur les bords du Tarn pour sa carrière de joueur (passé notamment par Gaillac), devenu président-joueur au Brens Olympique à 42 ans, est confronté à de grosses difficultés pour assurer le départ de son équipe. Le voisin Marssac, ne serait pas mieux loti. Une entente est envisagée, mais le championnat débute ce dimanche. Nous avons contacté les principaux concernés…
Christophe Baubil, on pensait le Brens Olympique à l’abri d’une situation si compliquée. Que se passe-t-il exactement ?
Brens est un club qui a su rebondir oui, avec une demi-finale de championnat et un 16ème de finale la saison dernière. Mais c’est un club vieillissant, qui a dû composer avec des arrêts, plus ou moins prévus. On avait 45 joueurs, il n’en reste que 25. Je connais suffisamment le rugby pour savoir qu’on ne pourra pas tenir toute la saison. Les jeunes ne sont pas venus, ils se font de plus en plus rare, les mentalités évoluent aussi, leur état d’esprit a changé. Je ne m’en rendais pas trop compte en étant joueur. Mais là, en ayant uniquement la casquette de président, j’en prends vraiment conscience.
Ce renouvellement aurait pu être anticipé selon vous ? Comment auriez-vous pu faire pour faire venir ces jeunes ?
Il n’ y a pas de formule magique, surtout à notre niveau. Peut être que le duo d’entraîneurs en place aurait pu être plus dynamique pour prendre le téléphone et en appeler. Mais je ne peux pas leur en vouloir, tout le monde est bénévole, et fait avec le temps dont il dispose. On ne va pas se distinguer des voisins en offrant un ricard de plus à l’apéro non plus! J’ai plutôt tendance à culpabiliser en fait, à me demander si j’ai fait assez d’efforts comme président-joueur, plutôt que joueur-président. En même temps, pour donner un coup de fouet, on demandait 50€ de licence seulement cette saison au lieu de 100€ l’an passé, le club prenant en charge la différence. Mais ça ne se joue pas à ce niveau visiblement. C’est l’envie de jouer qui manque aussi.
On vous sent dépité…
Je pense que le rugby de bas niveau n’intéresse plus personne. Ma passion pour le rugby est en train de s’éteindre oui, et si on ne repart pas, je crois que j’aurais du mal à aimer le rugby comme avant. Nous sommes une équipe dirigeante avec une moyenne d’âge de 40 ans, nous avons un bassin économique de 65 entreprises, qui pour la plupart, nous aide, je peux dire que financièrement, on est assis, on ne doit de l’argent à personne. On manque « seulement » de matière première : les joueurs.
« Il vaut mieux s’unir que mourir non ? »
Vous connaissiez votre situation en juin, pourquoi ne proposer cette entente qu’au dernier moment ?
En juin, j’avais des gars qui m’ont dit « oui, on repart ». Et puis finalement, on se retrouve avec des arrêts imprévus. En 4ème série, le moindre arrêt peut avoir des conséquences.
A quel moment vous avez envisagé une entente avec Marssac ?
A partir du moment où nous étions en difficulté, et eux aussi, donc récemment. Il vaut mieux s’unir que mourir non ? Ils ont un école de rugby de 30 gamins. J’ai rencontré Jean-Pierre Pujol, on a échangé et convenu que c’était une bonne idée de se mettre en entente. On a déjà fait deux entraînements en commun, et je peux vous dire que de se retrouver à plus de 40 sur le pré, ça fait bien plaisir. Marssac a 26 licences, avec les nôtres, il y a de quoi faire un groupe qui peut tenir la route. On a même pensé au nom du club : le XV du Pastel.
Vous nous informez que le président du Comité du Tarn vous aurait refusé cette entente, pourquoi ?
J’ai demandé à le rencontrer oui. Son idée est de faire muter les joueurs de Brens à Marssac, et de mettre notre club en sommeil. Mais on sait tous comment ça se finit. Désolé, mais je tiens à ce que le nom de Brens perdure. M. Rey considère sûrement que la date butoir était fixée au 25 août dernier, soit. Je suis un jeune président et je ne suis pas très au fait des contraintes administratives, je l’avoue. Mais je veux croire que notre demande sera entendue, puisque nous avons envoyé un courrier au président du Comité Midi-Pyrénées, Gilles Sicre, afin qu’il intervienne dans ce dossier.
Si la demande d’entente est refusée, que se passera-t-il ?
On sera forfait lors du premier match, sûrement pour le deuxième, et proche du forfait général par conséquent. La situation de Marssac ne sera guère meilleure au coeur de l’hiver vous savez. Et quand je regarde des clubs que je connais bien à côté de chez, je me pose des questions. Gaillac a fait match nul à la maison contre Cahors dimanche, ils ont encore un réservoir de jeunes, mais pour combien de temps. Lisle-sur-Tarn vient de perdre à la maison d’entrée, après avoir vécu une année 2016-17 compliquée. Il serait peut être temps d’unir nos efforts pour une XV du Vignoble qui aurait plus de sens à une époque où le rugby d’en bas vit des heures très compliquées.
Les réponses du Comité du Tarn et du Comité Midi-Pyrénées
Joint par téléphone, Alain Rey, président du Comité du Tarn a bien voulu répondre à nos questions : « J’ai bien vu le président de Brens, à sa demande, qui m’indiquait qu’il lui manquait des licences. A une semaine du début du championnat, je lui ai dit que la meilleure des solutions était de faire muter ses joueurs à Marssac pour qu’ils puissent commencer le championnat à l’heure. Les poules sont faites maintenant, et je ne vois pas comment un avis favorable peut être donné à ce moment de l’année. Je n’ai en aucun cas émis un avis défavorable. Je n’ai pas de pouvoir particulier, et n’ai pas l’intention de l’exercer, à l’encontre de qui que ce soit. La décision est dans les mains du Comité Midi-Pyrénées maintenant, et la Commission des Épreuves ».
Jacques Rezungles, en charge de la très sollicitée Commission des Épreuves confirme les propos du président tarnais : « Nous pouvons envoyer un dossier pour une entente oui, mais la validation finale appartiendra à la FFR, ce n’est pas de notre ressort. Ceci dit, le délai de constitution de dossier ne permettra pas sa validation avant le début de la compétition, fixée à ce dimanche. La seule porte de sortie reste donc de valider des mutations…et encore, la décision finale est aussi soumise à la FFR, je le répète. »
Pour terminer notre tour d’horizon des principaux concernés dans ce dossier quelque peu particulier, nous avons réussi à joindre également le président du CMP, Gilles Sicre, qui ne cachait pas son envie de trouver une issue favorable et avantageuse pour tout le monde : « Nous avons reçu un mail à 10h aujourd’hui, il est donc certain que rien ne pourra être acté avant ce dimanche. Il y a des règlements, nous nous devons de les respecter. Il faut que les deux clubs provoquent un Comité Directeur, et qu’ils nous confirment leur demande d’entente par écrit via un PV officiel. Il n’y a jamais eu de précédent à ma connaissance, néanmoins, nous avons déjà porté le dossier, grâce à l’intervention rapide et efficace de Jacques Rezungles, à la connaissance du service juridique de la FFR, qui aura la décision finale quoiqu’il arrive. Notre priorité est que les joueurs puissent jouer bien sûr, et que les deux clubs subsistent. Nous serons fixés rapidement, espérons-le. »
La décision appartiendra à la FFR en effet, mais on aura bien compris qu’elle est aussi entre les mains des deux présidents de Marssac et de Brens, aussi…
Photos C. Fabries
Encore un club laissé à l’abandon par les comités. Ce (jeune) président à l’honnêteté de dire qu’il a fait une erreur car pas « très au fait des contraintes administratives » et au lieu de l’accompagner, tous les responsables se renvoient la balle pour le couler. Un président qui a réunit des partenaires, des dirigeants, qui jouait également pour donner la main se retrouve dans une impasse administrative, ce qui va entrainer la « mise en sommeil » (=disparition) de son club et peut être celui à coté. Il est déjà assez compliqué de réunir des clubs qui se sont opposés sur le terrain pendant de longues années et si maintenant les comités ne les aident pas plus, on va avoir une disparition en masse des clubs de village où sont « élevés » nos futurs internationaux.
Le rugby de clocher est à l’image de notre top 14 (dixit : le plus beau championnat du monde), place uniquement aux grands, beaux, forts, avec de l’argent et sans amour de notre sport.
Bon courage à vous président.