Forfait lors de la dernière journée de championnat, le président du club tarn-et-garonnais ne savait pas s’il pourrait aligner une équipe dimanche dernier. Les intempéries lui sont venues en aide pour lui donner une semaine de répit. Mais l’incertitude perdure, à très court et moyen terme. L’an passé à la même époque, l’ancien pensionnaire de l’école briviste, et joueur de fédérale 3 pendant de nombreuses années, avait déjà tiré la sonnette d’alarme pour le club sang et or, pourtant méritant. Cette fois-ci, le malaise semble encore plus profond. Un cas isolé ? (par Jonah Lomu)
Président, pourquoi avoir déclaré forfait à Rieucros ?
Parce que nous n’étions que 11 à l’entraînement du vendredi. Nous allions peut être réussir à être 15 pour le dimanche, mais à quoi bon ? Entre les frais et l’essence, ça nous coûte plus cher que de déclarer forfait. Et puis, il y a la santé des joueurs qui compte aussi.
Comment en êtes-vous arrivés là ?
Nous avons 28 licences, et grâce à quelques recrues, on a réalisé un début de saison intéressant. Mais on a eu un peu de casse, comme tout le monde. Des blessures plus ou moins graves, et puis on n’est pas aidé par certains règlements…
Que voulez-vous dire ?
Que nous avons plusieurs joueurs prêts à jouer et en bonne condition, mais qui ont 40 ans : un ouvreur, un pilier, un centre et deux polyvalents. A notre niveau, c’est considérable. On nous impose de faire un examen, que je conçois, mais cela coûte 500€ par tête ! Et ce, sans être sûr de jouer, puisque le dossier de chacun passe en commission par la suite. Quel club, à notre niveau, peut débourser 2500€ de la sorte ?
Que faire alors ?
On subit. Il y a des dizaines d’exemples de joueurs, voire même des entraîneurs, qui après 40 ans, se maintiennent en forme, et ont toute capacité à jouer (on a vu l’exemple de Stéphane Péchambert en Fédérale 3, à Nègrepelisse récemment). Pour en parler chaque semaine autour de moi, Finhan, petit club du Tarn-et-Garonne, n’est pas le seul dans ce cas. Verdun à côté de chez nous, souffre aussi, comme tant d’autres. Le Comité fera les comptes à la fin de la saison. Mais il y a 300 licenciés en Midi-Pyrénées qui ont plus de 40 ans. La moitié ne joue pas, donc j’imagine que 150 licences en moins, c’est un trou important dans un budget.
Comment voyez-vous la suite de la saison ?
C’est compliqué, vraiment. Vous savez, c’est dur de maintenir un club en vie dans ces conditions. Cela demande une énergie folle. Dans n’importe quel club, vous avez une poignée de braves qui se donnent sans compter, à faire les courses, la cuisine chaque semaine, à gérer la trésorerie, à demander trois sous auprès de partenaires, une subvention à la Mairie, pour soutenir le club, faire un repas de Noël, etc…On ne vit que pour le club parfois, c’est comme un deuxième travail. On le fait avec passion, certes, mais vous espérez en retour avoir une reconnaissance sportive, au moins ça.
Ce n’est pas le cas ?
Ce n’est pas agréable de perdre tous les matchs, comme pour les joueurs. Parmi eux, je sais que je peux compter sur un noyau dur, des vaillants qui défendront le maillot jusqu’au bout. Mais sans faire de généralité facile, la jeunesse d’aujourd’hui a une mentalité différente. On joue deux ou trois matchs, puis on a un week-end de repos, je trouve donc anormal qu’un gars qui prend une licence, soit absent pour une autre raison qu’une blessure un jour de match. On connaît le calendrier à l’avance pourtant. Ce n’est pas fait pour motiver les dirigeants, qui baissent les bras à force.
On vous sent presque résigné ?
Oui je le suis, et un peu déçu aussi. J’ai ma petite carrière derrière moi, le rugby est en moi depuis toujours, et j’en suis arrivé à me dire que j’allais jeter l’éponge à la fin de la saison. Je consacrerai plus de temps à ma famille. Mais honnêtement, je n’aurais jamais pu imaginer finir le rugby ainsi. Malgré cela, on va tâcher d’aller au bout de la saison, avec nos moyens.