Alors que la saison 2017-2018 touchait réellement à sa fin en juillet dernier, que tous les clubs s’activaient à préparer la suivante avec ardeur, nous avons pris quelques jours de vacances. Tout en vous distillant sur notre page Facebook, des « best of » photos et vidéos en tous genres, pour vous éviter une prise d’anti-dépresseurs massive. Entre textos ou messages sur réseaux sociaux, le lien avec les joueurs, entraîneurs et présidents, ne s’est jamais véritablement coupé, même les doigts de pied en éventail. L’heure de la rentrée a sonné, on rallume le PC, le cerveau, on fait craquer les doigts, et c’est reparti. Non sans vous faire part d’un ressenti bien présent, que l’on tenait à partager avec vous, chères lectrices et lecteurs, que nous sommes ravis de retrouver…
Car oui, l’actualité rugbystique s’est faite un devoir de renforcer ce lien quelque peu distendu au mois d’août, pour rendre cette reprise un tantinet à la fois joyeuse et amère. tout d’abord, difficile de ne pas débuter cette nouvelle campagne ovale, sans avoir une pensée appuyée pour Louis Fajfrowski, ce jeune joueur d’Aurillac, qui s’est éteint après un match amical contre Rodez le 10 août dernier. Une nouvelle largement reprise par tous les médias, et ceux qui se prétendent l’être, à grands renforts de théories et d’analyses sportivo-médicales nauséabondes, sur la dangerosité grandissante du rugby. Ce qui a fait naître en nous, un sorte de gêne, pour ne pas dire plus.
Les plus ardents militants anti-ovale avaient déjà pu se délecter d’un premier semestre 2018 riche en grains à moudre du ballon ovale. A commencer par les draps blancs sur la pelouse du Racing pour cacher le KO et les convulsions du jeune clermontois Samuel Ezeala, à peine 18 ans, percuté par Vakatawa, et qui disputait son premier match professionnel, sous le regard de téléspectateurs choqués. Le décès de Rebecca Braglia en mai, jeune joueuse italienne, tombée dans le coma après un œdème cérébral provoqué par un plaquage. Plusieurs semaines s’écoulent, et Adrien Descrulhes, 17 ans, joueur amateur du Puy de Dôme, est retrouvé sans vie dans son lit au lendemain d’un match. L’autopsie révélera un traumatisme crânien, alors que son club n’a décelé aucun signe ni trouble du comportement à la sortie du terrain. Les déclarations alarmantes de Wesley Fofana sur son hernie cervicale qui aurait pu lui coûter la vie, les retraites prématurées de joueurs connus et reconnus, comme celle de Sam Warburton, le capitaine gallois (29 ans), meurtri par 74 sélections internationales, et autant de matchs en club, ont également interpellé. Et donc, en point d’orgue, le malaise de Louis, centre d’Aurillac, sorti sonné après un plaquage, avant de perdre connaissance et décéder dans les vestiaires du stade Jean-Alric.
Oui, ces événements douloureux rappellent à l’ordre. La Fédération Française de Rugby l’avait bien compris avant cet été meurtrier, lors du congrès de fin de saison tenu à Perpignan, et d’un observatoire médical, sujet à de nouveaux débats : renforcement de dispositifs médicaux sur et en dehors des terrains du Top 14 et de Pro D2, 12 remplacements au lieu de 7, et le carton bleu soumis à l’appréciation de l’arbitre, pour détecter les commotions cérébrales. Ah, ces fameuses commotions cérébrales, rentrées dans le langage courant avec le « protocole commotion », presque banalisé, tant les sorties de joueurs dans la brume, sont devenues nombreuses (50 en 2016, 200 en 2017-18 !).
Ce Top 14, vitrine d’un rugby, et des corps, en pleine métamorphose, limite la différence entre le XIII et le XV. Plus de poids, plus de vitesse, plus d’impacts, et le rugby, est le seul sport qui autorise des mecs de 130kg, à venir percuter un autre « d’à peine » 90kg. Poids lourds contre poids moyens. Jean-Claude Skrela et David son fils, ont été internationaux avec le même physique, à trente ans d’écart. L’un jouait troisième ligne dans les années 80, l’autre ouvreur dans les années 2000. L’avènement de Sébastien Chabal au niveau mondial pour ses tampons et actions « buzz » à l’heure des débuts des réseaux sociaux, ont sûrement desservi l’image du rugby, cantonné à un sport de brutes, pratiqué certes par des gentlemen, mais plus proche d’un combat de gladiateurs. 10 ans plus tard, la campagne de promotion de La Rochelle met en scène ses joueurs en tenue de… gladiateurs romains. 10 ans plus tard, Chabal est un consultant majeur du rugby à la télé.
Alors ce rugby que l’on aime, fait de mouvements, de prises d’intervalles, de passes redoublées, a-t-il définitivement disparu, en même temps que le french flair ? Ce rugby flamboyant, pratiqué par des All Blacks plus dominateurs que jamais, mais plus pragmatiques aussi, qui récitent leurs gammes avec une telle maestria, que l’on se demanderait plus qui sera vice champion du monde derrière eux. Ce rugby moderne qui renvoie Sergio Parisse samedi aux vestiaires pour une protection illicite avec le coude… et l’épaule en avant, pour se protéger d’un Alan Brazo, catalan certes valeureux, mais venu au contact… à l’épaule. Qui commet l’acte dangereux dans ce cas ? La vidéo n’aidant visiblement pas à trancher, les débats ne font que commencer dans les tribunes et au café du coin. La Commission de discipline va avoir du boulot encore cette année !
Vous l’aurez compris, cette rentrée est donc marquée par ce petit nuage, de la couleur de la série, noire, (une pensée aussi pour Pierre Camou, ancien président de la FFR, disparu il y a peu) qui plane au dessus de nos têtes, et s’abat sur notre rugby depuis quelques années (on vous a fait grâce des affaires de dopage, de cocaïne, de bagarres contre une commode ou même un chevet, etc…). Le moral pourrait ne pas être au beau fixe… mais, car le voilà ce « mais » salvateur, il faut garder espoir. Et pas noircir un tableau qui l’est bien assez.
Samuel Ezeala a éclaboussé… de tout son talent, le premier match de Clermont ce week-end, pour inscrire ses premiers essais en pro, neuf mois après son choc face à Vakatawa. Neuf mois pour une (re)naissance, normal. Le réservoir de jeunes talents n’a jamais semblé aussi rempli par ailleurs. Nos moins de 20 ne sont-ils pas de beaux champions du monde, qui plus est avec un jeu porté sur l’évitement plus que sur le défi physique à outrance ? Les bougons se demanderont combien d’entre eux seront présents en 2023 ? Nous verrons bien, certains jouent déjà en Top 14, et c’est plutôt une bonne nouvelle.
Et puis surtout, même si le quotidien n’est pas toujours facile pour les clubs d’en bas, même si le rugby amateur duplique ce qu’il n’y a pas toujours de meilleur chez l’élite, le rugby est, et restera, ce jeu que l’on aime pour ses valeurs majeures : la solidarité, l’abnégation, et le courage notamment, qui forgent des hommes et des souvenirs pour la vie. Alors mesdames et messieurs, content de vous retrouver pour cette nouvelle saison, que nous allons essayer de vous faire vivre de l’intérieur, avec nos infos sérieuses, et nos rubriques décalées (souvent copiées, mais jamais égalées bien sûr). Le temps s’est arrêté ces dernières semaines… reprise du temps ! Vive le rugby, et vive le rugby amateur !
Alors que la saison 2017-2018 touchait réellement à sa fin en juillet dernier, que tous les clubs s’activaient à préparer la suivante avec ardeur, nous avons pris quelques jours de vacances. Tout en vous distillant sur notre page Facebook, des « best of » photos et vidéos en tous genres, pour vous éviter une prise d’anti-dépresseurs massive. Entre textos ou messages sur réseaux sociaux, le lien avec les joueurs, entraîneurs et présidents, ne s’est jamais véritablement coupé, même les doigts de pied en éventail. L’heure de la rentrée a sonné, on rallume le PC, le cerveau, on fait craquer les doigts, et c’est reparti. Non sans vous faire part d’un ressenti bien présent, que l’on tenait à partager avec vous, chères lectrices et lecteurs, que nous sommes ravis de retrouver…
Car oui, l’actualité rugbystique s’est faite un devoir de renforcer ce lien quelque peu distendu au mois d’août, pour rendre cette reprise un tantinet à la fois joyeuse et amère. tout d’abord, difficile de ne pas débuter cette nouvelle campagne ovale, sans avoir une pensée appuyée pour Louis Fajfrowski, ce jeune joueur d’Aurillac, qui s’est éteint après un match amical contre Rodez le 10 août dernier. Une nouvelle largement reprise par tous les médias, et ceux qui se prétendent l’être, à grands renforts de théories et d’analyses sportivo-médicales nauséabondes, sur la dangerosité grandissante du rugby. Ce qui a fait naître en nous, un sorte de gêne, pour ne pas dire plus.
Les plus ardents militants anti-ovale avaient déjà pu se délecter d’un premier semestre 2018 riche en grains à moudre du ballon ovale. A commencer par les draps blancs sur la pelouse du Racing pour cacher le KO et les convulsions du jeune clermontois Samuel Ezeala, à peine 18 ans, percuté par Vakatawa, et qui disputait son premier match professionnel, sous le regard de téléspectateurs choqués. Le décès de Rebecca Braglia en mai, jeune joueuse italienne, tombée dans le coma après un œdème cérébral provoqué par un plaquage. Plusieurs semaines s’écoulent, et Adrien Descrulhes, 17 ans, joueur amateur du Puy de Dôme, est retrouvé sans vie dans son lit au lendemain d’un match. L’autopsie révélera un traumatisme crânien, alors que son club n’a décelé aucun signe ni trouble du comportement à la sortie du terrain. Les déclarations alarmantes de Wesley Fofana sur son hernie cervicale qui aurait pu lui coûter la vie, les retraites prématurées de joueurs connus et reconnus, comme celle de Sam Warburton, le capitaine gallois (29 ans), meurtri par 74 sélections internationales, et autant de matchs en club, ont également interpellé. Et donc, en point d’orgue, le malaise de Louis, centre d’Aurillac, sorti sonné après un plaquage, avant de perdre connaissance et décéder dans les vestiaires du stade Jean-Alric.
Oui, ces événements douloureux rappellent à l’ordre. La Fédération Française de Rugby l’avait bien compris avant cet été meurtrier, lors du congrès de fin de saison tenu à Perpignan, et d’un observatoire médical, sujet à de nouveaux débats : renforcement de dispositifs médicaux sur et en dehors des terrains du Top 14 et de Pro D2, 12 remplacements au lieu de 7, et le carton bleu soumis à l’appréciation de l’arbitre, pour détecter les commotions cérébrales. Ah, ces fameuses commotions cérébrales, rentrées dans le langage courant avec le « protocole commotion », presque banalisé, tant les sorties de joueurs dans la brume, sont devenues nombreuses (50 en 2016, 200 en 2017-18 !).
Ce Top 14, vitrine d’un rugby, et des corps, en pleine métamorphose, limite la différence entre le XIII et le XV. Plus de poids, plus de vitesse, plus d’impacts, et le rugby, est le seul sport qui autorise des mecs de 130kg, à venir percuter un autre « d’à peine » 90kg. Poids lourds contre poids moyens. Jean-Claude Skrela et David son fils, ont été internationaux avec le même physique, à trente ans d’écart. L’un jouait troisième ligne dans les années 80, l’autre ouvreur dans les années 2000. L’avènement de Sébastien Chabal au niveau mondial pour ses tampons et actions « buzz » à l’heure des débuts des réseaux sociaux, ont sûrement desservi l’image du rugby, cantonné à un sport de brutes, pratiqué certes par des gentlemen, mais plus proche d’un combat de gladiateurs. 10 ans plus tard, la campagne de promotion de La Rochelle met en scène ses joueurs en tenue de… gladiateurs romains. 10 ans plus tard, Chabal est un consultant majeur du rugby à la télé.
Alors ce rugby que l’on aime, fait de mouvements, de prises d’intervalles, de passes redoublées, a-t-il définitivement disparu, en même temps que le french flair ? Ce rugby flamboyant, pratiqué par des All Blacks plus dominateurs que jamais, mais plus pragmatiques aussi, qui récitent leurs gammes avec une telle maestria, que l’on se demanderait plus qui sera vice champion du monde derrière eux. Ce rugby moderne qui renvoie Sergio Parisse samedi aux vestiaires pour une protection illicite avec le coude… et l’épaule en avant, pour se protéger d’un Alan Brazo, catalan certes valeureux, mais venu au contact… à l’épaule. Qui commet l’acte dangereux dans ce cas ? La vidéo n’aidant visiblement pas à trancher, les débats ne font que commencer dans les tribunes et au café du coin. La Commission de discipline va avoir du boulot encore cette année !
Vous l’aurez compris, cette rentrée est donc marquée par ce petit nuage, de la couleur de la série, noire, (une pensée aussi pour Pierre Camou, ancien président de la FFR, disparu il y a peu) qui plane au dessus de nos têtes, et s’abat sur notre rugby depuis quelques années (on vous a fait grâce des affaires de dopage, de cocaïne, de bagarres contre une commode ou même un chevet, etc…). Le moral pourrait ne pas être au beau fixe… mais, car le voilà ce « mais » salvateur, il faut garder espoir. Et pas noircir un tableau qui l’est bien assez.
Samuel Ezeala a éclaboussé… de tout son talent, le premier match de Clermont ce week-end, pour inscrire ses premiers essais en pro, neuf mois après son choc face à Vakatawa. Neuf mois pour une (re)naissance, normal. Le réservoir de jeunes talents n’a jamais semblé aussi rempli par ailleurs. Nos moins de 20 ne sont-ils pas de beaux champions du monde, qui plus est avec un jeu porté sur l’évitement plus que sur le défi physique à outrance ? Les bougons se demanderont combien d’entre eux seront présents en 2023 ? Nous verrons bien, certains jouent déjà en Top 14, et c’est plutôt une bonne nouvelle.
Et puis surtout, même si le quotidien n’est pas toujours facile pour les clubs d’en bas, même si le rugby amateur duplique ce qu’il n’y a pas toujours de meilleur chez l’élite, le rugby est, et restera, ce jeu que l’on aime pour ses valeurs majeures : la solidarité, l’abnégation, et le courage notamment, qui forgent des hommes et des souvenirs pour la vie. Alors mesdames et messieurs, content de vous retrouver pour cette nouvelle saison, que nous allons essayer de vous faire vivre de l’intérieur, avec nos infos sérieuses, et nos rubriques décalées (souvent copiées, mais jamais égalées bien sûr). Le temps s’est arrêté ces dernières semaines… reprise du temps ! Vive le rugby, et vive le rugby amateur !