Originaire d’Antibes, passé notamment par Narbonne et Saint Jean d’Angély, Yann Richard, seconde ligne du SC Appaméen, a décidé, courant 2019, de réaliser un de ses rêves : partir une année en Nouvelle Zélande, en compagnie de sa chère et tendre Mathilde. De son arrivée au pays du long nuage blanc jusqu’à son premier match disputé sous les couleurs de Sydenham, Yann nous a fait partager cette folle aventure aux antipodes perturbée aussi par la pandémie du Coronavirus… (par Marco Matabiau)
Comme souvent, le point de départ est très simple: « Avec ma compagne, nous souhaitions voyager, découvrir d’autres cultures mais également travailler dans un pays étranger. Pour ma part, je voulais également continuer à jouer au rugby. Mathilde était déjà partie en Angleterre et en Australie, alors on a opté pour la Nouvelle-Zélande« . Partis de France le 8 octobre 2019, les deux tourtereaux enchainent 38 heures de voyage et, en bons amoureux de la montagne, passent dès leur arrivée une semaine à Queenstown, dans l’île du sud. Direction ensuite Wellington, la capitale, pour obtenir leur « IRD Number » (numéro d’immatriculation) afin de pouvoir travailler et ouvrir un compte en banque. Puis le couple part au nord de Wellington, à Tauranga, loue une chambre dans une maison de Papamoa Beach (« en attendant de pouvoir acheter un van« ). Yann et Mathilde travaillent alors dans un champ de kiwis, à raison de 10 heures par jour, en compagnie d’autres « backpackers ». Ce qui ne les empêche pas de se tenir en forme par ailleurs: « On se levait à cinq ou six heures du matin, on faisait du crossfit, puis on partait bosser. Le soir, on rentrait du boulot, on avait l’océan à 150 mètres de chez nous. On faisait la récup dans les vagues« .
Le van acheté, retapé et mis aux normes histoire de pouvoir accéder aux divers « free camps », Yann et Mathilde s’inscrivent sur HELPX: à la mode du « couch surfing », ils sont nourris et logés en échange de quatre ou cinq heures de travail quotidien. Ils atterrissent ainsi dans une ferme à Hastings, dans l’île du nord cette fois-ci. « La dame qui nous a accueillis était bio à 300%, autonome en nourriture. Elle avait des arbres fruitiers, des animaux, elle faisait beaucoup de troc« . Des amis rencontrés plus tôt dans le voyage viennent également les aider à la ferme.
« Ici, tu viens à l’entraînement avec tes crampons et ton short et si ça matche, tu restes«
Et le rugby dans tout ça? Yann prend contact avec le club de Sydenham (Première Division néo-zélandaise), dans la région de Christchurch, en février 2020. « J’avais eu des contacts avec Bryan de Carvalho, un ancien de Carcassonne et de Tarascon, passé lui aussi par la Nouvelle-Zélande. Il a été clair. Ici, tu viens à l’entraînement avec tes crampons et ton short et si ça matche, tu restes« . Contacté par téléphone (Bryan de Carvalho ayant transmis ses coordonnées), Yann a rencontré le coach le jeudi et s’est présenté à l’entraînement le lundi suivant. Côté boulot, Yann intègre l’entreprise d’intérim Trade Staff (un des sponsors de l’équipe) et travaille dans la construction (« beaucoup de boulot suite aux divers tremblements de terre des années passées« ) alors que Mathilde se fait embaucher dans un café.
Pour en revenir au rugby, la saison débutant en mars, Yann poursuit la préparation avec Sydenham (en quelque sorte une réserve des Crusaders) et participe à un match à XIII en pré-saison. L’équipe part en stage à Hanmer Springs (à un peu moins de deux heures au nord de Christchurch), célèbre pour ses sources d’eau chaude. Un stage au cours duquel les joueurs, tout en s’appuyant sur une ligne directrice donnée par le staff, apportent leurs idées pour appréhender la saison à venir. Tout va pour le mieux quand, deux semaines plus tard, l’épidémie de Covid-19 touche le pays. Chacun doit se confiner. Les entraînements sont donc interrompus, mais pas la préparation de chacun. « On a créé un groupe WhatsApp, gardé les « mini-teams » qu’on avait lors du stage, et le staff nous envoyait régulièrement des défis pour qu’on reste actifs. On devait se filmer en train de faire de la muscu, de la course, du crossfit et publier les vidéos sur le groupe. On avait un suivi sur Strava. Cela permettait à chaque groupe de marquer des points« . Même Mathilde participe aux divers challenges: « Une fois, on devait faire un maximum de burpees. Mathilde les a faits avec moi. Du coup, ça a inspiré un des coachs, qui a fait participer toute sa famille« .
Yann a plutôt bien vécu le confinement: « La population a parfaitement respecté les règles et a fait preuve d’une grande discipline. On n’a eu que 1500 cas de Covid au total sur l’ensemble du pays. On n’avait pas besoin, comme c’était le cas en France, d’une attestation pour sortir. On gérait ça nous-mêmes. Les plages étaient interdites au départ, puis elles ont progressivement rouvert. Pendant toute la période, le staff m’a contacté pour avoir des nouvelles, pour savoir si tout se passait bien, notamment financièrement puisqu’on ne pouvait plus travailler. J’ai senti que je faisais partie de la famille« . Après un déconfinement progressif (Yann a repris le travail le 11 mai, Mathilde quinze jours plus tard), le seconde ligne est de retour sur les terrains la semaine du 25 mai: « Au départ, on s’entraînait par groupes de dix, le matériel était désinfecté. Pas de contact, pas de ballon pendant une semaine. J’ai ensuite effectué mon premier match avec la réserve. La semaine suivante, les deuxièmes lignes de la première étaient blessés et j’ai intégré le groupe pour le match contre New Brighton. J’ai joué 80 minutes et on a gagné (16 – 13). C’était fantastique« . La semaine suivante, nouvelle titularisation (toujours au côté de Sam Alsop) face à Shirley, « un gros morceau. On les a dominés en mêlée, on a fait quasiment tout le jeu, mais ils nous ont contrés, ont marqué sur nos erreurs, et ils ont gagné« . Le championnat, perturbé par le coronavirus, devait se terminer fin juin. Ce sera finalement fin août, avec des playoffs lors des deux premières semaines de septembre. Yann devrait ainsi rentrer en France le 22 septembre.
Au final, que retient-il de son expérience au pays des All Blacks? « Tout d’abord, côté rugby, le but est de jouer autant que possible et surtout plus vite que l’adversaire. Des passes, du déplacement et du rythme. Tout le temps. Ensuite, c’est la culture autour du rugby et du club, fondée sur l’échange et le partage. A la fin de chaque match, tu dois porter la chemise et la cravate du club. Quand tu as joué 50 matchs avec la première, tu reçois le blazer du club. C’est tout un cérémonial. Des joueurs confirmés, à l’image de Cody Taylor, Harrison Allan et Jack Goodhue (célèbre pour sa coupe mulet) viennent prendre part aux entraînements pour nous donner des conseils. Je me souviens aussi que quand j’ai été appelé avec la première, j’ai reçu des messages de félicitations de tous les acteurs du club, que ce soit les bénévoles, le staff, les joueurs de la une, de la deux. Rien de tel pour se sentir bien accueilli et intégré« . Une expérience sur laquelle Yann pourra vraisemblablement s’appuyer dès son retour sur les pelouses françaises.
Originaire d’Antibes, passé notamment par Narbonne et Saint Jean d’Angély, Yann Richard, seconde ligne du SC Appaméen, a décidé, courant 2019, de réaliser un de ses rêves : partir une année en Nouvelle Zélande, en compagnie de sa chère et tendre Mathilde. De son arrivée au pays du long nuage blanc jusqu’à son premier match disputé sous les couleurs de Sydenham, Yann nous a fait partager cette folle aventure aux antipodes perturbée aussi par la pandémie du Coronavirus… (par Marco Matabiau)
Comme souvent, le point de départ est très simple: « Avec ma compagne, nous souhaitions voyager, découvrir d’autres cultures mais également travailler dans un pays étranger. Pour ma part, je voulais également continuer à jouer au rugby. Mathilde était déjà partie en Angleterre et en Australie, alors on a opté pour la Nouvelle-Zélande« . Partis de France le 8 octobre 2019, les deux tourtereaux enchainent 38 heures de voyage et, en bons amoureux de la montagne, passent dès leur arrivée une semaine à Queenstown, dans l’île du sud. Direction ensuite Wellington, la capitale, pour obtenir leur « IRD Number » (numéro d’immatriculation) afin de pouvoir travailler et ouvrir un compte en banque. Puis le couple part au nord de Wellington, à Tauranga, loue une chambre dans une maison de Papamoa Beach (« en attendant de pouvoir acheter un van« ). Yann et Mathilde travaillent alors dans un champ de kiwis, à raison de 10 heures par jour, en compagnie d’autres « backpackers ». Ce qui ne les empêche pas de se tenir en forme par ailleurs: « On se levait à cinq ou six heures du matin, on faisait du crossfit, puis on partait bosser. Le soir, on rentrait du boulot, on avait l’océan à 150 mètres de chez nous. On faisait la récup dans les vagues« .
Le van acheté, retapé et mis aux normes histoire de pouvoir accéder aux divers « free camps », Yann et Mathilde s’inscrivent sur HELPX: à la mode du « couch surfing », ils sont nourris et logés en échange de quatre ou cinq heures de travail quotidien. Ils atterrissent ainsi dans une ferme à Hastings, dans l’île du nord cette fois-ci. « La dame qui nous a accueillis était bio à 300%, autonome en nourriture. Elle avait des arbres fruitiers, des animaux, elle faisait beaucoup de troc« . Des amis rencontrés plus tôt dans le voyage viennent également les aider à la ferme.
« Ici, tu viens à l’entraînement avec tes crampons et ton short et si ça matche, tu restes«
Et le rugby dans tout ça? Yann prend contact avec le club de Sydenham (Première Division néo-zélandaise), dans la région de Christchurch, en février 2020. « J’avais eu des contacts avec Bryan de Carvalho, un ancien de Carcassonne et de Tarascon, passé lui aussi par la Nouvelle-Zélande. Il a été clair. Ici, tu viens à l’entraînement avec tes crampons et ton short et si ça matche, tu restes« . Contacté par téléphone (Bryan de Carvalho ayant transmis ses coordonnées), Yann a rencontré le coach le jeudi et s’est présenté à l’entraînement le lundi suivant. Côté boulot, Yann intègre l’entreprise d’intérim Trade Staff (un des sponsors de l’équipe) et travaille dans la construction (« beaucoup de boulot suite aux divers tremblements de terre des années passées« ) alors que Mathilde se fait embaucher dans un café.
Pour en revenir au rugby, la saison débutant en mars, Yann poursuit la préparation avec Sydenham (en quelque sorte une réserve des Crusaders) et participe à un match à XIII en pré-saison. L’équipe part en stage à Hanmer Springs (à un peu moins de deux heures au nord de Christchurch), célèbre pour ses sources d’eau chaude. Un stage au cours duquel les joueurs, tout en s’appuyant sur une ligne directrice donnée par le staff, apportent leurs idées pour appréhender la saison à venir. Tout va pour le mieux quand, deux semaines plus tard, l’épidémie de Covid-19 touche le pays. Chacun doit se confiner. Les entraînements sont donc interrompus, mais pas la préparation de chacun. « On a créé un groupe WhatsApp, gardé les « mini-teams » qu’on avait lors du stage, et le staff nous envoyait régulièrement des défis pour qu’on reste actifs. On devait se filmer en train de faire de la muscu, de la course, du crossfit et publier les vidéos sur le groupe. On avait un suivi sur Strava. Cela permettait à chaque groupe de marquer des points« . Même Mathilde participe aux divers challenges: « Une fois, on devait faire un maximum de burpees. Mathilde les a faits avec moi. Du coup, ça a inspiré un des coachs, qui a fait participer toute sa famille« .
Yann a plutôt bien vécu le confinement: « La population a parfaitement respecté les règles et a fait preuve d’une grande discipline. On n’a eu que 1500 cas de Covid au total sur l’ensemble du pays. On n’avait pas besoin, comme c’était le cas en France, d’une attestation pour sortir. On gérait ça nous-mêmes. Les plages étaient interdites au départ, puis elles ont progressivement rouvert. Pendant toute la période, le staff m’a contacté pour avoir des nouvelles, pour savoir si tout se passait bien, notamment financièrement puisqu’on ne pouvait plus travailler. J’ai senti que je faisais partie de la famille« . Après un déconfinement progressif (Yann a repris le travail le 11 mai, Mathilde quinze jours plus tard), le seconde ligne est de retour sur les terrains la semaine du 25 mai: « Au départ, on s’entraînait par groupes de dix, le matériel était désinfecté. Pas de contact, pas de ballon pendant une semaine. J’ai ensuite effectué mon premier match avec la réserve. La semaine suivante, les deuxièmes lignes de la première étaient blessés et j’ai intégré le groupe pour le match contre New Brighton. J’ai joué 80 minutes et on a gagné (16 – 13). C’était fantastique« . La semaine suivante, nouvelle titularisation (toujours au côté de Sam Alsop) face à Shirley, « un gros morceau. On les a dominés en mêlée, on a fait quasiment tout le jeu, mais ils nous ont contrés, ont marqué sur nos erreurs, et ils ont gagné« . Le championnat, perturbé par le coronavirus, devait se terminer fin juin. Ce sera finalement fin août, avec des playoffs lors des deux premières semaines de septembre. Yann devrait ainsi rentrer en France le 22 septembre.
Au final, que retient-il de son expérience au pays des All Blacks? « Tout d’abord, côté rugby, le but est de jouer autant que possible et surtout plus vite que l’adversaire. Des passes, du déplacement et du rythme. Tout le temps. Ensuite, c’est la culture autour du rugby et du club, fondée sur l’échange et le partage. A la fin de chaque match, tu dois porter la chemise et la cravate du club. Quand tu as joué 50 matchs avec la première, tu reçois le blazer du club. C’est tout un cérémonial. Des joueurs confirmés, à l’image de Cody Taylor, Harrison Allan et Jack Goodhue (célèbre pour sa coupe mulet) viennent prendre part aux entraînements pour nous donner des conseils. Je me souviens aussi que quand j’ai été appelé avec la première, j’ai reçu des messages de félicitations de tous les acteurs du club, que ce soit les bénévoles, le staff, les joueurs de la une, de la deux. Rien de tel pour se sentir bien accueilli et intégré« . Une expérience sur laquelle Yann pourra vraisemblablement s’appuyer dès son retour sur les pelouses françaises.