Au rayon des petites histoires du rugby, il en est une qui touche toujours un peu plus. Celle d’un père qui parvient à jouer avec son fils. C’était le cas il y a quelques semaines pour Alain Davin (48 ans) et Léo (18 ans) du côté de Lauzerte (82). C’est arrivé aussi il y a quinze jours, du côté du Tarn cette fois, à Rabastens. Ce n’était pas une première pour Eric Goze, puisqu’il avait connu le plaisir de jouer avec ses deux fils, deux ans plus tôt. L’émotion à fleur de peau, le papa s’est confié…
Goze est un nom associé au rugby, incontestablement. Mais nous n’évoquons pas ici Paul, patron de la Ligue Nationale de rugby. Non, nous parlons d’Eric, dans le Tarn. Un nom qui y résonne depuis plus de trente ans déjà, du côté de Rabastens surtout. A 45 ans, ce dernier, toujours vert, joue encore dans le club de ses débuts, là il a fait ses classes depuis la catégorie minime, autant dire depuis toujours. Joueur mais aussi éducateur pendant plusieurs années, il a pu suivre ses 2 garçons grandir et éclore sportivement. Charly tout d’abord, l’aîné, 23 ans, qui porte toujours des couleurs rouges et noires, mais celles du grand voisin désormais, Gaillac. Et puis, Teddy, 21 ans, passé lui aussi par Gaillac en Reichel, et parti à Bastia, en fédérale 3, où il opère une formation d’éducateur au sein du club corse.
Il y a trois ans de cela, le père a eu le privilège et la grande joie de jouer avec ses deux fils à Rabastens. La boucle était bouclée… On aurait pu croire que l’heure de raccrocher les crampons était venue, mais pensez donc, c’est qu’il est encore jeune, le minot de 45 ans. Sophie, sa compagne, dit qu’il lui a annoncé que c’était sa dernière saison de joueur cette année. Mais elle dit aussi qu’elle entend cette phrase depuis plusieurs années. Malgré tout, cette fois-ci, on peut croire que ce sera la bonne. Viendra alors peut être le temps de reprendre le costume d’entraîneur, ou d’éducateur, qu’il avait déjà endossé pendant deux ans. Quand on pose la question à l’intéressé, il ne se défile pas : « j’arrêterai vraiment à la fin de cette saison. Je ferai un jubilé et je prendrai une année sabbatique, j’ai besoin de souffler…Sauf si le club a besoin de moi, ponctuellement. Car ce club a fait de moi le joueur et l’homme que je suis ».
« Une émotion tellement forte ! »
Eric gardera comme principal souvenir de cette dernière saison, un match partagé avec son fils aîné, Charly, en tutorat accepté, avec Gaillac. C’était il y a deux semaines. Il nous a livré son ressenti, à fleur de peau : « On y pense avant, forcément, mais dans le jeu, on fait abstraction. D’autant qu’on n’était pas satisfaits de notre prestation, malgré la victoire. Mais bon, ce sont des moments uniques pour un père, c’est sûr… » Il s’arrête de parler. L’émotion du père prend le dessus, les larmes montent, les mots ne sortent plus avec autant d’aisance, avant de faire silence complètement. Eric pleure, se reprend après quelques secondes et lâche : « Vous savez, quand on fait des enfants, on en pense pas à ça, à la possibilité de jouer un jour avec eux. Je suis très ému oui, car je sais que cela ne se reproduira plus. Mais je mesure la chance et le privilège que j’ai eu de le vivre. Je suis fier de mes garçons et de ce qu’ils sont devenus. Chaque fois que je repense à ces moments partagés, j’avoue que l’émotion est très forte, tellement forte. »
Le rugby, c’est l’école de la vie, dit-on, cela n’a jamais été aussi vrai pour ce vétéran qui n’a pas oublié ses éducateurs de l’époque, à qui il voue un profond respect. Les valeurs de la famille sont puissantes chez les Goze, et Rabastens en est une seconde maison toute naturelle. David Pagès, l’entraîneur des avants est même le beau frère d’Eric. Transition toute faite pour avoir quelques mots envers Sophie, l’épouse et mère, qui a suivie ses hommes sur tous les terrains. « Je veux lui dire un grand merci » s’exclame Eric, qui poursuit « Car sans elle, je n’aurais pas pu vivre ma passion, je la félicite, je la remercie, qu’elle sache que je suis fier d’elle aussi ».
Le rugby permet est vecteur d’émotions, de souvenirs impérissables. L’écriture de cet article aussi.
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