Nicolas Hasler a commencé le rugby à l’âge de 4 ans au Rugby Club Metz Moselle, ville dont il est originaire, jusqu’à l’âge de 18 ans. L’envie d’élever son niveau de jeu, et sa soif d’aventure le feront déménager dans le sud ouest, en banlieue toulousaine. Il s’inscrit en Université pour passer sa licence d’économie. Celle de rugby, il l’a signe au Blagnac Sporting Club Rugby, en Belascain. Le jeune pilier y prend rapidement ses marques, et se fait adopter tout aussi vite. Après une première année de transition, il vit une belle saison 2016, son équipe est qualifiée pour les phases finales du championnat de France, perdra en 16ème de finale, avant d’aller chercher le titre régional. Mais, passée la troisième mi-temps et l’euphorie de la victoire, des douleurs lombaires sont apparues…
Des douleurs lombaires pour un pilier, normal après tout, comme nous l’explique l’intéressé: « C’est vrai, on a d’abord pensé à des contractures musculaires dues à une longue saison et à un poste exigeant en première ligne. Mais le temps et les soins ont révélé le contraire. J’ai passé des examens médicaux approfondis à partir du mois d’août. Ça a commencé par une radio, puis une IRM, puis un scanner, puis une ponction lombaire, puis une ponction ganglionnaire. Un kiné m’avait prévenu qu’il était possible que ce soit grave, qu’il reconnaissait certains symptômes. Je commençais à trouver le temps long, mais ce temps m’a permis de me préparer à envisager le pire ».
Nous sommes déjà au mois de janvier 2017, et la nouvelle tombe. Terrible. Cancer du système lymphatique. Un cancer trop méconnu des jeunes, qui frappe en majorité les 25-30 ans et les plus de 60. Les douleurs lombaires peuvent paraître anodines, mais cacher pourtant des tumeurs osseuses. « La douleur se présente essentiellement de manière inflammatoire. Après, les tumeurs osseuses n’arrivent qu’au stade 4 de la maladie, qui est le stade maximum. Ce qui était mon cas » souligne Nicolas, qui se souvient de ce jour où on lui a présenté ce diagnostic : « C’était le 21 janvier. C’est à la fois une nouvelle écrasante et difficile à encaisser, et en même temps, c’était comme un son de cloche qui annonçait le début d’un combat pour lequel je ne lâcherai pas un seul centimètre. C’était mon état d’esprit dès que je suis sorti du bureau. En fait, j’ai eu plus de mal à l’annoncer à ma famille pour être honnête ».
Puis vient le tour de ses copains du rugby : « Pas pour leur annoncer une triste nouvelle, mais pour leur dire que cette saison, je ne serai certainement pas le meilleur défenseur, ni le meilleur marqueur, mais que je ferai tout pour les rendre aussi fier que ces derniers titres peuvent le faire ».
Ses coéquipiers ont bien compris le message et font tout pour lui en envoyer régulièrement, collectivement ou individuellement. Ils sont là, proches, au soutien, pour donner des forces à leur pilier. Ils réalisent un nouveau beau parcours en championnat de France. Nico les accompagne même lors des 16ème de finale. « C’était génial, j’étais en immersion avec eux, entendre le bruit des crampons, les odeurs, les regards, c’était fort. Ils se sont qualifiés et à la fin, sont venus me chercher pour me porter en triomphe. Je n’oublierai jamais ces moments! ». A défaut d’aller toucher du bois au niveau national, les Blagnacais le feront au niveau régional. Un autre moment de partage et de solidarité intense :« Ils ont eu beaucoup de pensées pour moi. Ils ont même scandé mon nom au moment de soulever le bouclier, et ça, c’est le genre d’attention qui ne peut que vous mener vers la victoire ! ».
Restait à Nicolas de remporter son combat maintenant. Le traitement est difficile, avec une chimiothérapie renforcée, des hospitalisations longues, des transfusions régulières. Mais le bonhomme n’a jamais perdu espoir et toujours gardé le sourire.« C’est avec de la bonne humeur, la rage de vaincre et surtout entouré de très bonnes personnes que j’ai réussi à mettre k.o cette maladie, qui reste un fléau encore aujourd’hui malheureusement. L’esprit sportif m’a permis d’engager ce combat de la meilleure des façons, avec une soif de victoire sans nom. Ce combat m’a fait grandir bien sûr, et m’a forgé un nouvel esprit. Le meilleur reste à venir ! »
Sa victoire, il tient à l’évoquer humblement, mais tient surtout à adresser un message : « Fin mai, j’ai passé un scanner classique comme tous les deux mois. Et là, on m’a annoncé une rémission complète. C’était une surprise car les examens précédents ne laissaient pas présager une aussi bonne nouvelle.Je profite de votre article pour dire que je soutiens toutes les personnes, sportives ou non, qui traversent ça. Je veux dire aussi qu’il ne faut jamais rien lâcher. A chaque épreuve, en tirer le positif, et continuer à vivre pleinement dans la mesure du possible ! »
La dernière séance de chimio date de la semaine dernière. Une page se tourne, c’est le moment de regarder devant, loin devant même. L’heure de reprendre normalement ses études sur Toulouse à la rentrée prochaine. Et pourquoi pas envisager de reprendre le rugby ? « Je pense reprendre oui. Il me faudra une longue remise à nouveau, autant physique que sportive, qui devrait prendre au moins six mois, mais j’en ai la volonté ! »
Une volonté de fer assurément. Mais quoi de plus normal quand on vient d’une région où la sidérurgie est dans l’ADN de chaque habitant.