1er avril 2006, à la suite d’une mêlée lors d’un match face à la Section Paloise, Nicolas Crubilé, alors talonneur des Juniors Reichel de l’US Montauban, est victime d’une très grave blessure aux cervicales. Il ne se relève pas… et ne rejouerait plus au rugby. Qu’à cela ne tienne, le jeune homme de vingt ans, même dans un fauteuil, n’en assouvirait pas moins sa passion pour ce sport, même si la route empruntée devait être différente. Aujourd’hui entraîneur du Stade Beaumontois (Fédérale 2), Nicolas relate son incroyable parcours dans un livre intitulé « Rebonds Gascons » (Editions Gascogne), à paraitre le 1er février prochain… (Par Marco Matabiau/ Photos Nicolas Crubilé Perso)
Ce qui marque le plus la première fois que l’on converse avec Nicolas Crubilé, c’est son inaltérable envie d’aller de l’avant : « Quand je me suis blessé, j’ai assez rapidement compris qu’il fallait basculer en mode combat, un peu comme sur le terrain, en me disant que j’allais m’en sortir à ma manière, en travaillant plus que les autres. Quand j’ai assimilé que je ne pourrais plus jouer, je me suis tout simplement préparé à entraîner ». Au départ, le Tarn-et-Garonnais passe deux mois à l’hôpital Rangueil, puis est transféré à la Clinique de Verdaich, dans laquelle il passera 880 jours (!). « Au moment où j’entre en rééducation, je ne sais pas combien de temps je vais y rester. Finalement, plus de deux ans et demi ont été nécessaires. Ça peut sembler long mais dans ces moments-là tu mets les œillères et tu ne vis que pour un objectif : te reconstruire coûte que coûte ».
Il faut également avouer que, tout au long de son parcours, Nicolas est grandement soutenu par sa famille, ses proches puis par sa compagne Karine, rencontrée à Verdaich où elle exerçait la profession d’aide-soignante. Il rencontre également Daniel Revailler, l’ancien deuxième ligne du XV de France, lui aussi grand blessé du rugby, avec qui il échange longuement. « Sam » deviendra une source d’inspiration dans cette longue lutte.
Et 14 ans plus tard, l’idée du livre, comment nait-elle ? « Roland Bringay, qui m’avait interviewé pour un journal local, a commencé à me parler de ce projet en 2017. Il pensait que ce serait bien que je fasse partager mon histoire et mes idées sur ce jeu. Même si j’étais déjà devenu papa et entraîneur, je trouvais que c’était un peu tôt, que mon histoire, j’étais justement en train de l’écrire en la vivant pleinement au quotidien. En 2018, j’ai rencontré Jean-Pierre Delbouys avec qui j’ai eu la chance de beaucoup échanger. Enfin en 2020, la Covid nous a privés de rugby et de bien d’autres choses. Comme je ne savais pas trop où ce virus nous emmenait, c’était le moment idéal de regarder en arrière pour se remémorer le chemin parcouru. Ainsi est né Rebonds Gascons ».
Ce qui importe à Nicolas, c’est qu’il ne s’adresse pas qu’au « monde » du rugby : « A faire un livre, je voulais qu’il serve à quelque chose. De toute façon, celui qui ne connait que le rugby ne connait rien au rugby… J’ai voulu mettre en avant l’importance des autres, des rencontres, des hommes dans un monde hyperconnecté, dans lequel on ne connait pas toujours son voisin, son collègue ou son coéquipier. Roland a réalisé une cinquantaine d’entretiens qui sont retranscrits dans le livre, de Bernard Chauderon, mon éducateur en cadets à Castelsarrasin, à Laurent Travers ou Yannick Bru, en passant par l’infirmière qui m’a accueilli aux soins intensifs ce 1er Avril 2006… En fin de compte, c’est l’histoire d’un petit garçon né dans un petit village de Gascogne (Angeville pour ne pas le nommer) qui a fini par comprendre que dans ce sport comme dans la vie, on ne peut exister seul. A partir de là, je pense que chacun peut entrer dans ce livre à sa manière et venir y chercher des informations, des inspirations ou des émotions ». Au vu des demandes qui affluent déjà alors qu’il n’est pas encore disponible en librairie, nul doute qu’il sera un franc succès…