« A Vauquelin, je veux devenir collégien ». Voilà un projet parti d’un constat simple : depuis plusieurs années, les parents ont une certaine appréhension concernant le passage de leurs enfants scolarisés en CM2 vers le collège Nicolas Louis Vauquelin de Toulouse. Cet établissement, à la croisée des chemins entre le Mirail, les Pradettes, Saint-Simon et Lardenne, est en REP (Réseau d’Education Prioritaire) et souffre d’une mauvaise réputation. Des préjugés viennent impacter la décision parentale sur le choix du collège de leurs enfants (mixité sociale, échec scolaire). Nombreux sont ceux qui demandent une dérogation ou les inscrivent dans des structures privées. Le projet Vauquelin tend à inverser la tendance et changer les mentalités (par MEO)
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur 44 enfants scolarisés à l’école Paul Bert (quartier Saint-Simon), 23 d’entre eux ont demandé un autre collège que celui dont ils dépendent normalement. Ils ne sont d’ailleurs que 500 à être scolarisés dans l’établissement pour une capacité de…1200 élèves ! Le collège Nicolas Louis Vauquelin dispose pourtant de moyens pédagogiques intéressants, efficaces et qui ont fait leurs preuves sur les générations précédentes. Il y a 3 ans maintenant que les équipes de direction du CLAE (Centre de Loisirs Associé à l’Ecole) et des écoles Paul Bert et Tibaous, à l’image de Stéphane Lepoix ont décidé de prendre en compte ces considérations et d’essayer d’inverser la tendance. « Nous avons décidé de réagir pour favoriser la mixité et même plus que ça, la provoquer. Il nous semblait intéressant de contacter l’association Rebonds! pour utiliser le support rugby avec plaquage pour que l’on voit ce qu’il y a sur le terrain aujourd’hui : de la mixité, pas d’appréhension, du respect uniforme et des enfants qui seront surement des futurs collégiens qui se verront dans la cour de récréation au collège et qui se diront qu’ils ont passé de bons moments ensemble, soit scolaires, soit extra-scolaires et c’est génial ».
L’objectif du projet Vauquelin est de redonner une image séduisante et positive du collège aux enfants et aux parents par la mise en place d’un cycle rugby. Cette activité d’opposition délivrera des valeurs éducatives propres à ce sport, telles que le dépassement de soi, le respect, la solidarité, … et provoquera un regard parental différent, ou du moins plus juste envers le collège Nicolas Louis Vauquelin et sa population. L’association Rebonds! qui utilise le rugby comme moyen d’éducation et d’insertion auprès des personnes en difficulté est chargée du volet sportif et éducatif du projet. Les éducateurs socio-sportifs ont co-animé les différentes séances de rugby avec les animateurs CLAE.
Les enfants de 6 CLAE (Paul Bert, Tibaous, Guilhermy, Les Vergers, Bourliaguet et Viollet le Duc) ont ainsi participé au projet Vauquelin par la réalisation de 6 séances éducatives organisées dans les CLAE ainsi que 4 séances en mixité, réunissant toutes les structures. La dernière journée d’animation a eu lieu vendredi 27 mars. A l’issue de ce petit tournoi pour lequel les équipes étaient en mixités de genre et sociale, Audrey Abadie – éducatrice socio-sportive et joueuse de l’équipe de France de rugby – leur a remis un tee-shirt aux couleurs de l’association Rebonds! dédicacé par toutes ses coéquipières de la sélection nationale. Le mot de la fin de Stéphane Lepoix :
« Nous essayons de faire évoluer ce projet là car nous sommes un peu à l’extérieur du collège, mais cette année, j’ai réussi avec Madame Bénazet, principale du collège et très impliquée à prendre en considération l’aspect politique car pour moi, provoquer la mixité, c’est quand même au-delà de nos ambitions pédagogiques, pour que demain ces jeunes soient des citoyens aguerris. Ils déjeuneront tous ensemble au collège Vauquelin le vendredi 3 avril et endosseront le rôle de collégien sur un instant court mais qui leur permettra de découvrir les classes, les infrastructures sportives, etc. Les enfants des CLAE Les Vergers et Bourliaguet ne participeront pas à cette journée découverte car ce public ira de fait dans ce collège. Les nôtres, issus d’une classe sociale de cadres ou cadres supérieurs ont plus de mal avec l’ouverture sur l’autre et l’acceptation de la différence. Ce n’est pas quelque chose d’acquis, mais justement le fait de faire du rugby avec plaquage est très intéressant dans le sens où il y a automatiquement contact avec l’autre, ils n’ont pas le choix. Qu’ils soient grands, petits, d’origine magrébine, africaine, européenne, asiatique, on s’en fiche, le sport permet de transpercer ces barrières là et de se dire, je joue avec l’autre ».
Si vous êtes intéressés pour faire partie du projet ou pour en monter un similaire, n’hésitez pas à contacter l’Association Rebonds! : [email protected] ou 09 82 48 05 50.