La sélection Nationale de Rugby de la Gendarmerie (SNRG) affrontait jeudi 1er février son homologue de l’Armée de l’air à Hagetmau (40). Cette opposition venait clore un stage de préparation d’une semaine à Agen, en vue du championnat de France militaire en juin, qui opposera comme chaque année les 4 armées. Cette rencontre intra-nationale est l’occasion pour nous de revenir avec Romain Bourgine, entraîneur des arrières et joueur de Graulhet (Nationale 2), sur le fonctionnement de la sélection, ainsi que ses objectifs…
Comment fonctionne cette sélection ?
La sélection Nationale de Rugby de la Gendarmerie a été fondée en 2003 et réunit les meilleurs gendarmes, gendarmes adjoints volontaires, employés civils de la gendarmerie, et réservistes de France. Son calendrier est rythmé par plusieurs stages durant l’année, au bout desquels elle joue systématiquement une rencontre amicale contre un club, ou une autre sélection française ou étrangère. Pour postuler, les gendarmes doivent avoir une licence dans un club, car c’est la garantie pour le staff d’un entrainement régulier.
Selon Romain Bourgine, ancien membre de l’équipe et aujourd’hui entraîneur au destin atypique, les méthodes de sélection ont beaucoup évolué dernièrement, ce qui améliore le niveau du groupe : « Depuis quelques années, on est de plus en plus présent sur les réseaux sociaux, notamment Facebook et Instagram. Stéphane Vignes, en charge de notre communication, a réalisé un gros travail pour faire connaitre l’équipe, et ce sont donc désormais les joueurs qui nous découvrent, plutôt que l’inverse. Ils postulent d’eux-mêmes avec un CV sportif, ce qui rend la tâche beaucoup plus simple que lorsque nous devions recruter sur les bords de terrain. Forcément, avec cette renommée naissante, le groupe s’étoffe et s’améliore. »
S’il insiste sur l’étude du CV sportif, c’est parce que pour des raisons professionnelles, les meilleurs joueurs ne sont pas forcément dans les meilleurs clubs. Ainsi, il faut tester tous les profils, de la Régionale 3 à la Fédérale 1 et laisser sa chance à chacun : « En sortie d’école, les gendarmes sont mutés en fonction de leur classement », explique l’entraîneur. « Ils ne choisissent donc pas où ils habitent et beaucoup se retrouvent dans des brigades rurales. Autrement dit, le club dans lequel ils évoluent n’est pas forcément représentatif de leur niveau et il nous faut donc tester un grand nombre de joueurs. »
« Il nous tarde de reprendre cette coupe »
Mais en vue de quel objectif réunir tous ces joueurs ? Selon l’entraineur des arrières, le but principal de la SNRG est bien identifié : le championnat de France des armées : « Cette compétition a lieu tous les ans et oppose les quatre armées françaises (l’Armée de terre, de l’air, la Marine et la Gendarmerie). Chacun joue donc deux matchs, une demi-finale tirée au sort, puis une grande ou petite finale. Depuis quelques années, toutes les rencontres sont regroupées en une semaine, sur le format d’un tournoi. L’ambiance y est bon enfant, car au fil des éditions, les joueurs se connaissent tous entre eux. Mais ne vous y trompez pas, chaque équipe est compétitrice et vient pour soulever le trophée ».
Ce fameux bouclier, la SNRG ne l’a d’ailleurs plus remporté depuis 4 ans et en fait donc sa priorité : « Avant le covid, on a été champions deux fois de suite, en 2018 et 2019. La compétition n’a ensuite repris qu’en 2022, et on perd alors en demi-finale contre l’Armée de Terre, aux tirs au but. L’année dernière, on est également éliminé dès les demies. Après ces deux éditions frustrantes, il nous tarde de reprendre cette coupe début juin. »
Deux Coupes du monde en début de saison
La fin d’année 2023 de la SNRG a été marquée par deux Coupes du monde sur notre territoire. Celle des militaires, d’abord, qui a eu lieu en Bretagne du 16 août au 10 septembre. En effet, chaque gendarme est également sélectionnable pour l’équipe de France militaire (réunion des 4 armées), finalement victorieuse en finale contre les Fidji (25-23 après prolongations). « Quelques gendarmes ont été convoqués dans le groupe élargi de 50 ou 60 joueurs pour préparer cet événement. Malheureusement, au fur et à mesure des échéances, ils ont été écarté. Il n’y en avait donc pas de représentant de la SNRG parmi les 30 champions du monde français. Mais ce titre motivera sans aucun doute nos joueurs pour la suite. »
En revanche, un gendarme jouait les premiers rôles dans la seconde Coupe du monde évoquée, celle des pros. En effet, le manager de la SNRG, Jean-Luc Passard, est également l’intendant du XV de France depuis plusieurs mois. « J’étais encore joueur avec l’équipe de France, durant la Coupe du monde militaire au Japon, en même temps que celle des pros », raconte Romain Bourgine. » À cette occasion, nous avons pu nous entraîner à Marcoussis, et c’est là que Jean-Luc Passard a tapé dans l’oeil de Fabien Galthié pour son professionnalisme. Il l’a alors contacté et voilà que 4 ans plus tard, il vit son rêve de gosse. Ça fait sincèrement plaisir, car il a participé à fonder cette équipe, et il l’a professionnalisée. C’est donc amplement mérité. »
Le stage à Agen marqué par deux belles surprises
Si un crunch contre Scotland Yard était évoqué pour la fin de l’année 2023, il n’a finalement pas pu avoir lieu pour des questions d’organisation. À la place, les gendarmes se sont entendus avec l’Armée de l’air, pour faire leur stage de préparation à la même période, et ainsi se retrouver pour un match amical, jeudi 1er février à Hagetmau. Selon Romain Bourgine ce stage d’une semaine a été aussi intensif que bénéfique pour la SNRG : « On s’est retrouvé le vendredi 26 à Agen. On logeait à l’École Pénitentiaire d’Agen, et on s’entraînait sur le terrain du club de Colayrac (Régionale 3). Durant ces quelques jours, nous avons pu tester 13 nouveaux joueurs, ce qui est très positif. L’état d’esprit de tout le groupe est également à saluer, car malgré la grosse intensité des entraînements, tous les matins et après-midis, chaque joueur est resté très studieux et concentré. »
Mais en dehors des séances collectives de travail, la semaine a également été marquée par des moments de détente et de cohésion, dont la visite des infrastructures du SU Agen. « C’était une très belle journée, qui marquera longtemps les joueurs. Le groupe a vraiment pu s’imprégner de l’histoire du lieu, et discuter d’autre chose que du terrain. Ce genre de moments off resserrent les liens. » L’autre événement fort a été la venue de Philippe Sella (111 sélections), pour la remise des maillots : « C’était un grand honneur de pouvoir l’accueillir et une belle surprise pour tous les joueurs. Il est parrain du régiment dans lequel on déjeunait, et il se trouve que j’ai joué avec son fils. On a donc pu le contacter par ces biais, et il a très gentiment accepté de nous rencontrer. Échanger avec une telle légende du rugby français et international restera sans aucun doute un souvenir à vie pour les 30 membres du groupe. »
La gendarmerie s’incline, mais attend sa revanche
Ce stage riche en émotion s’est donc conclu sur le terrain du Stade de la Cité Verte à Hagetmau, avec cette rencontre amicale contre l’Armée de l’air. Dans un match assez équilibré, la SNRG ouvre le score par un essai sur une combinaison en touche à 5 mètres de l’en-but. Son adversaire répondra ensuite sur un maul bien structuré. Finalement, le jeu des pénalités offre la victoire à une Armée de l’air plus disciplinée (19-29). Malgré cette défaite, Romain Bourgine considère cette rencontre comme positive : « On a pu voir les joueurs dont c’était le premier stage en conditions réelles, et ils se sont bien intégrés au groupe. Plus généralement, ça faisait longtemps que nous n’avions pas joué ensemble, et les repères ont été trouvés assez facilement. On pourra même se servir de cette défaite pour cultiver l’esprit de revanche, car on retrouvera cette équipe de l’Armée de l’air dès la demi du championnat de France. »
D’ici là, la SNRG se regroupera à nouveau fin mars début avril dans le Gers, pour une nouvelle semaine de stage. « Il nous reste encore beaucoup de joueurs à tester, pour arriver en juin avec la meilleure équipe possible », précise le coach. « Comme pour chaque rassemblement, nous finirons par un match, qui devrait être face à une équipe locale de Fédérale 2. » De quoi arriver parfaitement prêts en juin à ce championnat de France tant convoité.
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