Les filles du Pays d’Olmes, sont plus connues sous le nom des Rambailleuses désormais. Dans le sillage de Julie Séguélas-Piquemal, ex joueuse-présidente, mais toujours présente en dehors du pré, la passion ne cesse de se transmettre, et le groupe féminin de progresser. On ne parle pas forcément ici de technique pure, mais de valeurs, celles évoquées souvent, mais qui s’effritent un peu ces derniers temps. Les Ariégeoises évoluent dans la poule 6 de fédérale 2, largement dominée par le TCMS (en route pour l’étage supérieur sûrement). Elles jouent un autre championnat, en bas de classement, celui des valeureuses donc, qui ont l’ambition, été comme hiver, de se retrouver en semaine, puis le dimanche, pour vivre le rugby intensément. Dimanche dernier, elles jouaient un match en retard contre Montauban. Un match particulier à bien des égards… (photos Pascal Villalba)
Le pilier fondateur et central de cette belle famille rugbystique, celui sur lequel les Rambailleuses peuvent se reposer, c’est Jean-Luc Castel. Le gaillard au coeur grand comme ça, est bien plus qu’un entraîneur (il est épaulé par Gilles Allard dans sa tâche). Il est l’éducateur, le protecteur, le papa ou le grand frère c’est selon, un entraîneur à part donc. « Bubu » comme on le surnomme affectueusement, nous a résumé le match de ce week-end contre Montauban, remporté grâce à trois essais Les filles de Pauline, Cannelle et Mariam. « Balou » passera une pénalité et transformera un essai. « Le match s’est joué dans des conditions difficiles, et un terrain boueux notamment. Nous avions des blessées et des absentes, mais malgré tout, nous avons vu un superbe combat entre les deux équipes. Montauban était venu avec des ambitions, mais nos joueuses ont fait une très belle partie avec une domination devant qui a permis de belles attaques des 3/4, et trois beaux essais à la clé. c’est une victoire qui fait énormément de bien au moral, on est prêts à continuer le combat jusqu’au bout, on ne lâchera rien. ». Une fois le costume de coach enlevé, Bubu remet celui de grand frère : « Je tiens ici à remercier notre Justine, qui est venue malgré le décès de sa mamie, dont elle était très proche. »
« C’était une belle façon de dire « c’est moi, je suis revenue sur la terre de mes premiers pas »
La proximité, les valeurs d’entraide et de famille, tout cela, Jean-Luc Castel y est très attaché. Et dimanche dernier, preuve a été faite, s’il en était encore besoin, de ce que le bonhomme peut marquer les esprits. Romane Pépin, qui a débuté le rugby sous ses ordres, avec les Rambailleuses, a pris la direction de Montauban depuis un an. Elle jouait donc contre ses anciennes partenaires pour la première fois, et son mentor aussi. Elle nous a elle aussi, livré ses sensations en arrivant au stade, et tout ce qui a suivi ensuite : « J’attendais ce match avec impatience. Il devait se jouer le 10 décembre, mais pour cause de terrain impraticable, j’ai dû prendre mon mal en patience. Le 14 janvier arrivait à grands pas et le stress me prenait de plus en plus. Quand je suis descendue du bus, je suis directement allée voir mes anciennes coéquipières dans le club house, ainsi que mes anciens dirigeants. Ce match n’était pas comme les autres. En fait, je voulais montrer que j’avais évoluée rugbystiquement. Le fait de retrouver mes copines en face était très perturbant, mais aussi un avantage. D’une part, je savais comment elles jouaient, mais d’autre part, j’avais peur de les blesser. Du coup j’ai dû faire la part des choses entre le match et les copines. Marquer le seul essai de ma nouvelle équipe face à mon ancienne, m’a émue aux larmes je l’avoue. C’était une belle façon de dire « c’est moi, je suis revenue sur la terre de mes premiers pas ».
La jeune talon poursuit et aborde son émotion, communicative, au coup de sifflet final : « A la fin du match, après avoir serré les mains et fais des câlins à mon ancienne équipe, j’ai fondu en larmes dans les bras de Bubu, mon ancien entraîneur. Il était tellement fier de moi, et moi tellement reconnaissante de ce qu’il m’a appris, que j’ai eu beaucoup de mal pour retenir mes larmes. Pour que je sois présente aux entraînements les mercredis, il venait me chercher jusqu’à Foix. Ma mère n’était pas très d’accord pour que je fasse du rugby à l’époque, du coup, il venait, ainsi que Cathy alias « mamie ». On a vécu une saison difficile mais malgré les défaites à répétition, Bubu savait nous motiver et nous encourager en toutes circonstances. C’est lui qui m’a appris les bases de ce sport, c’est quelque chose que je n’oublierai jamais. On n’oublie jamais d’où l’on vient de toute façon, c’est important. Je lui en suis très reconnaissante, car c’est grâce à lui que j’ai progressé dans le rugby. »
Jean Luc Castel ne tarissait pas d’éloges pour son ancienne protégée également, et avouait son émotion à la fin de la rencontre : « Romane est une petite qui a commencée le rugby chez nous, j’ai été son premier entraîneur, mais les aléas de la vie ont fait qu’elle nous a quittés pour des raisons familiales. Je suis extrêmement fier de voir sa progression à Montauban, et son état d’esprit aussi. Elle a fondu en larmes dans mes bras à la fin du match, c’était une grande, très grande, émotion pour moi aussi. J’avoue avoir versé aussi une petite larme oui… Bref je suis un entraîneur heureux de côtoyer toutes ces filles, vraiment. »
Que d’émotions, comme dirait l’autre, de celles qui vous font dire que le sport en général, et le rugby en particulier, façonnent des hommes, et des femmes, pour la vie. Une merveilleuse machine à fabriquer des souvenirs. Alors en prévision du match retour, prévu le 18 mars prochain, on laisse le mot de la fin à Romane, qui attend cette rencontre avec impatience : « Ce match fut rempli d’émotions et d’amour oui. J’attends le retour maintenant, mais j’espère réussir à gérer mes émotions un peu mieux cette fois (rires). »
Si tu pleures à nouveau Romane, ne t’en fais pas, on ne t’en voudra sûrement pas. Car ces émotions font de bien belles photos (merci à Pascal Villalba au passage) et de belles histoires à raconter, dont les lectrices et lecteurs de RugbyAmateur.fr sont si friands. Et pui, de toute façon, nul doute que « Bubu » saura trouver les mots pour te réconforter…